Notre ambition : proposer des formations répondant aux besoins actuels des professionnels de santé

L’intelligence artificielle reste trop souvent perçue sous l’angle technologique, au détriment de ses applications concrètes. C’est à ce défi que répond aujourd’hui la Chaire d’IA en santé. Soutenue dans sa mission par la Fondation d’Université Paris Cité, ainsi que par le département IA en santé de l’université, elle privilégie la mise en valeur des innovations dédiées à l’amélioration des soins. Les explications de Stéphanie Allassonnière, professeur de mathématiques à l’école de médecine d’Université Paris Cité, directrice adjointe, et de Guillaume Assié, professeur d’endocrinologie à la faculté de santé d’Université Paris Cité, directeur.

Guillaume ASSIE, Professeur d’endocrinologie à la faculté de santé d’Université Paris Cité, directeur

Pourquoi avoir créé un département universitaire dédié à l’IA en santé ?

Nos objectifs initiaux visaient à promouvoir l’interdisciplinarité dans l’IA appliquée à la santé, avec une triple ambition :

Donner des outils aux médecins afin de mieux appréhender ces technologies ;
Favoriser le dialogue avec d’autres expertises – informatique, mathématiques, ingénierie – ;
Et intégrer les dimensions éthique et juridique, qui manquent souvent dans les études impliquant les données des patients.

Nous avons donc travaillé à définir une offre de formation destinée à toutes les personnes concernées : le personnel soignant, la communauté scientifique, les professionnels de l’éthique et du règlementaire, pour leur permettre d’échanger, d’envisager un projet dans toutes ses facettes, et de s’enrichir avec les différents prismes.

Nous avons également souhaité que des mécènes interviennent pour encourager une dynamique à la fois académique et industrielle. Le département d’IA en santé, qui dépend de l’UFR de médecine d’Université Paris Cité, héberge la Chaire d’IA en santé soutenue par la Fondation Université Paris Cité. C’est la Fondation qui prend en charge le pont entre le monde de l’entreprise et le monde académique sur le volet mécénat.

Quels sont les atouts d’Université Paris Cité dans ces deux domaines, l’IA et la santé ?

L’université dispose d’une réelle expertise scientifique dans tous les domaines de la santé, avec notamment de nombreux chercheurs dans le champ de la médecine. Par ailleurs elle porte d’autres initiatives en IA, comme le diiP (Data Intelligence Institute of Paris). Il y a là, naturellement, des convergences entre leur approche horizontale et notre verticale « santé ». Il ne s’agit pas de fusionner mais de se compléter.

Université Paris Cité est également l’un des membres fondateurs de l’institut Prairie (Paris Artificial Intelligence Research Institute), dont certains enseignants-chercheurs interviennent dans nos formations.

L’offre de formation découle-t-elle d’une demande des professionnels de santé ?

L’attente du terrain est réelle, c’est pourquoi nous avons voulu proposer un espace de formation et d’échange avec une vision à trois dimensions :

Le soin ;
Les mathématiques et l’informatique ;
L’éthique et le règlementaire.

Il est essentiel de sortir du cloisonnement pour favoriser la transdisciplinarité et l’interaction entre les domaines d’expertise, et de faire découvrir à chacun la discipline de l’autre pour enrichir le partage de connaissances.

Le fil rouge des formations consiste à se centrer sur les problématiques concrètes du soignant, pour l’aider à découvrir et s’approprier des outils modernes. Prenons l’exemple de la radiologie, qui appelle des technologies plus poussées de traitement des images. Les cliniciens ne réalisent pas toujours la déclinaison technologique de l’IA dans leur domaine.

Quelle place occupe aujourd’hui le département dans le paysage international des formations d’IA en santé ?

Il existe d’autres programmes, notamment à l’université Stanford et au MIT, qui abordent les mêmes thèmes et concepts que nous. En France, très peu de diplômes universitaires ont cette approche transdisciplinaire, à l’exception de celui proposé par l’Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle 3IA Côte d’Azur, dont la première promotion débute cette année. Il est très important d’essaimer notre modèle.

Contrairement aux nombreux MOOC qui traitent d’IA en santé, le DU est caractérisé par un véritable accompagnement dans la montée en compétences. Les cas d’usage, apportés par l’industrie ou par des professionnels de santé, permettent d’ancrer les formations dans les besoins – et les réalités – du terrain.

C’est sans doute la principale spécificité de notre DU : partir des cas d’usage pour aborder ensuite les aspects théoriques.

Quelle est votre feuille de route, en formation mais aussi en recherche ?

Fédérer toutes les compétences en IA et santé d’Université Paris Cité, renforcer la complémentarité avec des instituts de recherche comme Prairie, et inscrire les formations dans la durée. Nous comptons déployer de nouveaux programmes, avec toujours les mêmes fondamentaux : des formations courtes, centrées sur les cas d’usage, et associant au minimum deux thèmes – santé/mathématiques, santé/éthique, etc.

Plusieurs sujets pourraient faire l’objet de nouvelles MasterClass :

L’imagerie microscopique ;
La morphométrie dans la chirurgie réparatrice ;
L’oncologie ;
L’anatomie pathologique ;
Les nouvelles régulations de l’IA en santé…

Notre challenge consiste à définir de nouvelles offres, à actualiser les programmes existants, et à réussir à toucher nos publics cibles.

En termes d’ambitions scientifiques, des axes de recherche se développent actuellement, comme celui d’un réseau de recherche sur l’IA appliquée à l’imagerie médicale. D’autres thématiques pourraient voir le jour à l’avenir, avec des projets de recherche collaboratifs découlant des échanges interdisciplinaires.

Nous souhaitons aussi renforcer les interactions avec le monde de l’industrie et des startups, via le mécénat mais aussi des interventions dans nos formations ou des thèses CIFRE, qui permettent à des doctorants de mener leur travail de recherche au sein d’une entreprise.