Quand
Un vendredi par mois, de septembre à mars, 16h-18h
Où
Université Paris Cité et Sorbonne université
Séminaire organisé par Christelle Reggiani (Sorbonne Université), Vincent Berthelier et Jacques-David Ebguy (Université Paris Cité).
© Hugh Kepets, West 11th St. I Blue Rail
Argumentaire
Considérant que, dans l’histoire littéraire, des rapprochements spontanés sont faits entre des styles, individuels ou collectifs, et des positions politiques, le séminaire de recherche « Politiques du style » a décidé d’interroger les interactions entre ces deux domaines, et d’identifier leurs modalités.
Pour ce faire, nous invitons des chercheurs dont les publications éclairent les rapports entre politique et style sous un angle nouveau ; certaines séances sont en outre consacrées à des travaux inédits, qui constituent autant de prises de recul théorique et méthodologique sur les disciplines littéraires et stylistiques.
Le séminaire s’intéresse à ce que l’on pourrait appeler l’environnement politique des styles littéraires. Ce premier mode de rapprochement découle d’une simple juxtaposition : qu’un écrivain soit libéral, réactionnaire, féministe ou raciste, il aura toujours un style, susceptible d’être caractérisé en termes politiques par un simple effet de contiguïté. Au prix d’un saut logique, le style des auteurs libertaires deviendrait ainsi le style libertaire. L’environnement politique inclut également les « imaginaires stylistiques », ces discours qui circulent sur le style, et qui sont régulièrement traversés d’enjeux et de représentations politiques. La vocation des stylisticien·ne·s est entre autres d’éprouver la congruence des discours et des pratiques, en portant une attention particulière à la source des jugements stylistiques (les critiques, les savant·e·s, le grand public, l’auteur lui-même).
Mais le séminaire entend surtout saisir la dimension politique des manières d’écrire elles-mêmes. Il a vocation à accueillir diverses approches. Certaines sont d’ordre sociologique : le style est toujours style en langue, il est symptomatique d’un ancrage de classe ; il est aussi une prise de position dans le champ littéraire, distinguant un·e écrivain·e de ses confrères et consœurs. D’autres empruntent à la pragmatique : le style est une mise en forme du discours qui a une visée (argumentative ou affective) ; en sélectionnant des allocutaires, il dessine une communauté politique. Quelques approches, enfin, soulèvent des enjeux cognitifs ou psychologiques : le style, quoique en apparence extérieur aux rapports sociaux, est un lieu de « résolution symbolique » (Jameson) des contradictions et des conflits (de classe, mais aussi de désir) ; en tant que mise en forme langagière d’une vision du monde, d’un découpage particulier du réel, un style engage un rapport au temps, à l’espace, à la rationalité, à autrui, etc., et en tant que telle invite à élaborer une phénoménologie stylistique (elle-même amenée à aborder les enjeux politiques à travers sa grille conceptuelle propre, selon qu’on s’appuie sur une phénoménologie heideggerienne, sartrienne, levinassienne, etc.).
Enfin, les productions littéraires sont conjointement langagières (que ce soit sous une forme discursive ou narrative) et idéologiques. Ainsi, une période historique donnée produit des nœuds idéologiques (ou « idéologèmes ») qui se cristallisent dans certaines formes littéraires. Analyser les pratiques stylistiques sur un mode historique doit permettre d’articuler l’interprétation littéraire à une périodisation des rapports sociaux et économiques.
Calendrier
27 septembre (Maison de la Recherche de Sorbonne université, salle D421) :
Mobilités sociales, distinction et identités collectives, avec Morgane Cadieu (On Both Sides of the Tracks : Social Mobility in Contemporary French Literature, The University of Chicago Press, 2024) et Joachim Mileschi (Usage, création et diffusion de sigles dans le rap francophone (1990-2020), en cours)
29 novembre (Maison de la Recherche de Sorbonne université, salle D421) :
Genres et contre-cultures, avec Marie-Jeanne Zenetti (« Style et savoirs situés féministes »)
17 janvier (Grands Moulins, salle Pierre Albouy) :
Entretien de Benoît Auclerc avec Nathalie Quintane
21 mars (Grands Moulins, salle 679C) :
Les nouvelles formes de l’engagement, avec Justine Huppe (La littérature embarquée, Amsterdam, 2023) et Sylvie Servoise (La littérature engagée, Que sais-je, 2023 ; Démocratie et roman, Hermann, 2022)
Informations pratiques
Université Paris Cité : Esplanade Vidal-Naquet, Aile C, 6e étage, Paris 13
Sorbonne université : Maison de la recherche, 28 rue Serpente, Paris 06
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