Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en odontologie ?

Je m’appelle Claire Bigot. Chirurgien-dentiste avec une pratique orientée en parodontie, et fondatrice de la start-up My PerioCare.

Initialement chercheuse dans le domaine des sciences-biomédicales, je me suis orientée vers l’Odontologie à la fin de mon master 2 de l’Université Sorbonne co-habilitée à l’ENS Paris par le biais d’une passerelle.
Lors des deux premières années d’étude, j’ai travaillé au sein du laboratoire du Pr Chaussain et aux côtés du Pr Poliard sur un projet en rapport avec la biologie des cellules souches. Spécialisée dans ce domaine, j’ai pris plaisir à travailler dans cette équipe et à percevoir l’application clinique de nos recherches.
En fin de deuxième année, j’ai eu l’opportunité de partir en stage d’un mois à l’Université de UPenn pour m’initier aux
techniques et innovations odontologiques américaines.

Puis, j’ai commencé l’externat à l’hôpital Bretonneau et me suis progressivement passionnée pour la parodontologie, située au carrefour de nombreuses disciplines. J’ai pu constater l’avancée aussi bien en termes de recherche que de clinique dans cette discipline, axée néanmoins sur une approche davantage curative que préventive.
En fin d’externat j’ai souhaité explorer la prévention Scandinave si réputée, et suis partie en Norvège à Bergen dans le cadre d’un Erasmus. Cette expérience a été très enrichissante, et m’a permis de saisir l’efficacité de la prévention pour la prise en charge des maladies parodontales.
L’année suivante, en 2020, lors de la crise sanitaire liée à la Covid, je me suis engagée en tant que télé
surveillante sur la plateforme Covidom, une application de suivi des patients porteurs ou suspectés de Covid19.
Cette mission m’a fait prendre conscience de l’utilité du numérique dans le parcours de soins et particulièrement pour le suivi.

A la suite de ces expériences, m’est venue l’idée de me pencher sur l’intérêt d’un outil numérique pour la prise en charge parodontale dans le cadre de ma thèse d’exercice, tout en me spécialisant davantage en parodontologie avec la validation du CES puis du DU de Parodontie Clinique de l’UFR.

 

Qu’est-ce qui t’a donné l’idée de créer cette plateforme de prévention des maladies parodontales ?

 

Mon tropisme pour la recherche et ma formation initiale m’auront amenée à placer l’innovation au cœur de mes préoccupations.
L’enchainement de mes différentes expériences d’externat, d’Erasmus et de télé surveillante ont suscité mon intérêt pour un outil numérique dans la prise en charge des maladies parodontales.

A la suite de la validation de ma thèse sur cette thématique, je me suis orientée vers l’entrepreneuriat. J’ai obtenu le Statut National Étudiant Entrepreneur ainsi que le DU en Entrepreneuriat de l’Université Sorbonne Paris qui m’auront donné de bonnes bases pour développer un projet en e-santé.

Cela m’a permis de mûrir mon idée et de travailler sur le développement d’une plateforme de prévention des maladies parodontales à deux versants, avec : une application web pour le dentiste afin de l’aider dans sa pratique parodontale, et une application mobile pour le patient afin de l’accompagner dans sa prise en charge de façon personnalisée.

En parodontologie, depuis plusieurs années, nous entrons dans la 3ème ère dite celle « des maladies parodontales et des comorbidités » ; en parallèle se développe de plus en plus la médecine des 4P pour davantage de Prédiction, de Prévention, de Personnalisation de nos soins et de Participation du patient ; enfin, depuis Covid, le nombre d’applications en e-santé consommées sur nos appareils mobiles ne cesse de croître pour devenir la m-santé dans de nombreux domaines médicaux.

 

Dans ce contexte le projet My PerioCare s’est créé, avec le développement de son application située au carrefour des trois principales tendances citées ci-dessus :

 

 

Quel est l’objectif principal de ton projet et à qui s’adresse-t-il en priorité ?

 

L’objectif principal du projet est d’optimiser la prise en charge des maladies parodontales avec une approche plus préventive et personnalisée. Le projet s’adresse à la fois aux dentistes et aux patients afin de faciliter la communication voire la collaboration, indispensables au traitement et au suivi de maladies chroniques.

L’objectif pour le dentiste est de l’aider dans sa pratique parodontale en fonction de ses besoins, tel que pour l’aide au diagnostic, l’éducation thérapeutique et le suivi. Les parodontistes sont les principaux concernés, mais également tout dentiste souhaitant réaliser de la parodontie dans son traitement.

L’objectif pour le patient est de l’accompagner à chaque étape de son traitement de façon éclairée et personnalisée. Différents services lui sont proposés, allant de la sensibilisation au suivi de sa maladie parodontale en fonction de son profil à risque et/ou de son/ses autre(s) maladie(s). Les patients diabétiques sont les principaux concernés, étant plus susceptibles de développer une parodontite et également de plus en plus nombreux à travers le monde.

 

Quels ont été les principaux enseignements ou compétences que tu as acquis grâce au programme Femmes Entrepreneuses d’Orange ?

 

Tout d’abord, j’ai eu l’opportunité de placer le projet au sein de l’incubateur de l’Université Sorbonne Paris Nord de 2022 à 2023.
Cela m’a aidé à consolider le projet avec des études de viabilité et de faisabilité, puis à mettre sur pied un business plan solide et des stratégies de levée de fonds. J’ai également pu compter sur les conseils d’avocats pour protéger l’innovation ainsi que les données de santé à venir. Enfin, l’incubateur m’a accompagné dans la création de la société et m’a mise en relation avec des acteurs du milieu de la tech
et de l’innovation dont la société Orange.

Début 2024, j’intègre le programme Femmes Entrepreneuses d’Orange qui a sélectionné le projet My PerioCare.
Les enseignements sont moins théoriques et davantage pratiques, avec des entrainements aux pitchs et des échanges avec des experts pour se préparer au lancement du produit sur le marché. Qui plus est, cela m’a permis de rencontrer d’autres femmes aux profils variés et aux projets innovants. In fine, ce programme m’a aidé à constituer un réseau important dans le domaine de l’entrepreneuriat au féminin.

 

Quels prix as-tu remportés avec ton projet et en quoi ces distinctions ont-elles contribué au développement de ta plateforme ? Ont-elles apporté des financements, du mentorat ou de la visibilité ?

 

Plusieurs prix et fonds ont été obtenus aussi bien dans le domaine de l’entrepreneuriat que dans celui de l’odontologie.
Concernant l’entrepreneuriat, les prix Tremplin du Pépite 2021 2022 et 2024 ainsi que la bourse Nudge 2022 ont été obtenus.
Un prêt d’honneur de 20 000 euros en 2023 a également été obtenu.

En odontologie, le prix clinique 2022 de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire et le premier prix de l’innovation digitale 2023 de la Fédération Européenne de Parodontologie de 10 000 euros ont été remportés. Ces financements m’ont permis essentiellement de définir l’identité visuelle de My PerioCare et de contribuer au développement de la plateforme.

De plus, différentes communications au sein de sociétés savantes ont été réalisées comme la Fédération Européenne de Parodontologie, la Société Odontologique de Paris et la Société Française de Parodontologie.
Cela m’a apporté davantage de visibilité et de sougen pour le développement de la solugon My PerioApp.

 

Quels sont tes prochains objectifs ou étapes pour faire évoluer ton projet ?

 

L’outil étant développé dans sa forme minimale, le prochain objectif consiste à le faire tester aux dentistes bêta testeurs lors de consultations puis de leur faire remplir un questionnaire de satisfaction. Dès que la plateforme dentiste sera approuvée, il s’agira de procéder à la même démarche auprès des patients bêta testeurs lorsqu’ils auront utilisé les différents services. In fine, il s’agit de réaliser la preuve de concept afin d’effectuer le lancement de la solution le plus efficacement possible.

L’autre objectif concomitant consiste à développer davantage la communication du projet sur les réseaux sociaux, entre autres.
Les présentations effectuées lors de congrès ou dans le cadre d’articles ont permis de faire connaître progressivement My PerioCare mais ne sont pas suffisantes pour lancer la solution.

Enfin, un autre objectif majeur et omniprésent lors de la création d’une société concerne la recherche de différents financements.
Plusieurs pistes sont en cours, dont la participation à un prix de l’entrepreneuriat important pour lequel le projet a été actuellement présélectionné.
A suivre…

 

Où peut-on suivre l’évolution de ton projet (site web, réseaux sociaux…) ?

 

Le projet est visible sur Instagram via ce lien :
https://www.instagram.com/myperioapp?igsh=czNhdmRjc2M1bXYz&utm_source=qr
Un site web sera prochainement publié.

 

Quels conseils donnerais-tu aux étudiants en Odontologie qui envisagent de se lancer dans l’entrepreneuriat ?

 

L’Odontologie est en pleine évolution, particulièrement dans le secteur du numérique. Beaucoup de choses sont encore à créer en matière d’e-santé, et bien que l’aventure entrepreneuriale soit semée d’embuches c’est une expérience très enrichissante. C’est le moment ou jamais de se lancer !