
Dans le cadre d’une journée d’étude interdisciplinaire organisée le 2 juin 2022 par Céline Guillot, MCF littérature et Frédérique Giraud, MCF sociologie – du département Information et Communication de l’IUT de Paris – Rives de Seine , un appel à participation est lancé. Le thème de cette journée d’étude est La Toile – Littérature et Réseaux. Les propositions sont à envoyer avant le 20 mars 2022.

© Photo by Alina Grubnyak on Unsplash
Comment « la toile », les « réseaux » en tant que métaphores de nos vies numériques font-ils leur entrée dans la littérature ? Comment les réseaux comme lieux d’échange et d’existence médiatique structurent-ils la vie littéraire et les pratiques d’écriture des écrivains aux blogueurs et critiques ? Internet devenu « objet littéraire » a-t-il sa place dans nos romans ? Peut-il devenir un lieu d’écriture et de création littéraire ? Comment la littérature intègre-t-elle à ses contraintes, à ses questionnements ce nouveau dogme de l’information ? (Aurélien Bellanger, Théorie de l’information, Gallimard, 2012).
Initié et porté par l’IUT de Paris – Rives de Seine, en partenariat avec d’autres composantes et laboratoires d’Université Paris Cité, tels que le CERLIS, ce colloque, ouvert autant aux chercheurs en littérature du 20ème et 21ème siècle, qu’en Sciences de l’information et de la Communication, en Sociologie, Philosophie, ou Psychologie, prenant acte du pouvoir accaparant d’internet et des réseaux dans nos vies, souhaite s’intéresser aux manières dont la littérature, à travers ses acteurs (auteurs, critiques, lecteurs) et ce qu’ils produisent, se saisit de ces mutations majeures et en questionne les impacts sur le monde contemporain.
Il pourra montrer aussi comment « internet » et les réseaux décloisonnent les genres (entre romans d’anticipation et romans du réel par exemple), entre les styles (poétique, ludique, le pamphlet), entre les disciplines (journalisme, philosophie, psycho-sociologie, littérature, arts numériques) des récits contemporains et transforment autant leurs formes que leur imaginaire. Au-delà de l’analyse du contenu des œuvres elles-mêmes, les participants pourront s’intéresser aux manières d’être écrivain à l’heure d’internet. Comment la toile et les réseaux structurent-ils les conditions professionnelles et les postures des auteurs ? Internet permet-il de se mettre en scène et d’inventer, autrement, des scénographies et postures auctoriales ? Des contributions étudiant les usages par les producteurs littéraires des réseaux, compte tenu des ressources différenciées qui les caractérisent, seront appréciées. D’un point de vue méthodologique, pourront être questionnées d’un point de vue de sociologie de la littérature, le rôle des réseaux entre écrivains dans l’écriture et la médiatisation ?
Envoyez votre proposition à celine.guillot@u-paris.fr, MCF littérature, et à frederique.giraud@u-paris.fr, MCF sociologie (3000 signes maximum) avant le 20 mars 2022
Cette journée d’étude initialement programmée en 2021 a été reportée en 2022 afin de permettre à un maximum d’intervenants de participer en présentiel à l’IUT ou à distance pour celles et ceux qui ne pourraient se déplacer.
En savoir plus sur la thématique de la journée
Les écrivains contemporains ont saisi, comme les hommes politiques, les grandes entreprises et les médias, le tournant narratif qui inonde la sphère discursive de la société de grands récits, d’histoires, censés convaincre, séduire, provoquer l’empathie du plus grand nombre. Mais si le storytelling est bien une réalité incontournable du contemporain, la littérature, est-elle susceptible d’en questionner les limites ? Quelle part d’authenticité et inversement de mensonge attribue-t-elle à ces récits collectifs ? Comment la littérature peut-elle remettre en cause notre adhésion massive ? (Antoine Bello, Les falsificateurs, Gallimard, 2002 ; Aurélien Bellanger, Le Grand Paris, Gallimard, 2017) De quelle manière et pourquoi certains auteurs, plus que d’autres, se saisissent de ces enjeux et quelles images en donnent-ils ?
La toile et les réseaux peuvent aussi –se définir comme un nouveau modèle littéraire qui interroge notre rapport au corps collectif : dans cet espace d’information, de conversations et de relations sociales, la littérature problématiserait une réflexion de fond sur notre société contemporaine. Quelles images de cette « réalité connectée » se donnent à voir dans la littérature ? Internet reflèterait notre « condition anarchique » (Frédéric Lordon, La Condition anarchique, Seuil, 2018), en somme notre manque « d’ancrage » dans des valeurs individuelles fortes. De fait, internet dévoilerait notre asservissement à la « puissance de la multitude », et son intrusion dans nos vies privées, dans nos activités même les plus ludiques. Les récits dystopiques, les romans inspirés de faits divers et de scandales contemporains, les polars, mais aussi les fictions inspirées du réel (Sandra Lucbert, La Toile, Gallimard, 2017 ; Pierre Ducrozet, L’invention des corps, Actes Sud, 2017) en décryptent les effets pervers sur le code du travail, l’ordre social, les entreprises, la morale individuelle et collective.
La littérature l’a bien compris, la « toile », donne à voir un espace dramatisé où l’individu contemporain expérimente de nouvelles dramaturgies, de nouveaux scandales, des mensonges collectifs, des catastrophes hyperbolisées (Laurent Mauvignier, Autour du monde, Editions de Minuit, 2014). Comment la littérature joue-t-elle, dans cet espace son propre rôle de remédiation, de prise de distance critique (Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne, P.O.L, 2009) à ce que certains nomment notre soumission (Houellebecq, Soumission, Flammarion, 2015), notre consentement (S. Lucbert), notre fascination pour internet et les réseaux sociaux. Quels regards les auteurs portent-ils sur ces médias et leurs pouvoirs ?
Enfin, comment les réseaux, l’informatique, peuvent-ils transformer la forme des romans contemporains ? Comment espace réel et espace numérique s’articulent-ils dans la fiction ? Quels dispositifs narratifs, esthétiques, voire poétiques peuvent naître de la « toile » comprise comme une nouvelle « matrice » de la littérature ? Quels auteurs s’en saisissent ?
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