Rencontre-débat « Écrire et penser avec l’histoire »
Invité : Ángel Clemente Escobar :
Penser et écrire l’histoire de la ville insurgée
Mardi 24 octobre 2023, 18h-19h30
Bibliothèque Jacques-Seebacher
Grands Moulins, escalier A, deuxième étage
Discutant : Olivier Ritz
Résumé
L’insurrection est intimement liée à la ville puisque c’est en son sein qu’elle atteint sa plus grande répercussion dans le contexte politique. Son explosion est à mettre en rapport avec l’entrée dans la Modernité ou l’une de ses répétitions cycliques de crises et moments de convulsion, et il est difficile d’imaginer une autre ville davantage identifiée avec l’imaginaire insurrectionnel que Paris. Sa tradition révolutionnaire, antérieure à la célèbre date de 1789, parle déjà d’abus de pouvoir despote, de misères et de rébellion, de masses affamées se soulevant devant les bâtiments publics, de forces de l’ordre chargeant pour disperser la foule… Mais l’ampleur atteinte lors de son développement postérieur à cette date fait d’elle un authentique archétype de la ville insurgée.
La flamme de l’insurrection renaît en 1968, mais ce n’est pas dans les quartiers populaires ou les usines cette fois. C’est l’université qui allume la mèche. Si dans un premier temps, nous pouvons inscrire ces événements dans un contexte global plus large, l’ampleur que les protestations atteignent dans le cas de Paris –jusqu’à déboucher sur la plus grande grève de France au XXe siècle– rejoint directement cette tradition révolutionnaire héritée.
Dans la première partie de cette conférence, il s’agira d’esquisser très brièvement comment on en arrive à cette idée de lire la ville comme un discours idéologique, en rappelant les sources dans lesquelles puise cette analyse de l’espace urbain. Ensuite, dans la lignée de Walter Benjamin, Henri Lefebvre ou David Harvey plus récemment, nous illustrerons cette perspective analytique tout au long du XXe siècle, puis nous en soulignerons les nouvelles lectures possibles. Enfin, la deuxième partie sera consacrée à l’analyse d’un espace concret à un moment très précis de l’histoire, à savoir les Champs-Elysées et l’Arc de Triomphe lors de l’insurrection universitaire et ouvrière de mai 1968.
Notice biographique
Enseignant-chercheur en littérature française et comparée à l’Université de Grenade et chercheur visiteur au CERILAC pendant l’automne 2023, Angel Clemente Escobar est agrégé d’espagnol et Docteur international en littérature comparée de l’Université Complutense de Madrid. Lors de sa période postdoctorale, il a travaillé au sein de différentes universités françaises. Sa thèse de doctorat, qui porte sur les représentations littéraires de Mai 68 à Paris, vient d’être publiée en Espagne sous le titre El París insurrecto como imaginario : Mayo del 68 en la literatura. Spécialiste en théorie et poétique de l’espace, il a récemment coordonné le numéro 17 d’Atlante, revue d’études romanes, intitulé Socio-poétiques urbaines : construire le discours social de la ville dans la littérature. Il est actuellement membre associé des laboratoires HCTI, de l’Université Bretagne-Sud et du CECILLE, de l’Université de Lille, ainsi que membre du groupe de recherche Viajar por la ciudad. Representaciones literarias y artísticas del espacio urbano de l’Université Complutense de Madrid.