Jeudi 24 avril 2025 s’est tenue à l’Université Paris Cité une conférence de presse en soutien, et en présence, de Pinar Selek. Féministe, écrivaine et militante, elle est accusée de terrorisme par l’état Turc depuis 1998 pour ses travaux. Elle enseigne la sociologie et les sciences politiques à l’Université Côte d’Azur, et mène ses recherches au sein de l’URMIS.

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Pinar Selek est confrontée à un nouveau procès, le 25 avril, à Istanbul pour des faits inexistants sur fond de restriction des libertés académiques. France Universités, le Programme d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (PAUSE) porté par le Collège de France, l’Université Paris Cité, l’Université Côte d’Azur, le CNRS, ainsi que le comité de soutien académique à Pinar Selek, ont souhaité s’associer à cette occasion afin de réaffirmer tout leur soutien à Pinar Selek.

A cette occasion, Rémi Goasdoué, vice doyen de la Faculté Sociétés & Humanités, a prononcé un hommage vibrant, à la fois solidaire et déterminé, à cette chercheuse courageuse et au combat fondamental pour la liberté de penser et d’enseigner :

« Chères et chers collègues, chère Pinar,

Nous avons le plaisir de t’accueillir à l’Université Paris Cité pour te témoigner notre profonde solidarité. Après t’avoir écoutée lors d’une journée organisée par l’Atrium Humanités et Sciences Sociales, je suis resté sans voix. Sidéré par ton récit de cette recherche entravée, par les violences que tu as et que tu subis encore. L’émotion passée, je crois que tes interventions nous invitent au contraire à parler sans cesse, à nous mobiliser pour la défense des libertés académiques. Ne pouvant dire plus et mieux que ce que les collègues ont dit le 7 février dernier dans ton université, je prends le parti incongru de faire deux propositions pour qu’on parle encore et toujours des libertés académiques et te soutenir dans ton combat.

La première proposition serait de débattre de l’opportunité de « constitutionnaliser » les libertés académiques en France, elles le sont presque, elles sont cadrées par la loi et plusieurs instances ont réaffirmé leur caractère fondamental pour la démocratie, mais elles ne sont pas inscrites dans la constitution comme dans d’autres pays. Cette question a déjà été posée devant le Sénat à F. Vidal par le sénateur Pierre Ouzoulias en 2019, mais il me semble qu’elle se pose plus encore dans le contexte national et international que nous connaissons. Le nombre croissant de collègues frontalement attaqués dans ces libertés au prix de leur mise en danger personnelle, le nombre d’association, de journées d’étude qui y sont consacrées montrent clairement qu’il y a un avis de tempête. Je ne suis pas juriste mais le texte est prêt me semble-t-il, on pourrait reprendre celui de la loi 1984 : « Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d’une pleine indépendance et d’une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions d’enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d’objectivité. » Bien que ce soit incompréhensible pour certains, l’idéal de la cité académique c’est « l’ordre sans le pouvoir ». Les propositions scientifiques ne valent que par la reconnaissance des pairs, non seulement sur la valeur probatoire de ces propositions mais sur les conditions dans lesquelles elles ont pu être établies (sur plan éthique et méthodologique). Les évalués d’un jour sont les évaluateurs de demain, tel est l’idéal d’horizontalité qui garantit ces libertés. Définies ainsi, les conditions de ces libertés, sont menacées frontalement par des pouvoirs dits « illibéraux », mais elles le sont aussi fragilisées indirectement par les nombreuses réformes institutionnelles que connaissent nos établissements, par l’introduction de logiques hétéronomes à celles de la recherche comme celles issues du management, ou encore comme les critères d’audience inhérents à des usages évaluatifs de la bibliométrie.

La seconde proposition plus fantaisiste serait de créer un nouveau prix Nobel dont tu serais la première récipiendaire évidemment, un prix Nobel pour une fois interdisciplinaire, le prix Nobel du « courage de la vérité » ! J’ai des doutes sur le titre, même s’il te résume parfaitement, d’abord parce qu’il appartient à Foucault, et ensuite parce qu’il faut peut-être trouver un concept plus précis pour ne pas embarrasser le jury sur la définition des qualités requises. Si l’académie Nobel trouve la proposition farfelue, créons le prix Giordano Bruno, pour honorer les collègues nombreux qui ont le courage de porter, contre ceux qui l’oppriment, la recherche et la parole scientifique.

Bref, au nom de l’Université Paris Cité et au nom de l’équipe décanale de la faculté Sociétés Humanités, je voudrais te remercier de ranimer sans cesse la flamme de ce combat fondateur pour notre profession : celui des libertés académiques. »

 

Consulter le communiqué de presse de France Universités

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