Les professeurs Hafid Ait-Oufella, Michel Azizi, Renata Kozyraki, Adèle de Masson et les Docteurs Nathan Peiffer-Smadja et Ali-Kemal Aydin, de la Faculté de Santé d’Université Paris Cité ont été nommés lauréats de l’Académie de médecine 2022. Ils ont reçu leur prix lors de la cérémonie de l’Académie de Médecine, le mardi 13 décembre 2022. 

© Université Paris Cité

L’Académie nationale de médecine décerne chaque année une quarantaine de prix orientés selon les volontés des légataires et donateurs vers des domaines médicaux déterminés, d’autres sont destinés à récompenser ou encourager des recherches dans le domaine des sciences médicales, pharmaceutiques ou vétérinaires.

Hafid Ait-Oufella – Subvention de l’Académie nationale de médecine

Cardiologue de Formation, Hafid Ait-Oufella est Professeur des Universités-Praticien Hospitalier dans le service de Médecine Intensive-Réanimation de l’Hôpital Saint-Antoine (Sorbonne Université) et responsable de l’équipe 5 de l’Unité U970 (PARCC, Université Paris Cité, Inserm). Il partage son activité entre le soin, la recherche clinique et la recherche fondamentale. Son activité de recherche expérimentale s’articule depuis plus de 20 ans autour de l’exploration et la modulation de la réponse immune dans les pathologies cardiovasculaires au sein de l’unité U689 puis U970, dont il a pris la direction de l’équipe  Immuno-metabolic mechanisms of cardiovascular diseases en 2019 .

Au cours des vingt dernières années, avec son équipe, il a identifié l’implication majeure de plusieurs acteurs cellulaires dans la physiopathologie des maladies cardiovasculaires avec notamment un rôle protecteur des lymphocytes T régulateurs endogènes et un rôle pathogène des lymphocytes B2 matures et des lymphocytes T CD8+. Ses travaux ont été publié dans des revues prestigieuses comme Nature Medicine, Nature Communications, Circulation, JACC, JCI…

Il a également montré qu’un récepteur appelé TREM-1 contrôle l’action délétère des monocytes-macrophages à la fois dans le remodelage cardiaque post-ischémique, le développement de l’athérosclérose et la formation d’anévrysme aortique disséquant.

Enfin, ses travaux ont permis de repositionner le TGF-beta comme un élément anti-inflammatoire et protecteur dans la maladie anévrysmale aortique.

Au-delà de l’apport physiopathologique, ses travaux ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques actuellement en développement chez l’homme, basées sur l’expansion in vivo des lymphocytes T régulateurs endogènes, la déplétion lymphocytaire B2, T CD8+ ou encore l’inhibition pharmacologique de TREM-1. Certaines de ces approches thérapeutiques immuno-modulatrices sont actuellement en cours d’évaluation chez l’homme en post-infarctus.

Michel Azizi – Prix de l’Académie nationale de médecine

 Michel Azizi est professeur de médecine vasculaire à Université Paris Cité, et chef du service d’hypertension artérielle et directeur du centre d’investigation clinique INSERM-APHP (CIC1418), à l’hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) à Paris.

Il est membre de la commission de recherche de la Faculté de Santé d’Université Paris Cité et ancien membre de la commission de recherche clinique de l’INSERM et de l’APHP. Il est ancien vice-président de la société européenne d’hypertension artérielle (ESH) et actuel Président du groupe « pharmacologie et adhérence thérapeutique ». Il est membre du Conseil d’Administration de la Société Française d’Hypertension Artérielle et de la Société Européenne d’Hypertension Artérielle. Il est également membre de la Société Française de Cardiologie et de la Société Européenne de Cardiologie.

Il est un expert internationalement reconnu dans le domaine de l‘hypertension artérielle et a reçu plusieurs prix pour ses travaux scientifiques.

Ses principaux axes de recherche portent sur le traitement médicamenteux et par dispositifs médicaux dont la dénervation rénale par voie endovasculaire de l’hypertension artérielle sévère et résistante, l’adhésion au traitement médicamenteux, la physiologie, la génétique et la pharmacologie du système rénine-angiotensine-aldostérone, la dysplasie fibromusculaire artérielle, l’hyperaldostéronisme primaire.  Son activité de recherche a donné lieu à 298 publications dans des revues à comité de lecture, à 250 publications dans des ouvrages ou actes de congrès, ainsi qu’à 43 publications didactiques et 18 chapitres d’ouvrages.

L’hypertension artérielle (HTA), caractérisée par une pression anormalement élevée du sang dans les artères (ou pression artérielle), est la maladie chronique la plus fréquente en France, et dans le monde. Un Français sur trois en souffre. C’est une maladie qui évolue à bas bruit. Sans mesures et traitements adaptés, elle expose les patients à de graves complications cardiaques (infarctus, arythmie, insuffisance cardiaque etc.), cérébrales (accident vasculaire cérébral, troubles cognitifs, démence) et rénales (dialyse) au long cours. L’HTA est responsable de plus de 10 millions de décès annuels à l’échelon mondial et constitue un véritable enjeu de santé publique, tant pour les médecins que les chercheurs. Malheureusement, malgré les traitements médicamenteux disponibles, le contrôle de cette pathologie est loin d’être satisfaisant en France, et dans le monde.  Plus de 40% des patients traités répondent trop peu ou pas aux traitements disponibles pour des multiples raisons liées entre autre à la complexité des mécanismes physiopathologiques impliqués dans l’HTA ; une consommation excessive de sel alimentaire ; une surcharge pondérale ; mais aussi à une mauvaise adhésion au traitement par les patients.

Dans ce contexte, il est nécessaire non seulement de dépister une adhésion insuffisante au traitement médicamenteux pour l’améliorer à l’échelon individuel mais aussi de continuer à tester l’efficacité de nouvelles approches thérapeutiques utilisant des combinaisons nouvelles de médicaments existants, de nouveaux traitements médicaments, et des dispositifs médicaux.

Ses travaux en physiopathologie, sur les mécanismes endocrines, vasculaires, et rénaux de régulation de la pression artérielle; en pharmacologie, sur l’étude fine de nouveaux traitements médicamenteux ; en thérapeutique, sur l’optimisation des combinaisons des médicaments existants ; sur la détection et l’amélioration de l‘adhésion aux traitements médicamenteux; sur les complications hypertensives des traitements anti-angiogéniques des cancers ; et enfin sur les dispositifs médicaux comme alternatives aux traitements médicamenteux (dénervation rénale par voie endovasculaire, stimulation baroréflexe), ont eu comme objectif fondamental l’amélioration de la prise en charge des patients ayant une HTA en particulier dans ses formes les plus graves (compliquées, résistantes aux traitements médicamenteux ou secondaires), en transférant au plus tôt les découvertes de laboratoire, d’investigations cliniques et d’essais thérapeutiques dans le soin.

Dans les dix dernières années, il a montré par de nouvelles techniques que près de la moitié des patients dont l’HTA n’était pas contrôlée, avait en fait une adhésion considérablement insuffisante à leur traitement antihypertenseur dont les bénéfices à long terme sur la santé sont pourtant largement démontrés. La découverte de l’ampleur du phénomène de non-adhésion au traitement, a modifié fortement la prise en charge et l’éducation des patients hypertendus afin de les convaincre de l’importance de la prise régulière de leurs traitements médicamenteux et de surveiller leur pression artérielle.

Il a aussi évalué plusieurs nouveaux traitements médicamenteux ou par dispositifs médicaux innovants afin d’étoffer l’arsenal thérapeutique dans les prochaines années. Il a ainsi étudié une alternative au traitement médicamenteux de l’HTA en évaluant pour la première fois en France, la dénervation rénale par voie endovasculaire chez les patients ayant une HTA. Cette nouvelle thérapeutique consiste à utiliser un courant électrique de faible intensité ou des ultrasons focalisés, délivrés par l’intermédiaire d’un cathéter, pour détruire les fibres nerveuses à destinée rénale, lesquelles jouent un rôle important dans la régulation de la pression artérielle. Alors que cette technique donnait initialement des résultats hétérogènes, il a démontré son efficacité antihypertensive chez des patients ayant une HTA sévère et résistante aux médicaments puis ensuite chez des patients ayant une forme moins sévère d’HTA. Le maintien à long terme de son efficacité tensionnelle pourrait ainsi réduire les complications de l’HTA sévère, et en modifier sa prise en charge.

Ses dernières recherches portent sur des traitements antihypertenseurs très innovants à durée d’action très prolongée (d’un à six mois) après injection sous cutanée unique d’anticorps monoclonaux ou de petits ARN d’interférence. De tels traitements, réduiraient les prises médicamenteuses et amélioreraient l’adhésion au traitement de l’HTA, afin d’en réduire les complications.

Renata Kozyraki – Prix Lichtwitz d’endocrinologie générale et domaine de l’équilibre phosphocalcique

Diplômée de la Faculté de médecine dentaire (université de Thessalonique), a obtenu son doctorat en physiopathologie cellulaire et moléculaire à l’Université Paris 6. Elle a commencé sa carrière en tant que chercheuse Inserm puis comme PU-PH en Biologie Orale à l’Université de Paris-Cité. Elle est co-responsable de l’axe « Médecine personnalisée et pathologies buccodentaires » de la FHU DDS-ParisNet ; membre du COPIL de l’Institut des Malades Ostéoarticulaires et membre titulaire de la CSS3 « Physiologie et physiopathologie des grands systèmes » à l’Inserm. 

Le laboratoire de « Physiopathologie Orale Moléculaire », UMRS 1138, au Centre de Recherche des Cordeliers est dirigé par le Pr. Berdal. Les thématiques étudiées sont les maladies rares orales (RK), le processus de cicatrisation gingivale et le rôle des biphosphonates dans les pathologies orales. 

Le travail primé de Renata Kozyraki porte sur le syndrome Email-Rein : pathogenèse et traitement(s). 

Adèle de Masson – Prix Albert Sézary – Jeune médecin

 Dermatologue et oncologue, titulaire d’une thèse de sciences en Hématologie-Oncologie dirigée par Armand Bensussan, elle a réalisé un post-doctorat de 2 ans au Dana Farber / Brigham and Women’s Cancer Center, Harvard Medical School, centré sur l’étude des lymphomes cutanés sous la direction de Thomas Kupper, avant de devenir Cheffe de Clinique Assistante en 2017 dans le service de Dermatologie de l’Hôpital Saint-Louis dirigé par Martine Bagot puis Jean-David Bouaziz, puis Professeure des Universités – Praticienne Hospitalière (Université Paris Cité).

L’équipe Oncodermatologie et Thérapies de l’Unité UMRS 976 (Inserm – Université Paris Cité), sur le site de l’Hôpital Saint-Louis, a identifié en collaboration avec les unités de recherche  U1160 et U955 plusieurs cibles thérapeutiques  dans les lymphomes cutanés, menant au développement de nouveaux traitements des lymphomes T tels que le lacutamab (anti-KIR3DL2) actuellement en étude de phase 2 multicentrique.

Ces travaux visent donc à améliorer la prise en charge des lymphomes cutanés. Les lymphomes cutanés primitifs sont des hémopathies rares (incidence annuelle de 1/100 000), essentiellement constitués de lymphomes T.

Les types les plus fréquents sont les lymphomes T cutanés épidermotropes, constitués du mycosis fongoïde et de sa variante leucémique (syndrome de Sézary). Au stade avancé, ces maladies sont associées à une médiane de survie inférieure à 5 ans, une qualité de vie extrêmement altérée (prurit, douleurs, infections, caractère affichant, asthénie) et une fréquente résistance aux traitements de la maladie.

Récemment, l’équipe a ainsi mis en évidence que le récepteur CCR8, marqueur de surface des lymphocytes T régulateurs (Tregs) intratumoraux, était surexprimé à la surface des cellules tumorales de lymphome T. La déplétion des cellules CCR8+ par un anticorps monoclonal thérapeutique pourrait donc permettre d’éliminer les cellules tumorales dans les lymphomes T mais également d’activer l’immunité antitumorale par déplétion des Tregs intratumoraux. Une étude clinique est prévue dans les lymphomes T d’ici 2025.

Nathan Peiffer-Smadja – Prix Drieu-Cholet

Nathan Peiffer-Smadja est médecin spécialiste en médecine interne et en maladies infectieuses et tropicales. Il est actuellement maître de conférence des universités – praticien hospitalier à Université Paris Cité  et dans le service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat – Claude Bernard, AP-HP. Après un master 2 en sciences cognitives, il réalise une thèse d’université en santé publique entre l’Impérial College London et l’unité IAME (Inserm – Université Paris Cité).

Ses travaux de recherche visent à améliorer le bon usage des antimicrobiens dans les maladies infectieuses, tropicales et émergentes, notamment à travers l’utilisation d’outils numériques innovants comme les systèmes électroniques d’aide à la décision.

Il a participé à de nombreux projets de recherche clinique et thérapeutique lors de la pandémie COVID-19 et plus récemment pour la variole du singe. Il est également très impliqué dans l’information médicale et scientifique du grand public sur les maladies émergentes et le bon usage des antibiotiques.

Son travail primé porte sur les stratégies d’implémentation d’outils électroniques pour améliorer l’utilisation des antimicrobiens dans les maladies infectieuses, tropicales ou émergentes.

Ali-Kemal Aydin – Prix Albert Sézary Jeune-Chercheur

Ali-Kemal Aydin est étudiant en double cursus médecine-sciences dans le cadre de l’Ecole de l’inserm Liliane Bettencourt.
Il a mis en pause ses études de médecine en fin de 3e année pour faire une thèse de neurosciences à Université Paris Cité. Il a obtenu son doctorat en 2021, reçu le Prix de Thèse de la Société des Neurosciences en 2022 et repris ses études de médecine. Il participe activement à la représentation des étudiants dans diverses associations et conseils universitaires. 
Son travail primé porte sur l’interprétation de l’imagerie fonctionnelle cérébrale vasculaire, type IRMf-BOLD au sein du laboratoire de Sorbonne Université – Institut de la vision. 

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