Colloque « HabitabilitéS »

Pour conclure son cycle 2022/2023 de séminaires autour des hybridations plurielles de l’« habitabilité », le Centre des Politiques de la Terre a organisé les 21, 22 et 23 juin 2023 un colloque entremêlant jeunes chercheur.se.s et chercheur.se.s confirmé.e.s – issu.e.s des sciences naturelles et expérimentales, des sciences sociales et humaines & des sciences de la santé – ainsi que des acteur.trice.s public.que.s, des militant.e.s et des artistes. Ce colloque aboutira sur la publication d’un ouvrage collectif.

© Anne-Sophie Milon

Savoir-habiter avec la Terre

21, 22 et 23 juin 2023

 

Face à l’aggravation et la multiplication des crises écologiques à l’échelle planétaire, les appels à des recherches ouvertes, entre disciplines et vis-à-vis du reste de la société, se sont multipliés (Kates, 2011). Sécheresses, feux de forêts, inondations, mais aussi contaminations des milieux, déséquilibres des cycles biogéochimiques et dépassements de plusieurs limites planétaires, sont autant de phénomènes nécessitant des collaborations inédites entre sciences de la Terre, du vivant, de la santé et sciences humaines et sociales, ainsi que de nouveaux concepts favorisant ces collaborations. Notion frontière, l’« habitabilité » vise à permettre un dialogue interdisciplinaire : ce concept renvoie aux limites physiques qui favorisent la vie et aux conditions politiques, sociales, économiques de reproduction du vivant (Blanc et al., 2022, p. 10). Il met en outre à l’épreuve les collaborations entre scientifiques et non scientifiques, habitant.e.s, militant.e.s ou acteur.rice.s public.que.s pour préserver l’habitabilité des milieux, et ce pour différentes espèces, dans un contexte de perturbation des équilibres planétaires. 

Le nombre de propositions reçues pour ce colloque a témoigné de l’intérêt de la notion et du caractère désormais brûlant des enjeux relatifs à l’écologie politique. Que l’on parle du changement climatique, de la chute de la biodiversité ou de l’Anthropocène, ces « événements  » ont ouvert des brèches inédites dans nos manières de nous représenter le monde et d’y agir (Fressoz, Bonneuil, 2013). Dans un contexte de mobilisations, mais aussi de répression croissante des mouvements sociaux en lutte pour plus de justice sociale, fiscale et environnementale (Fouillen et al. , 2022), ce colloque s’est voulu la preuve par l’exemple des possibilités d’exploration commune ouvertes par ces brèches. Il a exploré les imaginaires et les pouvoirs responsables des transformations environnementales et planétaires, ainsi que les formes d’action collective permettant de les comprendre et d’y (ré)agir. Dans un jeu d’échelles constant entre observations, pensées locales, globales et néanmoins situées (Haraway, 1988), il a aussi visé à appréhender les différents « états » de la Terre et le rôle de la vie dans ses trajectoires (Clark, Szerszynski, 2020). Enfin, les pratiques scientifiques et profanes ont été mises en regard avec des  pratiques artistiques et militantes, ordinaires et de l’action publique, visant la production et le maintien d’une planète et de milieux habitables, leurs fondements et leurs potentialités. 

Les cinq sessions interdisciplinaires ont discuté la production des mondes futurs, la vie dans les ruines ou les écosystèmes en cours d’effondrement, les pratiques de production, d’organisations et de maintien des milieux et environnements, les trajectoires terrestres et planétaires et les normes scientifiques régissant l’action collective. Les tables rondes ont été des assemblées autour de la création de Centres à vocation d’interdisciplinarité écologique et des questions féministe et de décolonialité. Le colloque s’est également ouvert à des artistes et d’autres pratiques sensibles. Le jeudi s’est conclut par la visite d’une installation et le vendredi par une représentation théâtrale.  

En somme, ce colloque s’est voulu une fenêtre, une boîte de Petri, mais aussi une caisse de résonance des recherches et des formes d’actions collectives engagées pour comprendre les transformations terrestres et pour « savoir-habiter avec la Terre ».

 

Comité scientifique

Alexandra Arènes 

Isabelle Arpin

Sébastien Dutreuil

Malcom Ferdinand 

Cédric Gaucherel 

Olivier Hamant

Sophie Houdart

Maïté Juan

Thomas Lamarche 

Nathalie Ortar

Géraldine Pfleiger

Bernard Reber 

Marine Sarfati

 

Comité d’organisation

Les membres du bureau du Centre des Politiques de la Terre

 

 

 

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