Cette après-midi d’étude est organisée par la postdoctorante en anthropologie du Centre des Politiques de la Terre et de la Cité du Genre, Renata Freitas Machado.
Université Paris Cité, Campus Olympe de Gouge, Salle 105 – 8 Rue Albert Einstein, 75013 Paris. Pour accéder à la salle, emprunter les escaliers rouges qui se situent à droite quand vous entrez dans le bâtiment. En haut des escaliers prendre à gauche. La salle 105 est la 1ère salle sur votre droite après les ascenseurs.
© British Geological Survey, GeoScenic
Les sciences sociales et toxicologiques face aux inégalités du cancer
Les données statistiques signalent un nombre élevé de cas et de mortalité du cancer du sein dans le monde. En 2018, plus de 2 millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués à l’échelle mondiale, entraînant plus de 600 000 décès (Koual et al, 2020). En France, le cancer du sein est le plus fréquent, suivi des cancers de la prostate, du poumon et du colorectal. Il touche principalement les femmes même si 5% des nouveaux cas annuels concernent des hommes. Face à ce constat préoccupant, des recherches interdisciplinaires sont mises en place pour étudier aussi bien l’effet des traitements que les causes de cette maladie et les formes de prévention possibles.
Les sciences sociales se sont emparées, au cours des dernières années, de la question de la santé. Elles insistent sur les aspects sociaux de la pathologie tels que les conditions et la qualité de vie des malades, l’expérience de la maladie, les inégalités socio-territoriales de santé (Amsellem et Bataille 2018; Chabrol et Gaudilliere 2023) ou plus récemment les enjeux épistémiques et sociaux des recherches génétiques sur la prédisposition au cancer (Bourgain, C. & Gaudillière, 2018). L’anthropologie de la santé s’est consacrée à l’analyse des recherches biomédicales sur le cancer. Ces recherches analysent « la dimension matérielle des pratiques sanitaires contemporaines » (Dagiral et al 2022, p. 4). Elles permettent de comprendre que « le soin de soi et des autres passe par la médiation des choses et des objets » (Dagiral et al 2022, p.5 ; Puig de la Bellacasa, 2011). La question du genre reste sous-étudiée dans ces domaines interdisciplinaires alors que les épistémologies féministes intersectionnelles permettent une analyse des rapports inégaux (race, classe et genre) et une perspective critique et réflexive sur les paradigmes scientifiques (Haraway 1995).
Dans le cadre de cette journée d’étude, nous proposons une réflexion sur les études de la santé à partir d’une approche intersectionnelle (genre, classe et race). Cette approche cherche à examiner les interactions entre différents rapports sociaux tels que le genre, la race, la classe sociale, la religion ou l’âge, et comment ces dimensions peuvent s’articuler ou se compenser, comme le soulignent Brun et Cosquer (2022).
Cette journée interrogera d’abord les contaminants environnementaux et leur impact dans la progression du cancer du sein (Koual et al, 2020; Tomkiewicz, Coumoul et al, 2024). Puis, nous proposons d’analyser les effets inégaux de la pollution sur les corps et les territoires (Ferdinand, 2015), en explorant la manière dont les inégalités sociales, raciales et de genre affectent l’accès aux informations et aux soins du cancer. Enfin, nous interrogeons la manière dont les femmes peuvent se constituer comme des sujets de leurs maladies, lorsqu’elles sont confrontées à un ensemble d’appareils technoscientifiques et de paradigmes génétiques.
Programme
Université Paris Cité, Campus Olympe de Gouge, Salle 105 – 8 Rue Albert Einstein, 75013 Paris
13h45 – Accueil
14h-14h10
Ouverture de l’après-midi d’étude par l’anthropologue, Renata Freitas Machado, postdoctorante du Centre des Politiques de la Terre et de la cité du Genre.
14h10-15h10
Mériem Koual, chirurgienne gynécologue – HEGP, Laboratoire Inserm 1124 – et enseignante à l’Université de Médecine – Université Paris Cité et Xavier Coumoul, écotoxicologue et biochimiste – INSERM, Université Paris Cité ; membre du Centre des Politiques de la Terre
« La santé environnementale à travers l’exemple du cancer du sein : effets des polluants sur la progression métastatique »
Renata Freitas Machado, post-doctorante en anthropologie – CPT, CDG, UPCité
« Inégalités des soins : perspectives anthropologiques sur les incertitudes face au cancer »
15h10-15h30 – Pause
15h30-16h
Rubis Le Coq, postdoctorante en anthropologie – IRISSO, CNRS
« Chlordécone aux Antilles : enjeux postcoloniaux d’une pollution et de la production scientifique »
16h-16h30
Discussion animée et clôture de l’après-midi par Fanny Chabrol, anthropologue et chargée de recherche au Ceped (UPC – IRD – Inserm – USPN)
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Bibliographie
Amsellem, N., & Bataille, P. (2018). Introduction. Dans N. Amsellem (éd.), Le cancer : un regard sociologique : Biomédicalisation et parcours de soins (pp. 5-12). Paris: La Découverte. https://doi.org/10.3917/dec.norb.2018.01.0005
Bourgain, C., & Gaudillière, J.-P. (2018). Génomique à haut débit et innovations thérapeutiques en cancérologie : Regards croisés sur les enjeux épistémiques et sociaux. Dans N. Amsellem & P. Bataille (éds.), Le cancer : un regard sociologique : Biomédicalisation et parcours de soins. Presses Universitaires de Rennes. ⟨hal-03707552⟩
Brun, S., & Cosquer, C. (2022). Sociologie de la race. Armand Colin. https://doi.org/10.3917/arco.brun.2022.01
Chabrol, F., & Gaudilliere, J.-P. (2023). Introduction à la santé globale. La Découverte. Repères. ⟨hal-04294824⟩
Dagiral, É., Derbez, B., Peerbaye, A., & Saint-Marc, D. (2022). Entre technologies de santé et soin des technologies : Produire des matérialités soignantes. Anthropologie & Santé, (25). https://doi.org/10.4000/anthropologiesante.12308
Ferdinand, M. (2015). De l’usage du chlordécone en Martinique et en Guadeloupe : l’égalité en question. Revue française des affaires sociales, 163-183. https://doi.org/10.3917/rfas.151.0163
Haraway, D. (1995). Saberes localizados : A questão da ciência para o feminismo e o privilégio da perspectiva parcial. Cadernos Pagu, Situando Diferenças, 5, 7-41.
Koual, M., Tomkiewicz, C., Cano-Sancho, G., Antignac, J. P., Bats, A. S., & Coumoul, X. (2020). Environmental chemicals, breast cancer progression and drug resistance. Environmental Health, 19(1), 117. https://doi.org/10.1186/s12940-020-00670-2
Massé, R. (2010). Les nouveaux défis pour l’anthropologie de la santé. Anthropologie & Santé, (1). https://doi.org/10.4000/anthropologiesante.116
Puig de la Bellacasa, M. (2011). Matters of Care in Technoscience : Assembling Neglected Things. Social Studies of Science, 41(1), 85-106. https://doi.org/10.1177/0306312710380301
Tomkiewicz, C., Coumoul, X., et al. (2024). Costs of molecular adaptation to the chemical exposome: A focus on xenobiotic metabolism pathways. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 379(1898), 20220510. https://doi.org/10.1098/rstb.2022.0510 ⟨hal-04669203⟩
Cette après-midi d’étude est organisée par Renata Freitas Machado, postdoctorante du Centre des Politiques de la Terre et de la Cité du Genre, Wenjing Guo, chargée de projet de la Cité du Genre, et Anne-Sophie Milon, chargée de projet du Centre des Politiques de la Terre.