Philosophie de la ville

On connaît la célèbre parenthèse de Baudelaire explicitant pourquoi « le vieux Paris n’est plus » dans son poème Le Cygne: « La forme d’une ville change plus vite, hélas!, que le coeur des mortels ». Le but de ce séminaire serait de transformer cet « hélas » en « tant mieux ». Il serait bon que nos villes changent au plus vite. En termes politiques de délibération démocratique comme de mixité et de tissage sociales. En termes écologiques de respect de l’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique et de défense de la biodiversité. En termes poétiques, d’inventions de nouveaux passages, de nouvelles traboules, de nouvelles « phrases urbaines » comme dit Jean-Christophe Bailly., de nouvelles dérives au sens de Guy Debord. Changer la ville c’est donc une affaire d’architectes, d’urbanistes, de géographes, d’historiens, d’écologistes, aussi de poètes, de peintres, de cinéastes, de musiciens, mais d’abord d’habitants, d’usagers, de passants, de touristes, de citoyens/citadins ordinaires.. Nous essaierons, autant qu’il est possible, d’interroger la pensée des uns et des autres. Car par philosophie de la ville, nous entendons avant tout la tâche de penser la compossibilité d’une architecture, d’une politique, d’une esthétique et d’une expérience commune de la ville ou plutôt des villes, car les villes réelles, irréductibles à un seul modèle, sont sans doute plus intéressantes que les Cités idéales, utopiques ou radieuses..

Pierre Zaoui est maître de conférences en philosophie à l’UFR Lettres, Arts, Cinéma d’Université Paris-Cité (ex-Université Paris Diderot). Il a publié entre autres, La Traversée des catastrophes, Seuil 2010 et La discrétion ou l’art de disparaître, Autrement 2012. Quelques bulles de savon devrait paraître au Seuil au printemps 2024.