Journée d’étude
Femmes d’Image, Images de femmes
Pour une approche transversale de la place des femmes dans les cinémas d’Europe centrale, orientale et balkanique
Université Paris Cité (Campus des Grands Moulins)
Le 10 juin 2026
Comité d’organisation :
- Léa Dabrowski (Université de Caen Normandie)
- Garance Fromont (Université Paris Cité, Cefres)
- David Vasse (Université de Caen Normandie)
Comité scientifique :
- Naïma Berkane (Sorbonne université)
- Frédérique Berthet (Université Paris Cité)
- Mathieu Lericq (Université Lumière Lyon 2)
- Clara Royer (Sorbonne université)
- Cécile Rousselet (EHESS)
© Archives d’Esther Krumbachova
De La Mère (Мать, 1955) de Dovjenko au personnage d’Agnieszka (Krystyna Janda) dans L’homme de marbre (Człowiek z marmuru, 1977) de Andrzej Wajda, ou Veronika (Tatiana Samoïlova) l’héroïne de Quand passent les cigognes (Letiat jouravli, 1957) de Mikhaïl Kalatozov, les cinématographies de l’Est ont su mettre en scène des personnages féminins complexes et magistralement interprétés, qui ont bouleversé les spectateurs à travers le monde. Cependant, ce que nous disent ces héroïnes des sociétés dans lesquelles elles ont été façonnées n’a pas toujours été bien compris, notamment à l’Ouest où elles ont souvent été analysées à partir d’un point de vue occidental. Comme l’ont montré des travaux d’historiens et de spécialistes du genre, les divisions genrées à l’œuvre dans les sociétés socialistes se distinguent largement de celles observées dans le monde de l’autre côté du rideau de fer. Ainsi que le souligne la sociologue Sarah Ashwin dans l’introduction de l’ouvrage collectif intitulé Gender, state and society in Soviet and post-Soviet Russia, le « genre a toujours été un principe organisateur clé du système soviétique » dans la mesure où « les hommes et les femmes avaient des rôles distinctifs à jouer dans la construction du communisme » (Ashwin, 2000 : 1). Cette répartition genrée ne fut pas seulement la base d’un système économique et social, mais consolida également l’autorité d’un régime qui s’est maintenu pendant près de 73 ans, en infusant son modèle dans des États voisins (ibid., 3). Tout au long de l’existence du bloc de l’Est, le cinéma, « le plus important de tous les arts » selon les mots attribués à Lénine, joua indéniablement un rôle dans l’accompagnement de changements sociétaux, autant qu’il en fut le miroir. Cela se manifeste à l’écran par la construction d’archétypes féminins, ou au contraire par des ruptures radicales dans les représentations des rôles sociaux attribués aux femmes d’une période à l’autre (Rojavin, Harte, 2018). Comment écrire une histoire de la représentation des femmes à l’écran dans les cinémas d’Europe de l’Est, centrale et des Balkans ? Quelle est l’évolution de ces représentations et comment accompagne-t-elle les bouleversements politiques et sociaux qui ont influencé les divisions genrées dans ces sociétés, à la fois dans la sphère publique et dans la sphère privée ? Quels apports esthétiques les réalisatrices de cette zone géographique ont-elles proposés et sous quelles formes cinématographiques ? Comment la place des femmes pendant la période socialiste est-elle représentée aujourd’hui par le cinéma contemporain ? Toutes ces questions guideront les réflexions de cette journée d’étude qui visera à dresser un panorama de la place des femmes à l’écran dans les cinémas de l’ancien bloc de l’Est. Les communicant·e·s, spécialistes ou non des cinématographies qui font l’objet de cette journée, pourront inscrire leurs communications dans des approches esthétiques, historiques ou sociologiques selon un ou plusieurs des axes suivants (la présentation des axes détaillée est à retrouver dans le document joint) :
Axe 1 : Histoire des femmes à l’écran, les représentations de personnages féminins et leur évolution dans les pays socialistes
Dans une perspective historique, les communications pourront proposer des études de cas autour d’un ou plusieurs films, réalisés par des hommes ou des femmes, pour étudier les représentations de personnages féminins à l’écran, et ce qu’elles disent des divisions genrées dans leurs sociétés respectives. Elles pourront s’intéresser aux formes esthétiques mobilisées à l’écran pour traduire ces expériences féminines. Selon quelles modalités les enjeux de genre rencontrent-ils des questions idéologiques ? Elles pourront enfin examiner les stéréotypes de genre, en explorant comment ils peuvent servir ou non des intérêts idéologiques, en engageant un échange entre les époques et les nations, dans une approche comparatiste.
Axe 2 : Faire sortir les femmes des « marges de l’histoire » (Mazierska, 2001), regards contemporains sur des enjeux passés
On pourra ainsi s’intéresser à la manière dont le cinéma contemporain dans ces territoires représente, interroge, ou propose une relecture de la période communiste, d’un point de vue féminin, ainsi que les modalités esthétiques et génériques de ce regard sur le passé. Les communicant·e·s pourront étudier le dialogue qu’entretiennent les représentations cinématographiques avec les politiques mémorielles mises en place (ou non) dans ces pays. Une attention particulière pourra être portée à la place des figures féminines dans la manière dont le cinéma participe à l’élaboration d’une mémoire collective de la période communiste dans toute sa complexité.
Axe 3 : Pour une histoire d’un cinéma féminin/féministe à l’Est
Des analyses politico-esthétiques autour du langage formel des films des réalisatrices et la manière dont ils peuvent traduire un engagement politique pour l’évolution des droits des femmes dans ces sociétés pourront ainsi être proposées, en regard ou non de l’engagement connu des cinéastes elles-mêmes. Des études de réception seront à même d’éclairer les lectures contradictoires de certains de ces films à l’Est et à l’Ouest. Des approches comparatistes pourront également s’intéresser au dialogue formel entre les territoires, dans le cas de cinéastes qui ont étudié dans d’autres pays du bloc de l’Est à l’instar d’Agnieszka Holland, ou encore entre les époques, en proposant d’éventuelles filiations entre des réalisatrices de la période communiste et celles d’aujourd’hui.
Modalités de participation :
La journée d’étude aura lieu le 10 juin 2026 à l’Université Paris Cité (Campus des Grands Moulins).
Les communications dureront environ 30 minutes et seront suivies d’une discussion. Les titres et propositions de communications (400-500 mots) sont à envoyer par mail, accompagnés d’une courte bio-bibliographie d’ici le 1er février 2026 (lea.dabrowski@unicaen.fr, garance.fromont@cefres.cz, david.vasse@unicaen.fr). Les réponses seront envoyées au plus tard le 28 février 2026.
Cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre de la « Quinzaine du genre centre-européen », un événement qui réunira projection, table ronde ainsi que le colloque international « Femmes de(s) Collision(s) : Féminins et narrations dans les modernismes en Europe balkanique, centrale et orientale (1870-1970) ».
Télécharger la version pdf de l’appel à communication
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