Recherche-Création pour une co-production de savoirs citoyens

Duo dansé par Darious Ghavami et Maurice du ShanjuLab, Gimel, Suisse. © Victoria Grin.

CREATION interroge la production de connaissances à l’interface entre habitant.e.s, institutions académiques et artistiques, afin d’accompagner l’émergence de nouvelles pratiques collaboratives sur les territoires et contribuer aux urgentes transitions écologiques.

La construction de projets arts-sciences permet d’allier une diversité de points de vue et de savoirs, et d’articuler des raisonnements, des observations, des affects et des imaginaires. Il s’agit d’interroger les possibilités de connaître grâce au sensible et de donner à connaître via les émotions.

Deux dispositifs sur des territoires urbains et ruraux, invitant à la participation des habitant.e.s par l’art ont alimenté à leur manière des réflexions sur :

  • Épistémologie des connaissances et pluralité des points de vue
  • Médiation artistique et créativité
  • Politiques publiques et diversité des publics

 

Devenirs animal & Coexistences territoriales

 

Enquête avec la montagne limousine : Lou pastoral, une enquête Soma-esthétique

par Joanne Clavel et V. Salvatierra en collaboration avec Quartier Rouge, les habitant.e.s et éleveur.se.s de la montagne limousine

 

En 2017, lorsque Quartier Rouge invite l’artiste Boris Nordmann à présenter son travail de Fiction corporelle Cachalot sur la montagne limousine, la présence du loup est déjà questionnée dans les parages sans être officiellement reconnue. Quelques attaques sur des troupeaux laissent à penser qu’un individu solitaire aurait pu être en transit sur ce territoire les années antérieures. Sans être vraiment présent, il est pourtant déjà au centre de nombreuses discussions pour les éleveurs. Leurs collègues alpins ont largement reconfiguré leurs pratiques pastorales depuis que les loups ont décidé de se disperser depuis l’Italie et s’installer sur les montagnes françaises dès la fin du 20ème siècle. Ces retours provoquent rage, colère et indignation chez les éleveurs, notamment en pâturages extensifs, communautés abîmées par des décennies d’industrialisation, d’intensification et de globalisation de l’agriculture. L’enquête sensible interroge les possibilités d’un devenir collectif, au contour solidaire et écologique, situé et ancré avec la montagne limousine « au temps des loups ».

À partir des discours des membres du collectif « des apprentis diplomates », nous avons relevé des moments pivots, des « menhirs somatiques » dans le paysage sensoriel qui semble prendre forme au cours du processus artistique. Des expériences qui arriment un second paysage de liens et de solidarité, « d’être ensemble », face à l’arrivée de la « petite bombe sociale lupine ». Il y a d’abord tous ces petits moments anodins en apparence que mets en place l’artiste Boris Nordmann, ou qui, surgissent spontanément au cours des expérimentation collectives, pour enclencher une rencontre parfois au-delà du langage, parfois au-delà de la vision. Ces outils pédagogiques organisent des ateliers collectifs participant à l’élaboration d’une rencontre multisensorielle où les bases de l’écoute et de l’entraide sont posées. La recomposition de la perception opère tant par l’exploration des milieux, le renversement des plans, la stimulation de sens occultés, l’accordage tonique et les jeux de rôles. Ce dernier opère dans le processus créatif Lou pastoral une double redistribution des places et des savoirs de chacun. Ce « partage du sensible » offre de vivre une situation transformatrice par l’incorporation et la transmissions tant des savoirs vernaculaires paysans que des perspectives lupines. C’est dans la possibilité du je qui devient du jeu, du jeu de rôle, de se mettre à la place de, d’imaginer, de devenir, de s’inventer une vie, de cultiver la pratique de l’autre que se redistribue un nous, bien que les chemins diffèrent pour chacun. En effet, le rapport complexe au réel et à la fiction sera mis en tension entre sa théâtralisation et la réinvention de soi.

 

Coexistence avec les loups : Controverse et Solidarité chez les éleveurs

par le Collectif LADYSS composé de Clélia Bilodeau, Joanne Clavel, Denis Chartier, Céline Clauzel, Sarah Bortolamiol

 

Recherches-formations avec les territoires

  • Enquête de terrain des master Espaces & Milieux avec Quartier Rouge
  • Encadrements de mémoires – Partenariats associatifs 

Pré-terrain sur le développement de cultures lupines

  • Transformation de la culture lupine dans les albums jeunesses
  • Pratiques de pistage : naturalistes et au-delà

 

Journées d’études Sensations Animales

LADYSS, Université Paris 8, Centre des Politiques de la Terre, Cité Universitaire Maison du Portugal
Coordination scientifique et logistique Joanne Clavel

 

Les animaux inspirent et nouent de nouvelles relations avec la création chorégraphique contemporaine se dessine alors un paysage dansé zoo-poétique où les communautés biotiques s’élargissent et les imaginaires se nourrissent, où les corps s’affutent de compétences perceptives et avec elles des tentatives de décentrement voire de perspectivisme pour penser les milieux partagés. Ces journées tenteront d’étudier la présence animale dans les processus de création chorégraphiques (textes, images, œuvres, pratiques) lors de conférences mais aussi en proposant des expériences depuis la place de spectateur et spectatrice ou encore celle du danseur.se/somatonaute. Les ateliers pratiques inviteront à (re)devenir animal par l’émulation perceptive, la simulation motrice et d’autres chemins pour interroger le « nous » d’une « nature » qui se défend.

 

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Publications

Ouvrage

Clavel, Salvatierra, Suchet (dir.), Sensations animales, à paraître ed. animal Debout, Rennes.

 

Articles

Clavel & Salvatierra, « Explorations somatiques multiespèces et pratiques du collectif avec la montagne limousine », Chimères (en cours de publication).

 

Fanzines de colloque

Sensations animales 1

Sensations animales 2

 

Mémoires

Boyer Eloi, « La collaboration entre acteurs du territoire : une piste d’amélioration des conditions de coexistence entre élevage à l’herbe et présence lupine ? », Mémoire de Master2 Espaces et Milieux, Université Paris Cité, sous la dir. Clélia BILODEAU, Denis CHARTIER et Joanne CLAVEL (LADYSS) et Julie OLIVIER de Quartier Rouge et Jessica Hureaux du PNR Millevaches, 2022.

Bresnu Alizé, « Le retour du Loup en Limousin sous le prisme d’un projet associatif d’évaluation de l’exposition à la prédation : controverse et enjeux de représentations sociales », Mémoire de Master2 BioTerre, Université Paris Sorbonne, sous la dir. de Marie ABEL et Gabriel METEGNIER du GMHL et Sarah BORTOLAMIOL et Joanne CLAVEL du LADYSS, 2022.

Chavanon Clara, « Les enjeux du « faire en commun » dans des dispositifs de recherches participatives territorialisés », Mémoire de Master2 Sociétés et biodiversité -Transformation et transition socio-écologique, sous la dir. collective du LADYSS et de L’Atelier des jours à venir, 2021.

Gunnoo Camille, « Analyse des traces historiques de la relation humains / loups à partir du cas de la Creuse au XVIIIème. Entre représentations culturelles, dynamiques paysagères et activités humaines », Mémoire de Master1 Espaces et Milieux, Université Paris Cité, sous la dir. Clélia BILODEAU et Joanne CLAVEL, 2021.

Promotion 2021_22 des étudiant.e.s du master Espaces et Milieux, Université Paris Cité « Étude des répercussions sociales et territoriales du retour du loup dans le PNR de Millevaches », sous la dir. Clélia BILODEAU, Denis CHARTIER et Joanne CLAVEL (LADYSS) et Julie Olivier de Quartier Rouge, 2022.

 

 

Pour qui tu te prends, Cie Du Petit Côté, Laurence Pagès. © Maïa Jannel

Intertexting

 

Enquête sensible avec les habitant.e.s en milieu urbain

par Cedissia About, Émeline Bailly et Nathalie Blanc.

 

Avec près de 50 ans de politiques urbaines au croisement d’enjeux démocratiques et environnementaux, où en sommes-nous du rôle et de l’implication des citoyen.ne.s dans la production urbaine ?

Le constat d’une priorité donnée aux approches statistiques et descendantes ne favorise pas la considération de la complexité des points de vue des habitant.e.s, la construction de sens commun, et une évolution de la conception des espaces habités. 

Le projet Intertexting porte ainsi sur l’élaboration d’une méthode de diagnostic in situ de l’expérience sensible individuelle et collective et de production partagée de récits sur des territoires urbains présents et futurs.

Ces expériences s’organisent d’une part autour de parcours et d’ateliers avec des habitant.e.s-citoyen.ne.s et artistes-citoyen.ne.s, pour élaborer un ou plusieurs récits collectifs des territoires traversés rendant visibles les convergences et divergences de visions territoriales. Dans un second temps, il s’agit d’explorer la manière dont le contenu des productions issues de ces récits pourrait participer au projet de territoire en lien avec les acteur.rice.s institutionnel.le.s et les acteur.rice.s locaux.les.

Dans le cadre du projet CREATION, deux parcours ont été organisés, l’un à Margny-lès-Compiègne, l’autre à Villejuif avec l’appui de supports numériques tels que des smartphones permettant des échanges de textos, des enregistrements sonores, des prises de photographies et de vidéos, ainsi que de nombreuses discussions entre les participant.e.s. Chacun de ces parcours a été suivi d’un atelier avec les participant.e.s volontaires et les artistes plasticien.ne.s invité.e.s.

En synthèse, il est apparu que la question du « sensible » n’est pas et ne peut être abordée dans le projet urbain tel qu’il est structuré actuellement suivant un discours exclusivement politique et juridique. Les envies d’expression des citoyen.ne.s n’y trouvent pas leur place du fait de l’instrumentation de la parole et ce malgré l’organisation d’assemblées participatives et créatives.

La démarche Intertexting permet dans ce contexte de redonner la parole aux habitant.e.s et aux non-professionnel.le.s et de placer leurs ressentis, leurs expériences sensibles individuelles au centre du diagnostic urbain. Cette démarche permet en outre de montrer une autre lecture du territoire – la beauté du lieu – et contribue à enrichir un diagnostic urbain classique, suivant le principe d’une superposition de strates et du séquençage de points de vue.

 

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Publications

Article

Cedissia About, Émeline Bailly, Nathalie Blanc, « Intertexting, une démarche participative de cocréation en appui des pratiques urbaines », Perspectives on Contemporary Research, Les cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère, 2021.

 

Stages

Halaire Ophélie, Parcours sensibles et démarche Intertexting. Intégrer les perceptions citoyennes dans le diagnostic urbain, Master 2 Espace et Milieux – Territoires Écologiques, Université Paris Cité, 2021.  

Vialle Gabrielle, La méthode Intertexting : construction d’un diagnostic sensible de l’environnement en milieu urbain par la réalisation de promenades-ateliers, Intertexting, Master 2 Espace et Milieux – Territoires Écologiques, Université Paris Cité, 2021.

 

 

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