Métaphysiques contemporaines

Cours de 24 heures, 12 séances de 2 heures
Mardi 10h-12h
A partir du mardi 9 janvier 2024

Campus Grands Moulins, 5 rue Thomas Mann Paris 13e
Ce cours est également proposé à distance (par Zoom) en direct et en replay.

La philosophie moderne depuis les Lumières, et plus exactement depuis à la fois l’empirisme britannique et le criticisme kantien, s’est presque entièrement consacrée à sortir de la métaphysique, cette science des principes premiers et des fins dernières, science poussiéreuse, prétentieuse, stérile, inutile, dépourvue de significations, grevée de religiosité et de moralisme cachés, dont toute l’histoire ne fut peut-être que l’histoire d’une longue erreur suivant les mots de Nietzsche, ou au moins à en annoncer la fin au nom de la seule expérience, que celle-ci soit scientifique, phénoménologique ou linguistique. Pourtant, depuis une trentaine d’années et déjà uniquement dans le champ français, on assiste à un retour en force des prétentions métaphysiques : des philosophies aussi différentes que la post-phénoménologie de Claude Romano, le réalisme spéculatif de Quentin Meillassoux, la philosophie plastique de Catherine Malabou ou l’anthropologie métaphysique de Mohamed Amer Meziane, ont toutes en commun d’assumer une dimension métaphysique originale, en tant que « science unitaire des principes de la substance » (Aristote) ou science du fondement (Heidegger). A quoi est dû un tel retour ? A une nouvelle passion pour le réel ou l’être en tant qu’être ou le véritablement substantiel dans un monde où toute réalité semble devenue virtuelle, numétique, liquide ? Aux révolutions récentes des neuro-sciences, de l’écologie, des mathématiques de l’infini ? A une nouvelle prise en compte de l’importance des religions et des spiritualités dans la fondation de ce que nous  considérons comme réel ? Ou encore à un certain sentiment de désastre et de ruine de tout ce qui a jamais été cru nous obligeant à tout reprendre à nouveaux frais ? Borgès disait qu’il fallait considérer la métaphysique comme une part importante de la littérature fantastique ; ce cours se voudrait une introduction, nourrie de scepticisme bienveillant, aux littératures fantastiques d’aujourd’hui.

BIOGRAPHIE

Pierre Zaoui est maître de conférences en philosophie à l’UFR Lettres, Arts, Cinéma d’Université Paris-Cité (ex-Université Paris Diderot). Il a publié entre autres, La Traversée des catastrophes, Seuil 2010 et La discrétion ou l’art de disparaître, Autrement 2012. Quelques bulles de savon devrait paraître au Seuil au printemps 2024.