Ces projets ont bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir portant la référence « ANR-21-EXES-0002 ».

Projet GLAM

Titre du projet : Gestures in Language Acquisition Models: The effect of strengthening articulatory representations on L2 production and perception

Porté par : Maud Pélissier

Ce projet étudie le rôle et l’importance des représentations articulatoires dans la perception de la parole en langue seconde (L2) avec pour population cible les apprenants francophones de l’anglais. Lors de l’apprentissage d’une L2, les apprenants doivent acquérir des compétences non seulement dans la production de nouveaux phonèmes, mais aussi dans la perception, et peuvent éprouver des difficultés à distinguer les membres de contrastes phonologiques qui ne sont pas présents dans la première langue (L1), comme par exemple la distinction entre fit et feet en anglais. La relation entre perception et production a fait l’objet d’une attention considérable dans la recherche en L2, certains (par exemple, Fowler, 1986 ; Best, 1995 ; Best et Tyler, 2007) soutenant que cette difficulté perceptive résulte de la tendance des apprenants à percevoir les phonèmes L2 comme des exemples de phonèmes L1 en détectant leurs ressemblances/différences articulatoires, suggérant ainsi la préséance de la production. Pour examiner si le renforcement des représentations articulatoires aide à améliorer la perception précise des contrastes difficiles en L2, notre étude utilise l’articulographie électromagnétique (EMA, méthode dans laquelle des capteurs sont placés sur des articulateurs tels que la langue, les lèvres et la mâchoire tandis que leur positionnement et leur mouvement relatifs sont présents en temps réel sur un écran) pour entraîner les participants francophones à produire des phonèmes anglais. L’EMA a déjà été utilisée comme méthode d’entraînement efficace chez des patients apraxiques ainsi que pour l’accent en L2 (Katz et al., 2014). En ciblant la diphtongue anglaise /əʊ/, que les apprenants francophones assimilent souvent à /o/, notre protocole se compose de 3 étapes : i) des pré-tests comprenant des tâches de décision lexicale et de catégorisation ABX pour évaluer la perception, et les enregistrements EMA pour la production; ii) une séance d’entraînement d’une heure dans l’une des trois conditions suivantes : (1) EMA employé avec retour visuel, (2) groupe contrôle recevant un entraînement en production avec retour acoustique, ou (3) groupe contrôle avec entraînement perceptif (high variability perceptual training, HVPT) ; enfin, iii) des post-tests reproduisant les pré-tests pour évaluer l’efficacité. de l’entraînement avec EMA par rapport au contrôle. Nous émettons l’hypothèse que si les apprenants de L2 s’appuient aussi sur des représentations articulatoires pour la perception, et que ces représentations peuvent être renforcées par un entraînement à la production, alors il s’ensuit que le retour articulatoire visuel basé sur l’EMA devrait améliorer non seulement la production mais aussi la perception des contrastes difficiles de la L2. Ce projet implique le système EMA que nous avons acquis l’année dernière via la plateforme de linguistique expérimentale dans le cadre de l’AAP “Petits et Moyens Equipements”. A travers notre projet GLAM, nous valorisons donc ce système, et nous proposons également de former l’équipe de phonétique et de phonologie de l’UFR d’Etudes Anglophones à l’utilisation de ce matériel, augmentant ainsi les chances qu’il soit “amorti” par une utilisation plus fréquente. L’expérience sur la prononciation de l’anglais que nous proposons de financer à travers GLAM est importante pour notre équipe car 1) elle entre dans le cadre de la thèse de Tacita Black (notre laboratoire ne pouvant pas allouer une telle somme à une expérience scientifique) et 2) elle s’inscrit dans le cadre de (et permet de renforcer) une collaboration cruciale entre notre laboratoire et la plateforme d’imagerie du vivant de notre université puisque GLAM est une étape nécessaire pour une étude ultérieure en IRM fonctionnelle. On peut aussi noter que travailler sur les représentations phonologiques de l’anglais L2 présente des applications pédagogiques concrètes dont pourra bénéficier notre enseignement de la prononciation à l’UFR d’Etudes Anglophones.

Bibliographie

Best, C. T. (1994). The emergence of native-language phonological influences in infants: A perceptual assimilation model. In J. C. Goodman & H. C. Nusbaum (éds.), The development of speech perception: The transition from speech sounds to spoken words (p. 167-224). Cambridge, MA : MIT Press.

Best, C. T., & Tyler, M. D. (2007). Nonnative and second-language speech perception: Commonalities and complementarities. In O.-S. Bohn & M. J. Munro (éds.), Language experience in second language speech learning: In honor of James Emil Flege (p. 13-34). Amsterdam : John Benjamins.

Fowler, C. A. (1986). An event approach to the study of speech perception from a direct-realist perspective. Journal of Phonetics, 14, 3-28.

Katz, W., Campbell, T. F., Wang, J., Farrar, E., Eubanks, J. C., Balasubramanian, A., … & Rennaker, R. (2014). Opti-speech: A real-time, 3D visual feedback system for speech training. In Fifteenth Annual Conference of the International Speech Communication Association.

 

Projet SIMMIL

Titre du projet : recherche-action pour Soutenir l’Insertion des Mineurs Migrants par l’Interaction Linguistique

Porté par : Cristian Valdez et Carlota Piedehierro Sáez

Ce projet d’amorçage vise un double objectif : (a) analyser la situation de l’enseignement de l’espagnol aux mineurs étrangers non accompagnés dans le contexte de la crise migratoire que connaît actuellement la Communauté autonome des Canaries (Espagne), selon les méthodes exposées dans Leclère et Auzanneau (2021) ; (b) évaluer la viabilité d’un projet de collaboration entre l’UFR EILA (Université Paris Cité) et les institutions canariennes dont le but serait de contribuer à l’insertion des mineurs migrants à travers la mise en place d’ateliers d’interaction linguistique entre les mineurs migrants et les étudiants de la Licence LEA (anglais-espagnol). Ces ateliers pourraient avoir un format hybride (en ligne + sur place). L’idée serait de faire participer nos étudiants en tant que polyglottes et usagers de plusieurs langues connues par les migrants (français, arabe, espagnol, anglais, d’autres langues africaines…) dans la conception et, éventuellement, la tenue d’ateliers d’échange linguistique. Pour cette partie du projet, nous comptons sur l’aide de plusieurs collègues de l’université de Las Palmas de Gran Canaria qui travaillent déjà sur le terrain.

Afin de concrétiser le premier objectif, lors de notre séjour nous analyserons, dans un premier temps, le contexte d’urgence qui caractérise l’accueil de mineurs migrants sur l’île de Gran Canaria afin de délimiter les facteurs permettant d’adapter les contenus pédagogiques en fonction de l’espace vécu et du parcours géographique de chaque mineur (cf. Leclère et Auzanneau, 2021) ; dans un deuxième temps, nous réaliserons une analyse des besoins langagiers de ces mineurs en tenant compte des méthodologies exposées dans la littérature (Hutchinson & Waters, 1987; García Romeu, 2006; Tano, 2017; Aguirre Beltrán, 2012, Dudley-Evans & St John, 1998; García Santa-Cecilia, 1995). Concernant le deuxième objectif, notre séjour aux îles Canaries nous permettra d’échanger avec les intervenants canariens qui sont déjà sur place (enseignants/étudiants volontaires, chercheurs, civils et représentants des institutions) afin de leur exposer l’idée de mettre en place un programme d’ateliers d’échange linguistique entre nos étudiants et les migrants. Cet échange pourra être bâti à l’image des programmes de volontariat déjà existants qui font intervenir des étudiants espagnols dans les salles des cours destinés aux migrants mineurs.

Ce projet de recherche-action pourrait constituer les fondements d’une candidature postérieure à l’appel à projets MobinterSH dans le but de financer des séjours de courte durée pour nos étudiants de la licence LEA. Nos étudiants disposent en effet des connaissances disciplinaires et en langues (espagnol, anglais, français, entre autres) qui pourraient être mises au profit des initiatives participatives dans le contexte multiculturel qui caractérise l’arrivée de migrants en Europe à travers les îles Canaries. Un tel projet pourrait mobiliser nos étudiants pour les impliquer dans un monde en mutation soumis à différents défis géopolitiques, sociaux et environnementaux.

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