Marie Salaün, professeure d’anthropologie, membre de l’unité de recherche Migrations et Société (URMIS) et vice doyenne recherche de la Faculté Sociétés & Humanités, est co-porteuse de HéLiCéO – Héritages Linguistiques, Cultures orales, Éducation en Océanie, l’un des douze projets financés dans le cadre du programme inédit « Recherche à risque et à impact » ou (RI)² du CNRS, dévoilé début octobre.

© HéLiCéo

Lancé dans le cadre du plan France 20330, le nouveau programme (RI)² du CNRS vise à détecter et soutenir des projets scientifiques audacieux, capables de provoquer des avancées technologiques majeures. Doté d’un budget global de 150 millions d’euro il accompagnera douze projets, dont HéLiCéo, sur 5 ans et en 2 étapes : pendant la première étape, la phase de démonstration, l’idée ou l’intuition est testée et évaluée, avec un arbitrage à mi-parcours (2 ans). Si la démonstration est positive, la seconde phase permettra de mener le projet à son terme (5 ans).

(RI)², un format agile pour un programme expérimental

La spécificité du programme réside également dans sa simplification. Pour repérer et sélectionner les projets (RI)², il n’y a pas d’appel à projets. Le CNRS se base sur l’expérience de ses responsables scientifiques nationaux qui sillonnent la France toute l’année pour parler science, accompagner et soutenir les équipes en laboratoires, repérer les futures pépites.
Les douze projets sélectionnés sont ainsi portés par des chercheuses et chercheurs qui ont acquis une expérience et une expertise mondialement reconnues dans leur domaine.

HéLiCéO : comprendre la diversité des langues et leur transmission en contexte plurilingue

L’étude du langage, faculté essentielle à l’humanité, réclame d’analyser les langues dans leur diversité. L’Océanie, avec ses 1300 langues – dont beaucoup sont menacées d’extinction – représente 20 % de cette diversité. Le projet HéLiCéO vise à comprendre comment cette mosaïque linguistique s’est développée historiquement, au fil des migrations et des rencontres entre populations, donnant naissance au paysage plurilingue que l’on observe aujourd’hui.
Face aux pressions économiques et au défi de la mondialisation, ces langues sont aujourd’hui fragilisées ; HéLiCéO veut contribuer à définir leur place, dans une francophonie respectueuse de la diversité culturelle. En impliquant des jeunes chercheurs locaux, le projet formera une nouvelle génération de spécialistes. En consolidant les identités culturelles, ces recherches promeuvent le vivre-ensemble, enjeu socio-politique crucial dans la région indopacifique.

Un projet innovant à fort impact sociétal

HéLiCéO développera plusieurs innovations, notamment de nouveaux protocoles d’enquête linguistique et psycholinguistique. Des ressources numériques seront créées pour l’étude et la promotion des langues océaniennes, comme des grammaires, dictionnaires et corpus de littérature orale. Des bases de données comparatives seront établies pour situer ces langues dans un contexte universel, ou pour reconstituer leurs évolutions historiques. Enfin, des documents de synthèse, intégrant des approches éducatives, cognitives et anthropologiques, serviront à inspirer de nouvelles pratiques pédagogiques, et à renouveler les politiques linguistiques et éducatives en Outre-mer.

 

 

Porteurs du projet HéLiCéo
Alejandrina Cristia, directrice de recherche CNRS, Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (LSCP – CNRS/EHESS/ENS – PSL)
Alexandre François, directeur de recherche CNRS, laboratoire Langues, Textes, Traitements informatiques, Cognition (LATTICE – CNRS/ENS – PSL/Université Sorbonne Nouvelle)
Marie Salaun, professeure à l’Université Paris Cité, Unité de recherche Migrations et Société (URMIS – CNRS/IRD/Université Côte d’Azur/Université Paris Cité), vice doyenne Recherche de la Faculté S&H
Jacques Vernaudon, professeur à l’Université de la Polynésie française, Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique (MSH-P – CNRS/Université de la Polynésie française)

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