L’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue, l’invalidité qu’elle induit par les douleurs et une perte de mobilité. Elle se caractérise par la destruction du cartilage secondaire à une mort du chondrocyte, la seule cellule qui constitue le cartilage articulaire. En dépit des efforts nombreux, les traitements visent actuellement à réduire les symptômes, aucun traitement spécifique n’est disponible. Les lésions étant irréversibles, le défi d’une thérapie efficace repose sur l’incapacité du cartilage à pouvoir se réparer.

L’ unité de recherche Bioscar (Université Paris Cité et Inserm), s’est intéressée à Lin28a, une protéine inhibitrice des MiRNA de la famille des Let-7, et dont l’expression est associée à la régénération de nombreux tissus. Grace à un modèle murin d’arthrose, l’équipe de recherche a montré que la délétion de Lin28a spécifiquement chondrocytaire aggrave la dégradation du cartilage. En revanche, la surexpression de Lin28a uniquement dans le cartilage conduit à maintenir un cartilage sain avec l’âge, et aussi la progression de l’arthrose en activant les capacités de  reprogrammation des chondrocytes arthrosiques en chondrocytes sains. Ces résultats suggèrent que Lin28a est naturellement ré-exprimé par le cartilage arthrosique de façon à limiter la dégradation du cartilage.

Cette étude incite à faire sur-exprimer directement Lin28a par le chondrocyte pour induire la régénération du cartilage arthrosique chez l’Homme. Les professeurs Martine Cohen Solal et Eric Hay du laboratoire BIOSCAR prévoient de poursuivre leurs travaux en ciblant les MiRNA Let-7b et c. Les nouveaux vecteurs intelligents, qui permettent d’administrer des petits ARN avec une grande spécificité tissulaire, pourraient être développés pour limiter l’effet inhibiteur du MiRNA Let-7 spécifiquement dans le cartilage et promouvoir la reprogrammation des chondrocytes. Cette stratégie est cliniquement pertinente puisque qu’elle aurait l’avantage de bloquer le développement de la maladie chez des patients symptomatiques aux stades précoces de la maladie.

Lire l’article sur Science Advances