Cultures et Médias

Présentation

            Au sein du CERILAC, cet axe se veut un espace d’ouverture, permettant en particulier de fédérer des projets de recherche interdisciplinaires. Cet axe est ainsi conçu comme un lieu de rencontre entre des disciplines, des approches et des traditions de recherche. Les travaux de Cultures & Médias ont pour objet l’étude des productions des industries et des institutions culturelles, des films, des séries télévisées, des œuvres littéraires et théâtrales sous tous leurs aspects, des processus de production et d’usage aux formes de réception par des publics divers.

            Ces recherches se placent donc dans le champ de disciplines établies, tout en s’inscrivant volontiers dans le sillage des cultural studies ou des études culturelles, et au sein de la constellation de champs de recherche spécifiques que les cultural studies permettent justement de déployer : gender et queer studies, postcolonial studies, mais aussi médiation culturelle, intermédialité et archéologie des médias, industry studies, histoire culturelle, enfin.  La diversité de ces domaines reflète la complexité du champ social, politique et culturel que les études culturelles visent à analyser.

            L’une des ambitions spécifiques de Cultures & Médias est de poursuivre le décloisonnement de la recherche en études cinématographiques au sein du CERILAC. Cultures & Médias permet de fait de donner davantage de visibilité aux approches économiques et industrielles du cinéma et de l’audiovisuel, ainsi qu’aux études portant sur la réception et les pratiques spectatorielles, ou encore sur les genres cinématographiques.

            Une attention particulière sera en effet portée dans Cultures & Médias aux questions génériques (genres littéraires, cinématographiques, théâtraux, sériels…), que l’axe se propose d’aborder dans une visée résolument interdisciplinaire. Un premier projet scientifique, « le policier dans tous ses genres », porté par Marc Vervel, est d’ores et déjà lancé, et explore les genres policiers et criminels (littérature, cinéma, séries, théâtre), envisagés dans une perspective inter et transmédiatique, mais aussi comparatiste. Si le roman et le film policier ou noir ont conquis leurs lettres de noblesse, si le genre continue de se développer avec un succès jamais démenti et nourrit quantité de séries, la légitimité artistique des œuvres reste toujours fragile. Dans le contexte universitaire français ou international, rares sont les équipes qui s’y consacrent, quand la fantasy occupe une place bien plus marquée. Associant recherches en littérature et en cinéma, en études intermédiales, ce projet voudrait participer à une meilleure prise en compte des enjeux spécifiques au « policier dans tous ses genres » en redonnant un rôle central à ses modes spécifiques d’historicité.

L’idée serait en particulier de développer les directions suivantes :

1/ D’abord de combler un manque scientifique avec un programme d’édition critique de textes sous format numérique, qui fera l’objet d’un projet ANR. Il portera sur les romans « proto-policiers », ou romans policiers « émergents » datant du XIXe siècle. L’enjeu consiste à (re)publier des textes souvent négligés, à en éclairer les circonstances d’écriture, de publication et de réception.

2/ Il conviendra aussi d’étudier l’histoire du genre, dans une perspective résolument comparatiste et transmédiatique en contexte mondialisé. Si les études comparatistes se sont longtemps penchées sur les relations entre la sphère anglo-saxonne et la sphère française, cette approche est à élargir. D’autres pays ont vu naître très tôt une production policière, et l’histoire du genre est aussi celle de croisements multiples, d’allers et retours transmédiatiques de toutes sortes s’effectuant dès le XIXe siècle et loin de concerner le seul « Occident ». Il s’agit de travailler collectivement à une histoire élargie des multiples productions de discours saturant ce genre policier dès sa « naissance », et intégrant la question de la critique et de son statut à la pensée de ce que peut être la fiction policière.

3/ Enfin on s’intéressera aux questions de style de ce genre (littérature, cinéma, séries). La littérature dite « populaire » et de genre a été longtemps considérée comme dénuée par essence de « style ». Dans le sillage des travaux de Mathieu Letourneux, on s’intéressera au style de la sérialité. On testera la cohérence de corpus longtemps considérés comme associés à un « style » figé (le roman à énigme britannique des années 1920 et 1930, le roman noir américain des années 1930 et 1940, les publications de la Série noire ou du Fleuve noir dans les années 1940 et 1950). On travaillera sur le style des traductions de romans policiers, en s’intéressant aux styles, parlures et idéologies dans le roman et film policier noir des années 1930 aux années 1980.

Pour l’année 2024-2025 : Activités en cours 

1/ Séminaire « Cultures et Médias »

Pour cette première année, seules quelques séances seront organisées pour accompagner le lancement de l’axe.

1ère séance, mardi 10 décembre 2024 (17h, bibliothèque Seebacher) : « la fiction policière dans tous ses états : littérature et séries télévisées ». Rencontre avec Emmanuelle Delanoë-Brun (Université Sorbonne Nouvelle) et Natacha Levet (Université de Limoges) à propos de leurs récents ouvrages : Passions criminelles (Tours, PU François-Rabelais, 2023) et Le Roman noir : une histoire française (Paris, PUF, 2024).

2/ Colloque international « True Crime : hybridités d’un genre sériel populaire »

16 et 17 janvier 2025, amphi Turing, bâtiment Sophie Germain

Organisé par Pierre-Olivier Toulza et Emmanuelle Delanoë-Brun. Plusieurs collègues du CERILAC y sont associé.e.s (G. Delon, E. Hamel, M. Kuzin, M. Vervel)

https://u-paris.fr/cerilac/colloque-true-crime-hybridites-dun-genre-seriel-populaire/