Le service d’Odontologie de l’Hôpital Bretonneau a effectué une recherche sur les bienfaits de la zoothérapie.

Cette étude, financé par Air Liquide et porté par Pr Jean-marc Treluyer ainsi que Violaine Smail, a pour but d’évaluer l’utilité d’une intervention assistée par l’animal lors de soins bucco-dentaires chez les enfants en situation de handicap.

 

La justification scientifique de cette étude :

La particularité de certains patients en situation de handicap, notamment les patients avec un trouble du spectre autistique (TSA), est représentée par un comportement anxieux, pouvant aller d’un regard fuyant ou d’une légère tension à des hurlements voire à une agitation extrême, ce qui peut rendre la prise en charge thérapeutique difficile, tant pour le soigné que pour le soignant (Shinohara et al. 2005). Ceci est particulièrement vrai pour la réalisation de soins bucco-dentaires, où la coopération du patient est indispensable C’est au niveau de cette anxiété que les approches comportementales conventionnelles, par la mise en œuvre d’une multitude de stratégies adaptatives, a un rôle fondamental à jouer. Chez les patients en situation de handicap, ces techniques s’appuient le plus souvent sur une communication non-verbale ou para-verbale – où l’on fera par exemple appel au(x) canal(aux) de transmission sensoriel(s) préféré(s) de l’enfant – plus que sur des procédés linguistiques. Dans ce contexte, une Intervention Assistée par un Animal (IAA) pourrait être d’une aide majeure.

 

Objectif et critère d’évaluation principal : 

Déterminer si l’IAA durant 2 séances de soins facilite ensuite la prise en charge ambulatoire classique sans assistance animalière chez les enfants anxieux non coopérants atteints de TSA.

 

Critère d’évaluation principal :

Anxiété moyenne de l’enfant au cours de la séance évaluée par l’échelle de Venham modifiée par Veerkamp mesurée à la fin de la troisième séance de soin (sans IAA).

 

Objectifs et critères d’évaluation secondaires :

  • Évaluer le succès de la séance de soins (réalisation complète de l’objectif planifié)
  • Évaluer le recours à l’administration du MEOPA
  • Évaluer les types d’actes pour lesquels l’IAA réduit l’anxiété de l’enfant
  • Évaluer la sécurité de l’IAA pour les soins buccodentaires

 

Critères d’évaluation secondaires :

  • Succès global de la séance : soin dentaire réalisé dans sa totalité, évalué à la fin de chaque séance de soins
  • Recours au MEOPA : administration de MEOPA au cours de la séance, évaluée à la fin de chaque séance de soins
  • Types d’actes pour lesquels l’IAA réduit l’anxiété : évaluation de l’anxiété à chaque étape de prise en charge : salle d’attente, entrée dans la cabinet, radiographies, anesthésie, pose de la digue, utilisation d’instruments rotatifs…

Survenue d’évènements indésirables associés à l’IAA, dont évènements infectieux de type zoonose (évaluation par le praticien au début de chaque séance et par l’accompagnant qui doit signaler au praticien toute manifestation apparue depuis la dernière séance), épisode d’agitation liée à la présence du chien, morsures.

 

Population concernée :

La population de l’étude comprendra tous les enfants présentant un TSA consécutifs qui consulteront à l’hôpital Bretonneau dans le service d’odontologie pour soins dentaires.

 

Critères d’inclusion :

  • Mineurs âgés de ≥ 6 à ≤ 17 ans,
  • Porteurs de Trouble du Spectre Autistique
  • Enfant ayant un score moyen sur l’échelle de Venham ≥ 3 à la fin du soin de la séance d’inclusion
  • Qui acceptent la présence du chien
  • Qui déclarent avoir déjà été en contact avec un chien par le passé
  • Consentement des tuteurs légaux de l’enfant pour la participation de l’enfant à l’étude,
  • Etre affilié à un régime de sécurité social en son nom ou ayant droit d’un titulaire de l’autorité parentale.
  • Etat de santé nécessitant une intervention dentaire simple non complexe (soin préventif, carieux, traumatique, orthodontique, hors acte de chirurgie complexe au bloc opératoire.

 

Bénéfices attendus pour les participants et pour la société :

1.Améliorer le vécu d’une situation potentiellement anxiogène lors des soins bucco-dentaires – Faire en sorte que le cabinet dentaire devienne un lieu agréable pour le patient, dans lequel il n’éprouve pas d’appréhension a si rendre et qui fait partie de son quotidien, – Abolir les soins sous contrainte physique, dont les répercussions psychologiques (du patient mais aussi des accompagnants et du praticien) sont inévitables, – Faciliter par la suite une prise en charge thérapeutique ambulatoire classique sans assistance animalière.

2.Limiter les conséquences d’une absence de prise en charge ou d’une prise en charge tardive Une prise en charge possible précoce et non différée permettrait : – D’éviter un retentissement trop important sur la santé générale, qui peut aller de l’impossibilité de se nourrir à la septicémie – De diminuer les coûts de santé

3.Améliorer l’accès aux soins – Le praticien, dont l’anxiété pourrait être diminuée du fait d’un contrôle de la situation retrouvé, serait encouragé à prendre en charge plus facilement les patients en situation de handicap – Le phénomène d’auto-exclusion du patient, lié à de multiples refus de soins préalablement rencontrés, pourrait être réduit.

 

Déroulement pratique :

L’éligibilité à l’étude sera évaluée lors d’une séance d’inclusion pour les enfants atteints de TSA. L’anxiété sera évaluée à la fin de cette séance par l’échelle de Venham, et l’enfant sera considéré comme éligible (c’est-à-dire anxieux non-coopérants, score ≥ 3) ou non. Après information et recueil de l’assentiment de l’enfant et du consentement d’un des deux titulaires de l’autorité parentale, puis vérification des autres critères d’inclusion et de non-inclusion, il sera procédé à la randomisation : soit dans le groupe expérimental (IAA) soit dans le groupe contrôle (soins courants).

Dans le groupe expérimental (IAA), le chien accompagné de la zoothérapeute participera aux soins des séances 1 et 2. Durant ces deux séances, le chien sera mis en présence de l’enfant dans la salle d’attente et jusqu’à la fin de la consultation dentaire. La séance 3 se déroulera sans présence du chien. La prise en charge habituelle comportant des stratégies comportementales conventionnelles et l’administration éventuelle de MEOPA sera mise en place pendant les 3 séances de soins.

Dans le groupe contrôle, les séances 1, 2 et 3 se dérouleront uniquement avec mise en œuvre de stratégies comportementales conventionnelles et l’administration éventuelle de MEOPA. Les séances seront espacées de minimum 1 semaine (7 jours) et de maximum 3 semaines (21 jours). A noter qu’en ce qui concerne l’apparition éventuelle de zoonose (infection transmise du chien à l’enfant), l’étude aura tous les encadrements nécessaires au niveau sanitaire, et toutes les méthodes de prévention seront appliquées : antiparasitaires, vermifuges, vaccins et précautions d’hygiène.