La troisième session de rencontre et d’échange entre les structures de recherche de la Faculté Sociétés & Humanités aura lieu le 21 mars 2023 après-midi sur le site Odéon et à distance.
Cette journée d’étude est organisée dans le cadre du projet facultaire « INTERLAB » dont le but est de permettre aux membres des 40 structures de recherche qui composent la Faculté S&H de se rencontrer pour mieux connaître leurs points communs ou leur complémentarité, afin de favoriser le développement de projets de recherche disciplinaires, pluri-disciplinaires ou interdisciplinaires. Le projet s’inscrit dans une démarche plus large souhaitée par les composantes de la faculté, et soutenue par l’équipe décanale, de « décloisonnement » des aires de recherches et d’incitation à des synergies coopératives entre les différentes structures.

 

PROGRAMME

13h > 14h15 : Moment de convivialité et d’échanges (Buffet – Café)

Session 1 | Présentations

14h : Contre l’invisibilité : une approche interdisciplinaire de la grande précarité et de l’exclusion

Pr Derek Humphreys, CRPMS – Centre de Recherche de Psychanalyse, médecine et société IHSS, Département Études psychanalytiques

L’expérience de ces deux dernières décennies nous permet d’affirmer que les réponses purement matérielles ne constituent pas une vraie solution à la souffrance de la grande précarité et de l’exclusion. En effet, les causes de l’exclusion sociale sont multiples (ruptures familiales et identitaires ; mouvements migratoires forcés à cause des guerres, catastrophes naturelles, persécution politique ou religieuse) et ses manifestations sont aussi complexes, concernant des aspects sociaux, économiques, anthropologiques et psychologiques. A partir de ces constats de terrain, un collectif de praticien.e.s (psychologues, éducateurs et éducatrices, travailleurs et travailleuses du social) travaillant dans la rue auprès de personnes sans abri en Île-de-France a commencé en 2016 une réflexion sur la particularité de cette démarche et sur la complexité spécifique à ce type d’accompagnement social et psychothérapeutique, qui évolue souvent hors-langage et dans les interstices des institutions. Depuis 2020, ce collectif s’est associé à un groupe de chercheurs (Université Paris Cité, Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris 8, Aix Marseille Université) et d’artistes pour développer des pratiques capables de répondre à cette manifestation contemporaine de la souffrance subjective et sociale. Cette initiative a trouvé une continuité grâce à l’inscription de ces rencontres et débats à la Maison des Sciences de l’Homme (MSH Paris Nord) depuis 2022. En nous inspirant des techniques cartographiques développées par Fernand Deligny, ainsi que de l’idée de la rencontre favorisée par les expériences esthétiques partagées, nous développons actuellement une série d’expériences innovantes dans le champ de l’accompagnement de l’exclusion.

14h45 : Directives anticipées sur la fin de vie dans les maladies neuro génétiques

Pr Marcela Gargiulo, Laboratoire PCPP – Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse (URP 4056), Université Paris Cité, attachée à la consultation de Génétique du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière.
Mme Anne-Claire Dorsemans, psychologue clinicienne et chercheuse, attachée à la consultation de Génétique du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, Institut du Cerveau et de la Moelle (ICM)

Problématique : La Loi « Claeys-Leonetti » de 2016 permet aux personnes malades et aux personnes en fin de vie, la formalisation de leurs directives anticipées (DAs) et la garantie légitime qu’elles soient suivies et respectées par l’équipe soignante. Les DAs permettent la mise en mots, sur un document formel écrit, de la volonté de la personne majeure concernant sa fin de vie en prévision d’une situation où elle serait dans l’impossibilité de s’exprimer.
Méthodes : L’étude DIRAGENE, une étude prospective observationnelle utilisant des méthodes quantitatives et qualitatives avec une approche psychanalytique, a été menée entre octobre 2020 et mars 2022 en partenariat entre le Laboratoire PCPP et le Centre de Référence des Maladies Neurogénétiques au sein du Département de Génétique clinique du Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (Institut du Cerveau et de la Moelle, ICM). Elle a exploré les effet de l’évocation des DAs et de leurs représentations associées auprès de patients et de leurs proches concernés par des maladies neurodégénératives graves et rares telles que la Maladie de Huntington, les Ataxies Cérébelleuses Autosomiques Dominantes par expansion de polyglutamine et l’Ataxie de Friedreich. Ces pathologies sont d’étiologie génétique, engendrent une dépendance considérable et ne bénéficient pas de traitement curatif à ce jour. Les patients sont donc affectés de façon irréversible par le déclin progressif de leurs capacités cognitives et/ou motrices au cours de l’évolution de la maladie, rendant la communication difficile, voire impossible. Les DAs sont alors dans ce contexte une ressource décisionnelle pertinente et importante lors de situations de fin de vie aux tensions éthiques complexes pour les praticiens, comme pour les familles.
Population : Au total, 124 personnes ont participé à cette étude, 81 patients (ce qui représente un taux de participation de 34 % pour les patients par rapport au nombre de patients sollicités) et 43 aidants.
Résultats préliminaires :
– Ce dispositif légal est peu utilisé, peu connu, souvent ignoré et/ou occulté.
– En effet, les entraves pour aborder le sujet de la fin de vie sont nombreuses comprenant à la fois le rapport complexe que nous entretenons avec l’idée de notre propre mort, la mort de l’autre et nos efforts pour la maintenir à distance, à l’écart de la conscience.
– Notons également le tabou sociétal autour de la mort, les difficultés de communication, les histoires familiales et l’identification aux personnes disparues, la peur de nuire à autrui, la difficulté à choisir le moment opportun pour en parler, le sentiment de ne pas se sentir capable de soutenir cette discussion ou encore de ne pas savoir qui devrait l’aborder ni comment.
Conclusion : L’étude DIRAGENE renseigne sur les enjeux que posent les DAs pour la personne concernée, son aidant principal, ses proches et son entourage soignant, ainsi que les modalités facilitatrices qui seraient acceptables pour envisager des échanges fluides au sein du trio patient-aidant-soignant concernant la fin, ouvrant un nouveau champ de réflexion sur l’éthique du soin et de la prise en charge de la personne gravement malade, voire mourante.

15h30 : Le bon vieux temps et l’avenir inquiétant » : liens entre nostalgie nationale et angoisse existentielle collective  ?

Octavia Ionescu, LPS – Laboratoire de Psychologie Sociale : contextes et régulation (EA 4471)

En nous appuyant sur la littérature de psychologie sociale sur la mémoire collective, nous avons testé si les ressentis de nostalgie nationale (i.e., une nostalgie pour ce que le pays était dans le passé) favorisent l’angoisse existentielle collective (i.e., une angoisse vis-à-vis de la pérennité du pays dans le futur) à travers une perception accrue que la société actuelle est désintégrée et dérégulée (i.e., perception d’anomie sociétale). Conformément à ce qui était attendu, une étude corrélationnelle (N = 535) et une étude expérimentale (N = 370) menées auprès de participants français ont montré qu’être nostalgique du passé de la France favorise les ressentis d’angoisse concernant l’avenir du pays, à travers une perception accrue d’anomie sociétale dans la société actuelle. Ces résultats suggèrent que : (1) la façon dont nous nous représentons le passé national façonne nos perceptions de la société présente et future ; (2) la nostalgie nationale, en plus d’être une stratégie de coping face à des menaces existentielles comme suggéré dans des travaux antérieurs, pourrait également contribuer à nourrir les sentiments de menace, en favorisant les perceptions d’un présent anomique et d’un avenir angoissant.

16h15 : Moment de convivialité et d’échanges (Rafraîchissements)

Session 2 | Table ronde Vie des labos de la faculté

Engagements des chercheurs dans la cité : Déontologie, éthique, critique

Modérateur : Mathieu Arnoux, Vice-doyen recherche, faculté Sociétés et Humanités, Professeur d’histoire, Laboratoire Interdisciplinaire des Energies de Demain – LIED, (UFR GHES-Physique-SDV-Chimie)

Anne-Thida Norodom, Professeur de droit public, directrice adjointe du Centre Maurice Hauriou – CMH (URP 1515), (UFR DEG) ; Référente déontologue de la faculté Sociétés et Humanités à Université Paris Cité

Cristina Figueiredo, Maîtresse de conférences, anthropologue, Laboratoire Education, discours, apprentissages-EDA (EA 4071), (UFR SHS) ; Référente intégrité scientifique de la faculté Sociétés et Humanités à Université Paris Cité

Fanjasoa Louisette Rasoloniaina, doctorante au laboratoire Identités, Cultures, Territoires – ICT (UFR GHES, EILA) (thèse en cours : Une matrice informationnelle systémique pour une approche symbiotique des mégarégions sous la direction d’Elizabeth Mortamais (Université de Paris), co-direction  de Patrice Ceccarini (Université Paris Cité et EHESS)

Rémi Goasdoué, Maître de conférences en sciences de l’éducation et de la formation, Laboratoire Education, discours, apprentissages-EDA (EA 4071), (UFR SHS)

 

18h : Conclusion et moment de convivialité et d’échanges (Rafraîchissements)

Ouvert à tous – participation possible :

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