Le séminaire est co-organisé par Quentin Deluermoz et Didier Nativel et il est fruit d’une collaboration entre l’ICT (Identités, Cultures et Territoires), le CESSMA (Centre d’Etudes en Sciences Sociales sur le mondes africaines, américaines et asiatiques) et le GRIP.
Le séminaire mobilisera le deuxième croisement, l’angle des sensibilités et de la fabrique du sensible pour aborder les sociétés en présence. Le sensible, qui comprend ici l’étude des affects, de la balance sensorielle, les manières d’appréhender le temps et l’espace, la construction et les mutations des rapports aux environnements directs et plus lointains des sociétés, a en effet souvent servi d’épreuve de différenciation entre « nous » et « eux » – autour de questions comme celles du raffinement mœurs, de la pacification des sociétés ou des étiquettes corporelles. Or ces processus se retrouvent, sous des formes différentes, parfois simultanément en de nombreuses régions du monde. Aussi cette perspective invite-t-elle à réviser en profondeur certaines conceptions forgées à l’ère des modernités (ne serait-ce que l’opposition raison/émotion). De même permet-elle de mieux mettre en relief la pluralité des manières d’être au monde, et ainsi de dénaturaliser nos propres impressions perceptives « immédiates ».
Nous serons notamment particulièrement attentifs à la circulation des sensibilités et des dispositifs de production du sensible du fait de l’expansion occidentale, et aux effets retours matériels et corporel en Europe de cette expansion (effets des mobilités, de la consommation/appropriations d’exotismes…). L’étude du sensible ne saurait par ailleurs se défaire de celle des stratifications sociales et de l’incorporation (ou de la contestation) des rapports de pouvoir : aussi le séminaire portera un intérêt particulier aux ancrages, aux environnements matériels et spatiaux, ainsi qu’aux pratiques, interactions et phénomènes de circulations à différentes échelles.
Il s’agit de cette façon de faire vivre un certain héritage de l’historiographie française au sein des études globales ; mais aussi, par ce double décentrement de sortir de certaines impasses conceptuelles contemporaines pour tenter de réinterroger plusieurs des grandes mutations qui ont profondément marqué les XVIIIe et XIXe siècle sous le terme de « modernité ».
Il s’agit de cette façon de faire vivre un certain héritage de l’historiographie française au sein des études globales ; mais aussi, par ce double décentrement de sortir de certaines impasses conceptuelles contemporaines pour tenter de réinterroger plusieurs des grandes mutations qui ont profondément marqué les XVIIIe et XIXe siècle sous le terme de « modernité ».