Voici un des études de cas menés pendant 2021 dans le cadre de ce projet: « Cultiver et standardiser les plantes alimentaires indigènes pour les marchés de la healthy food : intensification de la culture de l’amaranthe au Mexique »

A l’ère de la globalisation les plantes alimentaires indigènes qui étaient restées à l’écart de l’expansion du capitalisme, ont fait leur entrée dans les marchés internationaux par le secteur du bien-être. Associées à l’intensification de leur production agricole biologique, de commerce équitable ou encore de la slow food ainsi qu’à la variété de leurs produits dérivés, la présence des plantes alimentaires indigènes a initié une augmentation des options de consommation et du coup a ouvert une fragmentation de leur marché. Se pose alors la question de l’impact de leurs modalités de production et de circulation sur les systèmes agroalimentaires autochtones et paysans auxquels ces plantes indigènes ont été historiquement associées. Du renforcement nutritif des régimes alimentaires des populations rurales les plus pauvres promu dans les années 1970 par la FAO à la revitalisation actuelle de l’héritage culturel préhispanique associé à cette plante promu par les labels territorialisés, l’inclusion d’un imaginaire associé à l’identité ethnique et à la sagesse ancestrale – que ces plantes peuvent évoquer- attire une demande croissante d’un marché promouvant des nouvelles modes d’alimentation, comme la healthy-food ou encore la super-food pour les classes urbaines les plus favorisées préoccupées par un mode de vie sain. Depuis quelques années on observe ainsi une expansion de la production d’amaranthe dissociée des systèmes alimentaires traditionnels basés sur la Milpa et la distribution de ses produits dérivés sous de nouvelles formes (feuille, de farine, de biscuits etc.) aussi bien pour le marché local que pour le marché international. C’est dans cette tension entre plusieurs formes de production et de construction des circuits de commercialisation de l’amaranthe qu’il s’agira de comprendre l’impact des marché sur la construction de nouvelles normes sociales de consommation et de production d’aliments dérivés des plantes alimentaires indigènes et leur influence sur la transformation des systèmes alimentaires locaux.