La revue The Lancet Infectious Diseases, publie une étude portant sur les cinq premiers cas de COVID-19 identifiés en France, et en Europe, entre le 24 et le 29 janvier. Un travail collaboratif d’Université Paris Cité, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur, de l’AP-HP et du CHU de Bordeaux.

Les chercheurs d’Université Paris Cité, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et des Hospices Civils de Lyon et les équipes du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat AP-HP et du CHU de Bordeaux, ont publié une étude s’appuyant sur le suivi des cinq premiers patients diagnostiqués COVID-19, admis à l’hôpital Bichat et au CHU de Bordeaux.

En dépit du nombre très limité de patients, les travaux menés, qui ont fait l’objet d’une publication le 27 mars 2020 au sein de la revue The Lancet Infectious Diseases, ont permis d’identifier 3 types très différents de présentations cliniques. Ces travaux visaient à évaluer des modèles de maladie clinique et de charge virale à partir de différents échantillons nasopharyngés, de sang, d’urine et de selles qui ont été obtenus une fois par jour pendant trois jours dès l’admission à l’hôpital, et une fois tous les deux ou trois jours jusqu’à la sortie du patient.

Tous les échantillons ont été réfrigérés et expédiés dans des laboratoires du Centre National de Référence des virus des infections respiratoires (Institut Pasteur et Hospices Civils de Lyon), où l’extraction d’ARN, la RT-PCR en temps réel ont été effectués pour les quantifications ainsi que pour l’isolement et le séquençage du virus. Ces analyses ont été menées sur 5 patients initialement détectés par l’Institut Pasteur dont trois hommes (âgés de 31 ans, 48 ans et 80 ans) et deux femmes (âgées de 30 ans et 46 ans), tous d’origine chinoise, qui avaient voyagé en France depuis la Chine vers la mi-janvier 2020.

 

Ces travaux ont permis d’identifier trois types très différents de présentations cliniques :

– Le premier type est une présentation clinique frustre, très peu symptomatique avec évolution spontanée rapidement favorable malgré une forte présence de virus SARS-CoV-2 au niveau nasopharyngé dès le début de la maladie.

– Le deuxième type de présentation est biphasique avec une phase initiale rassurante et une aggravation secondaire environ 10 jours après le début de la maladie malgré une diminution de la charge virale au cours de cette période dans les échantillons nasopharyngés.

– Le troisième type est une présentation grave d’emblée évoluant rapidement vers une défaillance multiviscérale avec une charge virale élevée persistante dans les voies respiratoires inférieures et supérieures et la détection de virus dans le plasma.

 

Ces trois phénotypes clinico-virologiques sont apparus chez des profils de patients assez distincts, la forme frustre chez les deux patientes, la forme bi-phasique chez les deux patients jeunes et la forme grave d’emblée chez le patient âgé. Les confrontations clinico-virologiques ne semblent pas corrélées ; clairance du virus spontanée en 10 jours pour les formes frustres, symptômes d’aggravation secondaire non liée à la présence du virus, persistance prolongée de l’excrétion virale pour les formes sévères sur terrain comorbide.

« Malgré le temps écoulé et les évènements passés depuis la description de ces premiers cas, cette typologie des différentes présentations cliniques semble se confirmer au travers de l’expérience clinique de la phase épidémique. Elle parait intéressante pour mieux comprendre l’histoire naturelle de la maladie COVID-19 et contribuer à la prise en charge thérapeutique adaptée à chaque situation. Elle suggère que l’immense majorité des patients n’ont pas besoin de traitement. Elle illustre la nécessité d’identifier rapidement les patients qui pourraient s’aggraver secondairement en fonction d’un terrain particulier (le genre masculin semble se confirmer comme étant un facteur de risque de gravité) et sur des marqueurs précoces de détection plus inflammatoires que virologiques d’ailleurs. » précise le Pr Xavier Lescure, premier auteur de cette étude et adjoint du Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat, et dernier auteur de cette étude initiée sous l’égide du réseau REACTing, tous deux membres de l’unité IAME-UMRS 1137 (Université Paris Cité / Inserm/ Université Sorbonne Paris Nord).

 

Si ces travaux nous apportent de nombreuses indications, aucune conclusion ne peut être tirée directement de ce travail sur le plan thérapeutique.

 

Source : Prof Francois-Xavier Lescure, MD †, Prof Lila Bouadma, MD †, Duc Nguyen, MD , Marion Parisey, MD,  Paul-Henri Wicky, MD , Sylvie Behillil, PharmD , Alexandre Gaymard, PharmD , Maude Bouscambert-Duchamp, PharmD , Flora Donati, MSc , Quentin Le Hingrat, PhD , Vincent Enouf, PhD , Nadhira Houhou-Fidouh, PharmD , Martine Valette, PharmD , Alexandra Mailles, PhD , Prof Jean-Christophe Lucet, MD , Prof France Mentre, PhD , Prof Xavier Duval, MD , Prof Diane Descamps, MD , Prof Denis Malvy, MD , Prof Jean-François Timsit, MD , Prof Bruno Lina, MD †, Prof Sylvie van-der-Werf, PhD †, Prof Yazdan Yazdanpanah, MD

 

https://doi.org/10.1016/S1473-3099(20)30200-0

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