Les mots de l’entreprise semblent s’infiltrer partout : « objectifs » et « compétences » dès l’école maternelle, « rentabilisation » des établissements hospitaliers, « valorisation de son potentiel » au travail comme dans la vie privée, « gouvernance agile » des universités…
Ces expressions montrent que la logique managériale et son vocabulaire se répandent bien au-delà des frontières des entreprises, jusque dans ce que chacun peut dire de soi et de ses expériences. Se trouverait-on aujourd’hui dans un monde à la 1984 de George Orwell ? Le langage managérial s’est-il substitué aux autres manières de dire et contraint-il notre manière de voir ? Cet essai explore notre rapport à ce discours, qui formate aujourd’hui notre société, et nous invite à retrouver la capacité d’accepter ou de refuser de jouer le jeu du pouvoir et de ses mots.
Une invitation à retrouver la capacité d’accepter ou de refuser de « jouer le jeu » du pouvoir et de ses mots.
Après une formation initiale en école de commerce et en relations internationales, Agnès Vandevelde-Rougale s’est tournée vers les sciences humaines et sociales pour questionner le discours managérial et son influence subjective. Docteure en anthropologie et sociologie et chercheuse associée au Laboratoire de changement social et politique (LCSP) de l’Université Paris Cité, elle a notamment publié La novlangue managériale. Emprise et résistance (érès, 2017) et a codirigé, avec Pascal Fugier, Le Dictionnaire de sociologie clinique (Érès, 2019).