Le projet s’inscrit dans la continuité des travaux sur les mobilités et circulations thérapeutiques, qui interrogent la production des inégalités sociospatiales de santé, dans une perspective sociologique et anthropologique. Le sujet des évacuations sanitaires dans les territoires d’Outre-Mer s’inscrit dans une réflexion sur les mobilités et circulations thérapeutiques et les conditions politiques qui les encadrent.
L’intégration de Mayotte, l’une des quatre îles de l’archipel des Comores, à l’ensemble du territoire français en 2011 s’est traduite par une pression migratoire en provenance des autres îles des Comores et par un contrôle croissant des mobilités en provenance de celles-ci. Pour
les Comoriens, rejoindre Mayotte est pourtant souvent le seul moyen d’accéder à des soins médicaux, en particulier pour des pathologies lourdes. Le centre hospitalier de Mayotte (CHM) souffre cependant d’un plateau technique et d’un personnel médical largement sous-dotés.
C’est pourquoi les personnes nécessitant des soins non réalisables sur place sont évacuées vers La Réunion. Ce dispositif d’évacuation sanitaire ou dispositif EVASAN est accessible pour les patient.es en situation régulière ou irrégulière. En 2021, ce sont près de 1500 personnes qui ont été évacuées au départ de Mayotte, dont 30 % de personnes mineures. Pour ces mineur.es, l’accompagnement par un parent est autorisé mais n’est pas toujours possible en raison de diverses contraintes : présence d’autres enfants à charge à Mayotte, absence de prise en charge financière du séjour à La Réunion… Ces évacuations sanitaires peuvent être sources de ruptures familiales et biographiques pour les enfants malades et leurs proches.L’objectif général de ce projet de recherche est de comprendre les effets de ce contexte (social, géopolitique, juridique et institutionnel) sur les trajectoires des mineur.es nécessitant des soins et de leurs proches.