Marina Valente, étudiante en études coréennes a reçu cette année le prix Jacqueline Pigeot du meilleur mémoire de master sur l’Asie orientale.
Mon parcours universitaire débute avec une licence de biologie médicale obtenue en 2013 à l’Université Paris XI. Après avoir travaillé plusieurs années dans des laboratoires hospitaliers et de ville, j’ai décidé de reprendre mes études. C’est un séjour de trois mois en Corée du Sud qui m’a mise sur la voie des études coréennes. En 2019, j’ai commencé une licence de coréen à l’Université Paris Cité pour ensuite poursuivre en master LLCER études coréennes. L’année de master 1 a été déterminante car elle m’a confortée dans mon idée de faire de la recherche. Les deux temps forts de cette première année de master ont été ma mobilité à l’Université Nationale de Séoul et la rédaction du dossier de recherche. Celui-ci portait sur l’histoire de la toute première épidémie de choléra dans la péninsule coréenne en 1821. Pour l’année de master 2, j’ai décidé d’approfondir ce sujet et de traiter l’histoire des épidémies de choléra en Corée et les pratiques antiépidémiques associées de 1821 à 1862. Ce sujet me tient particulièrement à cœur puisqu’il m’a permis de lier mes deux formations universitaires. Il a également été influencé par mon expérience professionnelle et mes contacts avec de nombreux patients. De cette expérience a émergé une question qui continue de m’animer depuis : « comment les personnes se soignent ? ». Ce questionnement est un des fils conducteurs de la recherche et du mémoire de master 2 intitulé « L’ ‘étrange maladie’ (koejil 怪疾) : Une étude des stratégies antiépidémiques face au choléra dans la Corée du Chosŏn, entre 1821 et 1862 ».
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La première étape du travail de recherche a consisté à retracer les itinéraires empruntés par le choléra avant sa propagation en Corée puis dans la péninsule. Ce travail de réactualisation de datation des épidémies coréennes à partir de sources primaires écrites a permis de trouver de nouveaux indices permettant de renforcer l’hypothèse de la présence du vibrion cholérique en Corée en 1835, formulée dans les années 1960 par l’historien japonais Miki Sakae 三木榮 (1903-1992). L’analyse des circulations et des temporalités du choléra a également montré que non seulement le territoire coréen, mais, plus généralement, les territoires est-asiatiques sont tantôt absents, tantôt mal intégrés dans l’historiographie occidentale. L’étude de la terminologie coréenne du choléra et des pratiques antiépidémiques a mis en évidence qu’il n’existe pas une seule façon d’appréhender et de faire face à la maladie. Afin de lutter contre le choléra, tous les acteurs de la société coréenne se mobilisent activement en multipliant les réponses préventives et thérapeutiques de natures variées. La diversité de ces réponses antiépidémiques révèle que l’histoire des épidémies en Corée se situe à la croisée de l’histoire sociale et de l’histoire de la santé. La recherche de master 2 a souligné des continuités dans les perceptions de la maladie et les pratiques de santé mises en œuvre pour prévenir et se soigner du choléra entre le début du XIXe siècle et la période coloniale, comme en témoigne la dénomination cholérique koejil (« étrange maladie ») qui se retrouve encore aujourd’hui dans les dictionnaires nord et sud-coréens.
Si la rédaction du mémoire de recherche de M2 a constitué une véritable formation et initiation à la recherche, la participation à des séminaires variés, tels que ceux de la Graduate School et de l’EHESS, s’est révélée particulièrement instructive et enrichissante. Les échanges avec des chercheurs, doctorants et autres étudiants en master ont été des moments essentiels qui ont grandement contribué à approfondir et enrichir ma réflexion, et plus largement sur la méthodologie et les enjeux disciplinaires des sciences sociales. J’ai ainsi appris que la recherche est une entreprise nécessairement collective et collaborative. Je tiens donc à exprimer ma profonde gratitude à l’ensemble de la section d’études coréennes, et tout particulièrement à Mme Justine Guichard, Mme Yim Eunsil, et M. Yannick Bruneton, pour leurs précieux conseils et leur soutien tout au long de ces cinq années. Je remercie également les enseignants des autres sections de l’UFR LCAO, qui ont généreusement accepté de m’accorder de leur temps pour m’accompagner dans l’élaboration de ma recherche et pour leur aide lors de la préparation au concours du contrat doctoral. L’obtention de ce contrat me permet aujourd’hui de poursuivre mes recherches sur les pratiques de santé coréennes et l’histoire des épidémies de choléra en doctorat à l’École Doctorale 131 de l’Université Paris Cité sous la direction de M. Yannick Bruneton et le suivi de M. Pierre-Emmanuel Roux.
J’adresse mes sincères remerciements aux membres du jury et de la Graduate School pour l’attribution du prix Jacqueline Pigeot du meilleur mémoire de master 2 de l’année 2024 de l’UFR LCAO. Je souhaite également témoigner toute ma reconnaissance à mon directeur de recherche, M. Pierre-Emmanuel Roux, pour m’avoir suivie et guidée durant ces deux années de master.
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