Titre de thèse

Résumé de thèse

L’ensemble des oeuvres de Tolkien liées à l’univers inventé d’Arda est souvent décrit comme la création d’un monde imaginaire. Pourtant, au-delà de son apparente évidence, l’emploi du terme « monde », dont la définition n’est pas toujours claire, entretient une vision fantasmée de l’oeuvre de Tolkien comme une entreprise démiurgique gratuite. Dans la présente thèse, on examine, à travers l’exemple des bandes dessinées humoristiques et parodiques françaises, la manière dont cette tendance de réception a entraîné la reconfiguration du genre fantasy autour d’une injonction à créer des mondes imaginaires crédibles. Les mécanismes de cette reconfiguration générique sont analysés depuis la perspective de la narratologie postclassique. En particulier, les outils de la narratologie cognitive et transmédiale permettent de mettre en évidence un glissement de la conception des univers imaginaires, allant de leur fonctionnement basique comme storyworlds, consistant à fournir un ensemble d’informations qui permettent la compréhension du récit, vers la vision en partie fantasmée des « mondes » comme créations autonomes, dépassant voire transcendant le travail narratif et littéraire. La mise en évidence de ce glissement permet de comprendre pourquoi l’humour de la fantasy cible souvent spécifiquement les processus d’invention de monde « à la Tolkien » (worldbuilding et worldmaking). Au-delà de ce cas, notre étude apporte un éclairage plus large sur les pratiques actuelles de création reposant sur la mise en valeur des univers inventés, notamment dans les adaptations ou extensions narratives d’oeuvres dans les genres contemporains de l’imaginaire.

Mots-clés :

Tolkien, storyworld, narratologie cognitive, narratologie transmédiale, fantasy, genre littéraire, bande dessinée, parodie.

Jury de thèse

• Vivien Bessières, maître de conférences HDR de langue et littérature françaises, Université de Limoges (rapporteur)
• Gaspard Delon, maître de conférences d’études cinématographiques, Université Paris Cité (examinateur)
• Vincent Ferré, professeur de littérature comparée, Université de la Sorbonne nouvelle (examinateur)
• Henri Garric, professeur de littérature comparée, Université de Bourgogne (rapporteur)
• Anaïs Goudmand, maîtresse de conférences de littérature française et sciences de l’information et de la communication, Sorbonne Université (examinatrice)
• Sylvie Patron, professeure de littérature française, Université Paris Cité (directrice)
• Marie-Laure Ryan, chercheuse indépendante, USA (examinatrice, en visioconférence)