C’est avec douleur que le Centre des Politiques de la Terre a appris la disparition de Bruno Latour.
Bruno Latour, juillet 2022, participant à l’école d’été OZCAR (Observatoires de la zone critique, applications et recherche) sur les pentes de la vallée de Barcelonnette.
© Camille de Chenay
Bruno fut l’initiateur en 2014 d’un programme de recherche commun aux Universités Paris Descartes et Paris Diderot, à l’Institut de physique du Globe de Paris et de Sciences Po Paris appelé « Politiques de la Terre à l’épreuve de l’anthropocène », qui rassembla à l’époque 22 équipes de recherches allant de la sociologie à la spectrochimie.
Ce programme est l’ancêtre du Centre des Politiques de la Terre, repris et dirigé ensuite par Nathalie Blanc.
Infatigable artisan de la collaboration entre disciplines académiques, fin connaisseur des pratiques scientifiques de la recherche dont il avait fait l’objet de sa thèse, Bruno Latour mettait en avant l’idée importante que l’Anthropocène, ce « nouveau régime climatique » selon son expression, cette période où se rencontrent l’histoire des humains et l’histoire de la planète, rebattait les cartes de la division entre les sciences sociales et humaines et les sciences de la nature au sens large.
Pour inventer de nouvelles politiques de la Terre, c’est-à-dire, apprendre à co-exister avec la planète, nous devons faire se parler toutes les sciences, en respectant profondément leurs expertises, mais en tissant point à point entre elles de nouvelles collaborations qui associent aussi les acteurs concernés.
Fervent admirateur des observatoires de terrain, ces lieux ou les scientifiques de la Terre l’instrumentent pour en percevoir les pulsations, en particulier des observatoires de la zone critique, et de la théorie Gaia (proposée par James Lovelock), l’héritage de Bruno Latour éclairera sans doute pour bien longtemps nos manières de concevoir la Terre et les relations que nous devons entretenir avec elle.