Cycle de séminaires
Chaque année universitaire, le Centre des Politiques de la Terre questionne les effets de ses termes – « centre », « politiques » et « terre » – et de leurs chaînes d’interdépendance en organisant mensuellement des séminaires interdisciplinaires – invitant des scientifiques extérieur.e.s au Centre et issu.e.s des sciences naturelles et expérimentales & des sciences humaines et sociales – sur une problématique particulière. Chacune des séries de séminaires du Centre se conclut avec un colloque convoquant des jeunes chercheur.se.s extérieur.e.s au Centre à présenter leur propre recherche sur la problématique travaillée pendant l’année.

© Zoé Sauvage
« S’engager pour l’habitabilité de la Terre »
2023/2024
L’engagement dans les causes écologistes est perçu comme nécessaire face aux faiblesses de l’action publique. Cet engagement se fait souvent dans le registre de l’action concrète, ce qui n’exclut pas le registre protestataire ou judiciaire, et peut être analysé comme un enchaînement de moments d’investissement qui modifient les interactions avec l’environnement selon une logique incrémentale. S’engager pour l’habitabilité de la Terre, c’est en conséquence, que l’on soit un individu, une organisation ou encore un territoire, supporter des actions qui mettent à l’épreuve les convictions, autant que l’identité et le rapport aux autres, dans une modification des modes d’habiter le globe à toutes échelles.
Nous explorerons sur un plan théorique et empirique ces questions au travers d’interventions donnant place à des savoirs de base, sur des thèmes qui visibilisent des luttes, ou encore en faisant intervenir des mobilisations particulières.
Détails du cycle 2023/2024
Session 1
S’engager
Joëlle Zask – philosophe spécialisée en philosophie politique et pragmatique (Université Aix-Marseille, Centre Norbert Elias) – et Pablo Jensen – physicien (CNRS, ENS Lyon) et chargé de mission du groupe Transition écologique à l’ENS de Lyon – nous offriront deux perspectives de cadrage à la notion d’engagement. Cette session posera les bases du nouveau cycle de séminaire du Centre des Politiques de la Terre et sera animée par sa directrice Nathalie Blanc – géographe (Université Paris Cité, CNRS, LADYSS).
15 septembre 2023 / 10h00 à 12h30 / Salle 264E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 10 rue Françoise Dolto, hall E, deuxième étage, première porte à droite.
Session 2
Le nucléaire
Bernadette Bensaude-Vincent – philosophe et historienne des sciences (Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne) – et Bernard Laponche – physicien nucléaire, expert en politique énergétique, membre de l’association Global Chance, ancien ingénieur atomique au CEA.
Cette session sera animée par Maël Goumri – doctorant (IFRIS, CERMES3, Université Paris Cité).
25 octobre 2023 / 10h00 à 12h30 / Salle 064E de la Halle aux Farines, Université Paris Cité – 10 rue Françoise Dolto, hall E.
Session 3
Des scientifiques engagé.e.s
Informations à venir.
Session 4
Des engagements situés
Informations à venir.
Session 5
Décroissance, subsistance et résistances
Informations à venir.
Session 6
Feminist politics
Informations à venir.
Session 7
Savoirs et expertises
Informations à venir.
Session 8
Les limites planétaires de l’action collective et publique
Informations à venir.
Session 9
Recherche-action, recherche-création ?
Informations à venir.
« habitabilitéS »
2022/2023
Le cycle de séminaire de l’année universitaire 2022/2023 est consacré aux formes hybrides d’habitabilité de la Terre soit à la manière dont les humain.e.s tendent à s’approprier leurs environnements pour les transformer en des « milieux de vie » (urbains, ruraux, montagnards, aquatiques, etc.), au cours de co-transformations en perpétuel renouvellement mettant aux prises matières, actions et symboles.
Les « habitabilitéS »
Le milieu habitable est celui qui permet à l’humain de l’occuper durablement, d’y aménager son habitat, d’y établir des relations, ou encore d’accéder aux ressources nécessaires à sa vie. À ce titre, il dépasse largement le seul règne humain et inclut l’air, l’eau, la terre mais également le carbone, l’azote, l’oxygène, le phosphore, ainsi que, sous une autre perspective, les autres organismes (depuis les bactéries aux animaux en passant par les plantes et les minéraux). Autant d’éléments, d’acteur.trice.s et de processus qui entrent en interaction à différentes échelles et qui relient activement les milieux les uns aux autres au sein de chaînes d’actions, de rétroactions et d’interdépendances encore trop mal comprises. L’habitabilité a ainsi pu être envisagée comme le produit d’une Terre conçue tel un système géophysiologique autorégulé – à l’instar de l’hypothèse Gaïa formulée par James Lovelock. Or, la crise sociale et environnementale contemporaine, ainsi que l’effondrement de certains milieux sous l’effet des activités humaines, nous montrent les limites d’une conception abstraite et uniforme de l’habitabilité. Le concept de « Zone Critique » permet ainsi d’envisager le milieu habitable du vivant comme une fine pellicule de la Terre, s’étendant des sols à la basse atmosphère, et de penser les multiples interconnexions physiques, chimiques et biologiques entre ces composantes. En ce sens, il invite à considérer l’ensemble des processus participant de l’habitabilité des milieux en relocalisant et territorialisant les grands cycles biogéochimiques longtemps envisagés à la seule échelle planétaire et isolés par rapport au vivant.
En outre, l’habitabilité des milieux est située, circonscrite par des « limites » planétaires, conditionnant leur maintien, leur évolution ou encore leur réfraction dans le temps et l’espace. Loin de constituer un concept figé, la notion de limite invite ainsi à envisager les transformations des milieux au-delà de l’habitable, depuis les milieux dégradés aux ruines, et aux environnements durablement pollués ou contaminés. Elle renvoie également au franchissement des points de bascule (tipping points) à différentes échelles, aux temporalités critiques et aux stratégies d’adaptation des êtres vivants face à des opportunités et des contraintes changeantes. La notion d’habitabilité constitue alors une façon de problématiser la crise sociale et environnementale en prenant en considération la diversité des trajectoires selon les territoires et les inégalités en matière de ressources. Par ailleurs, ces habitabilités et inhabitabilités apparaissent aujourd’hui comme largement produites, mises à l’agenda ou passées sous silence, par des formes de gouvernance plus ou moins locales de l’environnement. À bien des égards, elles reflètent autant les systèmes de pouvoir et l’organisation socio-économique des communautés humaines que les dynamiques complexes des grands cycles planétaires, ces derniers n’apparaissant plus comme un cadre donné et immuable à l’heure de l’Anthropocène.
Dès lors, ce cycle de séminaires vise à associer et à confronter différentes perspectives sur les milieux habitables et habités par les humain.e.s, notamment dans leurs interactions entre eux.elles et avec d’autres formes de vie. Au-delà d’une interrogation sur les limites planétaires, il s’agit de prolonger le questionnement sur les dynamiques, les acteurs, les éléments et les formes des milieux rendus inhabitables – ou en passe de l’être. L’on pourra aussi discuter les échelles pertinentes pour décrire et analyser des formes d’(in)habitabilité. Une telle démarche s’efforce d’établir un dialogue entre des sciences qui s’intéressent aux dynamiques bio-physico-chimiques, et d’autres qui se sont spécialisées dans la manière dont l’humain habite le monde ; entre celles ayant fait des systèmes leur cadre d’analyse, et d’autres privilégiant les formes de l’expérience et la description dense. Dans cette perspective, l’habitabilité nous paraît constituer un objet heuristique car commun à différentes disciplines et permettant de faire dialoguer les échelles. Au-delà de l’objet, il vise aussi à mettre à jour et à renouveler les méthodologies d’analyse, en vue de poursuivre l’effort engagé par les cycles de séminaires interdisciplinaires du Centre des Politiques de la Terre. Enfin, il sera question de mettre en évidence les formes de gouvernance des milieux, qu’ils soient habitables ou inhabitables, en vue de réinterroger la place de l’action publique dans les évolutions que connaît notre planète et les enjeux soulevés en matière d’inégalités et de justice socio-environnementale. La production de connaissances, tout comme les représentations et les imaginaires, ou encore les multiples formes d’engagement individuel et collectif, se trouvent au cœur de la transformation des modes d’habiter durablement la Terre.
Détails du cycle 2022/2023
Session 1
Habitabilités et limites planétaires
Rencontre entre le professeur d’études environnementales David Kanter (New York University) et le docteur en sciences économiques et ingénieur en agriculture Bruno Dorin (CIRAD, CIRED) animée par le physicien modélisateur Cédric Gaucherel (INRAE).
22 septembre 2022 / 10h00 à 12h30 / Amphithéâtre Turing – Bâtiment Sophie Germain, Place Aurélie Nemours, 75013 Paris
Session 2
Frottements d’échelles
Rencontre entre l’anthropologue Nathalie Ortar (LAET) et l’hydroclimatologue Thierry Lebel (IGE – CNRS, IRD, Université Grenoble-Alpes) animée par la géographe Sylvie Fanchette (IRD).
20 octobre 2022 / 10h00 à 12h30 / Amphithéâtre Turing – Bâtiment Sophie Germain, Place Aurélie Nemours, 75013 Paris
Session 3
Le changement climatique et ses impacts sur la santé
Rencontre entre la chercheuse en sciences humaines à l’Institute of Global Health Sandra Barteit (Heidelberg University), le géographe au Center for Remote Sensing of Land Surfaces Jonas Franke (Rheinische-Friedrich-Wilhelms-University) et le professeur du Climate Change and Health à l’Heidelberg Institute of Global Health Rainer Sauerborn animée par la directrice du Centre Virchow-Villermé de Santé Publique Paris-Berlin et membre du bureau du Centre des Politiques de la Terre Anneliese Depoux (Université Paris Cité).
24 novembre 2022 / 10h00 à 12h30 / salle 890C, bâtiment C, 8ème étage, Grands Moulins – 5 rue Thomas Mann 75013 Paris
Session 4
Interdisciplinarité, données et modèles
15 décembre 2022 / 10h00 à 12h30 / salle 419C, 4ème étage, première porte à droite, Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris
Session 5
Inhabitabilités et remédiation
26 janvier 2023 / 10h00 à 12h30 / salle 419C, 4ème étage, première porte à droite, Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris
Session 6
Habitabilités et Anthropocène
Rencontre entre le paléontologue et ancien directeur de l’Anthropocene Working Group Jan Zalasiewicz (department of geography and geology, Leicester University) et le sociologue Bronislaw Szerszynski (department of sociology, Lancaster University) animée par le géochimiste et membre du Centre des Politiques de la Terre Jérôme Gaillardet (OZCAR, IPGP).
23 février 2023 / 10h00 à 12h30 / amphithéâtre de l’IPGP, rez-de-chaussée, première porte à gauche, Institut de Physique du Globe de Paris – 1 rue Jussieu, 75005 Paris
Session 7
Habitabilités et gouvernance des milieux
Rencontre entre le biogéochimiste marin et responsable du Réseau Zones Ateliers Olivier Ragueneau (CNRS, LEMAR) et des membres du Centre des Politiques de la Terre, Nathalie Blanc, Bernard Reber, Sandrine Revet et Richard Balme, animée par le membre du Centre des Politiques de la Terre et géochimiste Jérôme Gaillardet, autour de la responsabilité scientifique dans des dispositifs de recherche transdisciplinaires visant la transformation écologique des territoires. Cette rencontre interrogera ce faisant les asymétries épistémologiques et de pouvoir qui structurent les relations entre les acteurs de ces dispositifs.
4 mai 2023 / 10h15 à 12h15 / salle K011, Campus Saint-Thomas, Sciences Po – 1 Place St Thomas d’Aquin, 75007 Paris
Session 8
Habitabilités et « Justice ! » : Résistances multispécifiques aux Big Pharmas
Rencontre entre la biochimiste et cofondatrice d’Open Insulin Foundation Louise Lassalle et l’anthropologue des sciences et de la santé Charlotte Brives (CNRS, Centre Émile Durkheim), animée par le biologiste spécialisé en diabète et obésité et membre du bureau du Centre des Politiques de la Terre Christophe Magnan (Université Paris Cité), autour des manières dont l’accès à la santé pour tou.te.s est aujourd’hui remis en cause par l’organisation de la production du médicament et des formes de résistances impliquant médecins, scientifiques et juristes mais aussi protéines et virus en lutte pour une démocratisation de la production et de l’accès aux médicaments.
12 mai / 14h00 à 17h30 / salle 415B, Halle aux Farines, Université Paris Cité – 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris
Ce cycle de séminaires a été coordonné par Romain Leclercq, Justine Rives et Anne-Sophie Milon.