Ciné-club Barberousse. Médecine et soin au cinéma fait son retour pour une nouvelle saison 2022-2023. Nous vous présentons les quatre séances du premier semestre à visionner chaque mois le samedi matin au cinéma Nouvel Odéon, Paris 6ème.
Affiche pour le cinéma Barberousse avec les films présentés pour la saison 2022-2023.
© Paul Raymond Cohen
ll sollicite les ressources du cinéma pour rendre sensibles les enjeux de soin, au sens le plus vaste du terme. Il projette des films qui rappellent que nous sommes tous vulnérables et, à des titres divers, soignants et soignés. Des films qui font percevoir les valeurs et difficultés du soin, comme l’avait fait A. Kurosawa dans son chef d’oeuvre Barberousse.
Les discussions interrogent les enjeux psychiques, éthiques et politiques du soin que le cinéma aide à mieux voir et à mieux formuler. Il ne s’agit pas d’illustrer un propos, mais de réagir, pendant les projections, chacun(e) dans son for intérieur, puis collectivement grâce à des échanges entre les organisateurs, les spectateurs et les invité(e)s. Les films, choisis pour leur capacité à mobiliser par eux-mêmes émotions, réflexions et interrogations, sont ainsi partie prenante d’une recherche qui associe praticiens du soin (médical ou autre), spécialistes et professionnels du cinéma, philosophes et chercheurs en sciences humaines et sociales, spectateurs de tous horizons.
Depuis sa création en 2017, le ciné-club a notamment présenté Cléo de 5 à 7 d’A. Varda, Titicut Follies de F. Wiseman, Cris et chuchotements d’I. Bergman, La Mort de Dante Lazarescude C. Puiu, A tombeau ouvert de M. Scorsese, Still the Water de N. Kawase, Elephant Man de D. Lynch, Arguments d’O. Zabat, La Fille inconnue de J.-P. et L. Dardenne, Million Dollar Baby de C. Eastwood, De chaque instant de N. Philibert, Jeanne et le garçon formidable d’O. Ducastel et J. Martineau, etc.
Programmation
17 septembre 2022 : Les Heures heureuses de Martine Deyres (2019)
« Entre 1939 et 1945, plus de 40 000 internés sont morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe, l’asile d’un village isolé du centre de la France : Saint-Alban-sur-Limagnole. Que s’est-il passé, ici et nulle part ailleurs, qui ait fait exception ? La réponse se trouve peut-être dans ces quelques heures de films amateurs que j’ai par hasard retrouvés et qui, surgissant du passé, viennent témoigner des milles et unes inventions quotidiennes d’un lieu de résistances. »
15 octobre 2022: Madres Paralelas de Pedro Almodovar (2021)
Deux femmes, Janis dans la quarantaine et Ana, encore adolescente, accouchent en même temps. Elles se lient d’amitié à la maternité. Elles ont chacune une fille. Bientôt, Janis, qui adore son bébé, a des doutes sur le fait que sa petite Cecilia soit bien son enfant. De test ADN en retrouvailles avec Ana, puis de faux-semblants en double jeu, se met en place une sorte de marivaudage tendu des émotions maternelles, des désirs féminins et des formes innombrables que prend l’amour. Ce labyrinthe des relations intimes de deux femmes trouve à s’inscrire dans l’histoire collective et au long cours des crimes franquistes et du rapport à la mémoire qui travaille toujours l’Espagne.
19 novembre 2022 : Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (1997)
Classique du film d’anticipation, Bienvenue à Gattaca met en scène une société eugéniste qui confond prédispositions génétiques et prédestination, néglige l’épigénétique et le social, et instrumentalise la médecine au service d’un ordre politique et social qui fait fi de la liberté individuelle. Ce que les personnages tentent d’y introduire de rêve, d’inventivité et de subversion vient contrer le façonnement des corps et des désirs, des identités et des liens par un dévoiement de la médecine.
17 décembre 2022 : De Humani Corporis Fabrica de Lucien Castaing Taylor et Verena Paravel (en avant-première)
Ce film, réalisé principalement dans les hôpitaux Bichat et Beaujon, par deux anthropologues, déjà auteurs du film majeur, Leviathan (2014), entreprend une exploration du corps humain, comme objet de soins mais aussi comme toujours connecté à d’autres «corps», humains et non humains. Il construit une perception de corps enchâssés, reliés entre eux par des câbles et par des mots, des couloirs et des machines, par des savoirs multiples, des affects et des procédures. Immergés de longs mois à l’hôpital, les réalisateurs ont conçu une caméra leur permettant de s’approcher au plus près d’interventions chirurgicales en cours. Ils ont effectué un travail de montage entre leurs images et celles enregistrées par les instruments médicaux qui se révèle un travail poétique, une composition pour percevoir, sentir, penser autrement. Le film accompagne notre cheminement intérieur qui consiste à se demander pourquoi nous avons tant de mal à regarder l’intériorité du corps, ce qui nous compose et qui nous fait vivre. Le film offre un extraordinaire travail visuel, des images étrangement fascinantes, mais aussi sonore où se font aussi entendre les jeux de relations entre des êtres en situations violemment inégalitaires –patients et soignants.
Discussions animées par François Crémieux, directeur général de l’Assistance-Publique Hôpitaux de Marseille, Jean-Michel Frodon, critique de cinéma et professeur associé à Sciences-Po, et Céline Lefève, maîtresse de conférences en philosophie, directrice de l’Institut « La Personne en médecine » (Université Paris Cité). Tarif : 7 euros au cinéma Nouvel Odéon, 6 rue de l’École de Médecine
75006 Paris. En partenariat avec la revue Esprit et la Chaire Philosophie à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu (AP-HP/ENS)
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