Visages de l’athéisme

Cours de 24 heures, 12 séances de 2 heures
Mardi 10h-12h
A partir du 13 janvier 2026

Campus Grands Moulins, 5 rue Thomas Mann Paris 13e
Ce cours est aussi proposé en formation à distance (par Zoom).

Dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche, prenant acte d’une montée qu’il juge irrésistible de l’athéisme, avertit que « si nous ne faisons pas de la mort de Dieu une victoire perpétuelle sur nous-même nous paierons longtemps pour ce crime », punition à entendre au sens d’une montée tout aussi irrésistible du nihilisme.
Un siècle et demi plus tard on se sent comme entre chien et loup face à une telle prophétie : d’un côté, cette montée de l’athéisme fut bien moins irrésistible que prévu, en 2017 à peine 15% de la population mondiale se déclarait sans affiliation religieuse d’après une grande enquête du Paw Center, ce qui ne signifie même pas athée, et ce chiffre est encore appelé à baisser, à part en Europe, pour des raisons démographiques ; d’un autre côté, la montée du nihilisme semble elle, au contraire, de plus en plus avérée offrant à l’athéisme de tout nouveaux visages, les uns plus monstrueux (les totalitarismes dits socialistes, le culte de la technique, le consumérisme, le transhumanisme…), les autres plus sympathiques, plus ouverts aux spiritualités d’avant le monothéisme, donc d’avant l’idée même d’athéisme (polythéisme, animisme, totémisme…) ou plus ludiques, mais aussi, souvent, plus désabusés, à la manière d’un Woody Allen : « on veut que je crois en Dieu alors qu’il est impossible de trouver un plombier à New York un dimanche après-midi ».
Qu’est-ce qui s’est passé ? Et qu’est-ce qui a déraillé ? Pourquoi n’avons-nous pas su faire de la mort de Dieu une victoire perpétuelle sur nous-mêmes ? Nous essaierons dans le cours de cette année de revenir sur les différents visages de l’athéisme : l’athéisme inavoué, cynique et esthétique du 16^e siècle, l’athéisme aristocratique et dissimulé du 17 e siècle, l’athéisme épistémologique du 18^e siècle, l’athéisme démocratique et de combat du 19^e siècle, l’athéisme tragique et comique du 20^e siècle, l’athéisme multi-face du 21^e siècle, et en vérité beaucoup d’autres, pour essayer de comprendre à la fois cet échec des athéismes anciens et la possibilité de nouveaux athéismes plus lucides et plus ouverts.

Ce cours est destiné autant aux croyants, tant l’athéisme est la question fondamentale de la foi (qui croit doute), qu’aux incroyants, tant il vaut peut-être la peine, si l’on se pique d’être incroyant, de s’interroger sur les raisons pour lesquelles on croit encore à sa propre incroyance.

BIOGRAPHIE

Pierre Zaoui est maître de conférences en philosophie à l’UFR Lettres, Arts, Cinéma d’Université Paris-Cité (ex-Université Paris Diderot). Il a publié entre autres, La Traversée des catastrophes, Seuil 2010 et La discrétion ou l’art de disparaître, Autrement 2012. Quelques bulles de savon devrait paraître au Seuil au printemps 2024.