Chaque année universitaire, le Centre des Politiques de la Terre questionne les effets de ses termes – « centre », « politiques » et « terre » – et de leurs chaînes d’interdépendance en organisant mensuellement des séminaires interdisciplinaires – invitant des scientifiques extérieur.e.s au Centre et issu.e.s des sciences naturelles et expérimentales & des sciences humaines et sociales – sur une problématique particulière. Chacune des séries de séminaires du Centre se conclut avec un colloque convoquant des jeunes chercheur.se.s extérieur.e.s au Centre à présenter leur propre recherche sur la problématique travaillée pendant l’année.

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S’engager pour l’habitabilité de la Terre

 

L’engagement dans les causes écologistes est perçu comme nécessaire face aux faiblesses de l’action publique. Cet engagement se fait souvent dans le registre de l’action concrète, ce qui n’exclut pas le registre protestataire ou judiciaire, et peut être analysé comme un enchaînement de moments d’investissement qui modifient les interactions avec l’environnement selon une logique incrémentale. S’engager pour l’habitabilité de la Terre, c’est en conséquence, que l’on soit un individu, une organisation ou encore un territoire, supporter des actions qui mettent à l’épreuve les convictions, autant que l’identité et le rapport aux autres, dans une modification des modes d’habiter le globe à toutes échelles.

Nous explorerons sur un plan théorique et empirique ces questions au travers d’interventions donnant place à des savoirs de base, sur des thèmes qui visibilisent des luttes, ou encore en faisant intervenir des mobilisations particulières.

Session 1

S’engager

Joëlle Zask – philosophe spécialisée en philosophie politique et pragmatique (Université Aix-Marseille, Centre Norbert Elias) – et Pablo Jensen – physicien (CNRS, ENS Lyon) et chargé de mission du groupe Transition écologique à l’ENS de Lyon – nous offriront deux perspectives de cadrage à la notion d’engagement. Cette session posera les bases du nouveau cycle de séminaire du Centre des Politiques de la Terre et sera animée par sa directrice Nathalie Blanc – géographe (Université Paris Cité, CNRS, LADYSS).

15 septembre 2023 / 10h00 à 12h30 / Salle 264E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 10 rue Françoise Dolto, hall E, deuxième étage, première porte à droite.

 
Session 2

Habiter un monde nucléarisé ?

Maël Goumri – postdoctorant en sociologie des sciences et des techniques (IFRIS, CERMES3, Université Paris Cité) – animera une discussion entre Bernadette Bensaude-Vincent – philosophe et historienne des sciences, professeur émérite (Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne), membre du comité d’éthique de l’Andra – et Bernard Laponche – physicien nucléaire, expert en politique énergétique, membre de l’association Global Chance, ancien ingénieur atomique du CEA – sur les manières de s’engager aux côtés des infrastructures socio-ingénieriques nucléaires : l’une avec une approche extérieure questionnant la survalorisation des risques et l’un avec un vécu de l’intérieur appelant à la reconnaissance des incertitudes.

25 octobre 2023 / 10h00 à 12h30 / Salle 064E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 10 rue Françoise Dolto 75013 Paris, hall E, première salle à droite.

 

Session 3

Les sciences face aux crises environnementales et sanitaires : quelles implications pour les politiques publiques ?

Anneliese Depoux – sciences de la communication, UPC Centre Virchow-Villermé, membre du Centre des Politiques de la Terre – animera la rencontre entre l’anthropologue politique Lætitia Atlani-Duault – Ceped UPC-IRD, Vice-Présidente Europe de l’Université Paris Cité, et Présidente de l’institut Covid-19 Ad Memoriam – et le philosophe moral et politique Bernard Reber – CEVIPOF CNRS Sciences Po, membre du Centre des Politiques de la Terre. Atlani-Duault, à partir de son expérience de membre du Conseil scientifique Covid19 auprès du gouvernement, s’interrogera sur les rapports complexes entre scientifiques, autorités politiques et médias en temps de crise, et sur les enseignements qui pourront en être tirés pour de futures crises (deux de ses récents ouvrages, Spiritualités et pandémie, Albin Michel 2021 et Religions et fin de vie, Fayard 2023, serviront d’illustrations) et Reber reviendra sur ses « laboratoires » de recherche – les conventions citoyennes sur le Climat et sur la Fin de vie – pour revisiter dans de tels contextes la notion d’engagement, que ce soit celui de citoyen.ne.s tiré.e.s au sort et celui de scientifiques, impliqués à différents niveaux de responsabilités et d’expertise.

24 novembre 2023 / 10h00 à 12h30 / Salle 227C de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 Esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris, hall C, deuxième étage, première salle à droite.

 

Session 4

Des pratiques professionnelles qui engagent et qui s’engagent

La géophysicienne spécialisée sur les microparticules identifiant les pollutions de l’air, Mélina Macouin – CNRS, GET -, le géophysicien spécialisé sur l’énergie solaire, Jean Chéry – Laboratoire Géosciences, CNRS, Université de Montpellier – et la psychanalyste clinicienne spécialisée sur les impacts de la crise écologique sur les psychés des adolescent.e.s, Isée Bernateau – UFR IHSS, UPC – discuteront de l’enjeu de comprendre ce qui fait que des chercheur.se.s se mettent à interroger leurs pratiques et ce que chacun.e trouve dans cette bifurcation en matière de recherche. Cette session sera animée par la géophysicienne et psychosociologue spécialisée sur les crises et les risques, Maud Devès – IPGP, UFR IHSS, UPC et membre du Centre des Politiques de la Terre.

21 décembre 2024 / 10h à 12h30 / Salle 411B de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 Esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris, hall C, prendre la première à droite, au fond du couloir emprunter l’escalier à droite, quatrième étage, la première salle à droite des toilettes.

 

Session 5

Subsistance et résistances

Subsistance, entre-subsistance, auto-subsistance sont des termes variés employés pour indiquer une proposition de transformation sociale radicale à partir d’une réappropriation collective des conditions de satisfaction des besoins de base, en lien avec un milieu de vie et en s’autonomisant du marché global. Pour la perspective de la subsistance, s’engager pour l’habitabilité des milieux et de la Terre implique se réapproprier le contrôle sur la production de la nourriture, du logement, du soin de soi et des êtres avec lesquels on cohabite, pour répondre à ces besoins non pas par le biais de la relation marchande et anonyme mais par la coopération, l’entraide et la construction de communautés vicinales. Contre la division sexuelle et internationale du travail de reproduction de la vie, contre l’exploitation des milieux et la destruction des communs naturels, est-ce que la subsistance peut représenter une forme de résistance et de production de changement ?

La sociologue du travail et du genre Geneviève Pruvost – Cems, EHESS, CNRS, auteure de Quotidien politique – et l’ingénieur agronome et docteur en écologie François Léger – INRAE, AgroParisTech – en parleront avec la philosophe Germana Berlantini – post-doctorante du Centre des Politiques de la Terre.

25 janvier 2024 / 10h à 12h30 / Salle 470E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 3 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris, hall E, prendre l’escalier de gauche, monter au quatrième étage, traverser le hall jusqu’à la première salle à gauche.

 

Session 6

Femmes, luttes et milieux : s’engager contre l’accaparement du monde rural en Abya Yala

Pendant cette séance du séminaire « S’engager pour l’habitabilité de la terre », nous aborderons le thème de l’engagement des femmes et des engagements féministes pour l’habitabilité de la terre à partir du contexte de l’Amérique latine, ou Abya Yala selon une dénomination du peuple Kuna revendiquée par plusieurs communautés autochtones. Trois chercheuses qui ont travaillé sur les luttes des femmes paysannes, indigènes ou afro-descendantes dans ces régions nous aideront à comprendre pourquoi les femmes sont en première ligne dans la lutte contre l’extractivisme, l’agrobusiness, la déforestation, quels modèles alternatifs elles proposent et quels sont les rapports entre ces mobilisations et l’écologie conservationniste du système des parcs nationaux. À la lumière de leurs recherches, nous explorerons l’intersection entre le genre, la race, la classe et les écologies pour réfléchir à ce qu’est un environnement habitable du point de vue des femmes et des communautés du Sud global.

Nous en discuterons avec la philosophe et sociologue Jules Falquet – Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques de la Philosophie, Université Paris 8 -, la sociologue Héloise Prévost – CESSMA, IRD, Université de Paris – et l’anthroplogue Renata Machado Freitas – Centre des politiques de la Terre, Cité du Genre, Université Paris Cité. La discussion sera animée par la philosophe Germana Berlantini – Centre des politiques de la Terre, Université Paris Cité.

22 février 2024 / 10h à 12h30 / salle 244E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris, prendre l’escalier de droite, monter au deuxième étage, traverser le hall, prendre le couloir de gauche, après les toilettes, chercher la troisième porte à droite.

 

Session 7

Les écologies des santés — Exceptionnellement, la session 7 du cycle de séminaires « S’engager pour l’habitabilité de la Terre » prend la forme d’une journée d’étude.

Cette journée d’étude vise à enquêter sur ces multiples formes d’engagement de la recherche qui ont émergé autour du lien entre les toxicités et les santés. Des luttes pour la régulation des polluants à celles pour la reconnaissance et la prévention des maladies professionnelles, des nouvelles techniques de captation pour mesurer les expositions au développement d’une théorie « écologique » de la carcinogenèse, les contributions réunies au cours de cette journée incarnent diverses manières de s’engager face aux enjeux de justice environnementale de notre temps.

28 mars 2024 / 10h à 12h30 / salle 478F de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 3 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris, prendre l’escalier à droite, montez au quatrième étage, traversez le hall – passez l’amphithéâtre 13F, prendre le couloir à droite, dernière salle à droite.

Programme

 

Session 8

Quelles politiques pour les limites planétaires ?

Les neuf limites planétaires représentent des indicateurs pour évaluer et surveiller l’impact des activités humaines sur la planète. Elles ont été quantifiées comme des seuils au-delà desquels les équilibres terrestres risqueraient d’être irrémédiablement perturbés. Le cadre théorique des limites planétaires a été proposé comme un référentiel capable de rassembler les multiples dimensions de la crise écologique et environnementale, dépassant ainsi une approche purement centrée sur le climat. Au fil du temps, ce référentiel a été enrichi d’une prise en compte des différences sociales en matière d’impact environnemental et d’accès aux ressources écosystémiques, dans le cadre d’une réflexion sur les enjeux de justice sociale.

Cette séance du séminaire du Centre des politiques de la Terre vise à approfondir le dialogue entre l’écologie politique et les limites planétaires : comment la gouvernance environnementale et les mouvements sociaux ont-ils abordé ce référentiel ? Comment mobiliser localement le cadre des limites planétaires pour évaluer les politiques publiques ? Comment calculer équitablement les seuils pour chaque territoire ?

Nous en discuterons avec la professeure en évaluation environnementale Natacha Gondran – UMR 5600 EVS, École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne – et le politiste Joost de Moor – CEE, Sciences Po. La séance sera animée par la géographe Nathalie Blanc – LADYSS, CNRS et Directrice du Centre des Politiques de la Terre.

 

Session 9

Mondes en traduction : un dialogue interdisciplinaire autour d’une étude de cas

Lors de cette session, la chercheuse en langues et littératures françaises et francophones Myriam Suchet – THALIM, Sorbonne Nouvelle et Directrice du Centre d’études québécoises – et la juriste spécialisée en biotechnologie Marie-Angèle Hermitte – directrice de recherche en retraite, CNRS ; directrice d’études, EHESS – se pencheront sur une étude de cas où humain.e.s et non-humain.e.s coexistent au sein d’un même territoire. Rivières, castor.ette.s, forêts, agriculteur.rice.s et paysan.ne.s, partageant le même espace de vie, posent le problème de repenser les formes politiques et juridiques de la cohabitation.

Entremêlant leurs compétences respectives en droit de la Nature et en recherche-création, Hermitte et Suchet chercheront ainsi à rendre saillantes les manières dont le geste de la traduction (avec ses possibilités, ses limites et ses écueils) peut donner la voix à des non-humain.e.s (animaux, végétaux et écosystèmes) au sein d’un tribunal de justice. Cette session expérimentale sera animée par la chercheuse en lettres Mara Magda Maftei – université de Bucarest ; IIAC, EHESS. Ainsi la traduction viendra ici poser la question en creux des nouvelles alliances entre recherche et art, recherche et action : de quelles formes de transdisciplinarité avons-nous besoin pour nous engager pour l’habitabilité de la Terre ?

 

Session 10

L’engagement, le sacré, les religions : une entrée par le christianisme

La dernière séance du séminaire S’engager pour l’habitabilité de la Terre sera dédiée au rapport entre écologie et sacré : Comment les religions, et plus en particulièrement les monothéismes, s’engagent-ils face à la crise écologique et environnementale ? Le sacré, dans un sens confessionnel et plus largement spirituel, est étroitement lié aux manières d’habiter et d’aménager les territoires. C’est la thèse du géographe Étienne Grésillon – LADYSS, UPC – qui nous proposera une analyse du jardin en tant que lieu d’une écologie du quotidien et de son rôle dans l’histoire polyphonique du christianisme. La philosophe Cécile Renouard – département Éthique philosophique et théologie morale, Centre Sèvres Paris, Faculté Jésuites ; cofondatrice du Campus de la Transition – apportera une perspective plus contemporaine, analysant la manière avec laquelle les engagements écologistes confessionnels associent des pratiques spirituelles de reconnexion à plus que soi avec des cultures de l’éco-responsabilité et de la sobriété.

La séance sera animée par le philosophe morale Bernard Reber – CEVIPOF, Sciences Po ; membre du Centre des Politiques de la Terre.

 

Ce cycle de séminaires a été coordonné par Germana Berlantini et Anne-Sophie Milon.

 

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