Quand

A partir du 19 octobre 2023 de 18h à 20h

Grands Moulins (salle 682C), Besançon et Poitiers

Séminaire ATE : « Les réinventions de l’Antiquité »

Programme

Prenant l’écart comme piste herméneutique pour explorer notre rapport contemporain à l’Antiquité, le prochain cycle de séminaires organisé par Antiquité Territoire des Écarts propose d’explorer en quoi la référence à l’Antiquité peut être l’occasion d’une (re)mise en jeu de nos imaginaires et en quoi il constitue un détour créatif dans des stratégies de démarcation. Comment l’Antiquité se réinvente dans l’actualité ? Deux grands axes sont ainsi envisagés. Premièrement, au travers des milieux scolaires et éditoriaux, il s’agira d’adopter une perspective métadiscursive sur les pratiques pédagogiques et sur les enjeux marketing qui dirigent le marché du livre. Comment enseignants et éditeurs mènent-ils un véritable travail sur les matériaux anciens pour s’écarter des sentiers balisés à l’avance ? Deuxièmement, les différents domaines de la création (danse, théâtre, musique, bande-dessinée, marionnettes, arts plastiques, cinéma mais aussi jeux vidéos) sont souvent l’occasion de convoquer l’Antiquité. S’agit-il de simplement recevoir et reproduire un imaginaire ou au contraire de le remettre en jeu ? Au-delà des images héritées comme un trésor antique, quelles sont les lignes de démarcation qui permettent de réinventer la place de l’Antiquité dans le monde actuel au travers des arts ? Et comment ces créations répondent-elles aussi à des enjeux pédagogiques ?

Un jeudi par mois de 18h00 à 20h00 à l’Université Paris-Cité (salle 695C), Université de Franche-Comté et Université de Poitiers

Jeudi 19 octobre – Pierre M. H. Diouf (Université Cheikh Anta Diop, Dakar) : « Regard africain sur les civilisations occidentales antiques : le cas de la plateforme afrosciences-antiquity » (Besançon)

Jeudi 23 novembre – Laury Nuria André (docteur de l’ENS de Lyon) : « Usages et mésusages de l’Antiquité dans la photographie du XIXe siècle au XXIe siècle » (Paris)

Jeudi 21 décembre – Camille Trouvé et Brice Berthoud (Compagnie Les Anges au plafond, CDN de Normandie) : « Mythe et marionnette : territoires de nos imaginaires intimes et politiques » (Paris)

Jeudi 25 janvier – Blandine Le Callet (Université Paris-Est Créteil, romancière, essayiste, scénariste de BD) et Nancy Peña (autrice de BD et illustratrice) : « Médée en BD: figure antique, enjeux contemporains » (Poitiers)

Jeudi 29 février – Mélanie Bost-Fievet (CéRéDi, Rouen) : « Antiquité et agentivité. Le jeu vidéo comme terrain d’expérimentation de l’imitatio » (Paris)

Affiche téléchargeable

Le jeu vidéo contient une profusion parfois confuse de renvois et clins d’œil à l’univers de la mythologie qui contribue paradoxalement à l’immersion dans le monde secondaire du jeu : plus la contaminatio des modèles est grande, plus elle gomme l’évidence de chaque référence singulière, renforçant l’impression d’explorer un univers à la fois décodable et nouveau. Ma réflexion autour de ces références se situera au carrefour des études sur la réception et des analyses du medium vidéoludique, puisque sa spécificité est de reposer sur l’implication du joueur dans l’interaction avec le monde et ceux qui le peuplent. J’espère donc esquisser quelques pistes autour de ce questionnement : comment l’imitatio antique est-elle mise au service du sentiment d’agentivité dans la progression du joueur ?

Trois mécaniques vidéoludiques font appel à cette agentivité : l’exploration, le combat et le choix. Pour chacune s’opère la réactivation des références antiques telles que les Enfers, la métamorphose ovidienne et la légion romaine. D’abord, je m’intéresserai à la manière dont le RPG d’action-aventure Assassin’s Creed : Odyssey et le rogue-like Hades s’emparent des catabases épiques pour en bouleverser la carte, passant d’une description linéaire à une logique de quêtes dessinant des trajectoires complexes dans un décor aux dimensions nouvelles où le joueur devient héros actif et non spectateur de passage. Ensuite, j’esquisserai les héritages diffus de la métempsychose qui me semblent à l’œuvre dans le temps fort vidéoludique que constituent les combats de boss, dont l’économie joue sur la reviviscence de l’ennemi sous une forme nouvelle, souvent hybridée. Quand ce ne sont pas le joueur et, en même temps que lui, le monde qui se trouvent pris dans un cycle apparemment sans fin de réincarnations amnésiques, comme dans The Forbidden City, jeu de time-loop en huis clos. Enfin, j’essaierai de dégager quelques emprunts à une histoire militaire antique fantasmée dans deux RPG se déroulant dans des univers a priori éloignés de toute référence antique, l’un de fantasy médiévalisante (Skyrim) et l’autre de post-apo (Fallout : New Vegas), pour montrer comment ces signifiants sont convoqués pour informer les choix que doit opérer le joueur dans les conflits qui ravagent le monde avec lequel il interagit.

Jeudi 28 mars – Maxime Pierre (Cerilac, Université Paris-Cité) et Karen Twidle (artiste-chercheuse) : « La réinvention de Médée par l’utilisation de deux traditions scéniques contrastées : le nô et le kathakali » (Paris)

Affiche de la séance

En prenant comme point de départ deux créations distinctes de Médée, l’une tirée d’Euripide et des arts performatifs du Kerala en Inde, l’autre de Sénèque et du théâtre du Japon, nous souhaitons explorer les rouages et enjeux d’une pratique artistique interculturelle. Comment le mythe et le personnage de Médée prennent-ils forme dans la cadre d’une pratique extra-européenne ? Quelle lumière ces formes théâtrales peuvent-elles jeter sur le personnage, la tragédie grecque ou romaine ? Quels sont les enjeux d’adaptation et de traduction dans ce type de création ?

Médéamorfosis a été créé suite à de nombreuses résidences artistiques et de recherche ethnographique en Inde et en France entre 2012 et 2017. L’adaptation, tirée d’Euripide, met en scène le passage à l’acte de Médée, son dialogue intérieur et le dialogue de sourds entre elle et le chœur. Prenant comme source le kathakali (dans la structure de la pièce et la pratique corporelle), et puisant dans d’autres traditions rituelles ou performatives du Kerala (Kutiyattam, Teyyam et Bharani), la création est un seul-en-scène sur toile de fond filmique, chanté en grec ancien. Il s’agira notamment d’explorer comment arriver à un distillé de sens sans perdre la polysémie, ni du mythe, ni du personnage, ni de la forme.

Créé en juin 2023 par la compagnie Sangaku, Medea est une adaptation de la tragédie de Sénèque sous forme de en français. Il s’agissait pour les artistes de réinsuffler de la vie au texte en retrouvant dans l’art du les techniques perdues de la tragédie : le rituel, la danse, la musique, les masques, la choralité. Faire passer Médée dans des techniques japonaises en français, c’était également répéter le geste romain consistant à incorporer les techniques grecques dans la langue latine : une traduction interculturelle. Travail dont nous retracerons les étapes : transposer le texte de Sénèque par la composition d’un livret et d’une musique de nô, puis entrainer des chanteurs et des acteurs à discipliner leur corps et leur voix dans cette forme inédite en français.

Jeudi 25 avril – Gaëlle Bourges (danseuse, chorégraphe, Association Os) et Charitini Tsikoura (chorégraphe et docteure en études théâtrales, Université Paris-Nanterre) : « Danse contemporaine et Antiquité classique : chimères, détournements, pillages » (Paris)

Jeudi 23 mai – Charles Delattre (HALMA, Université de Lille) : « Insatisfactions et rancunes : 200 ans de réformes de l’enseignement des langues anciennes en France »

Informations pratiques

https://labantique.hypotheses.org

Les séances seront organisées en format hybride, avec retransmission simultanée en visioconférence, et seront localisées à l’Université Paris-Cité (site des Grands Moulins, salle 682C), à l’Université de Poitiers et à Besançon, dans l’Université de Franche-Comté.

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