
Récits de la charge mentale des femmes
Sylvie Patron
La notion de charge mentale, sans spécification de genre, a son origine dans l’ergonomie, la psychologie et la sociologie du travail. Elle est le pendant de la charge de travail physique. Elle permet de décrire et de mesurer les pressions exercées sur le psychisme des travailleurs. En 1984, la sociologue Monique Haicault utilise pour la première fois la notion pour référer à la charge mentale spécifique des femmes, mariées, mères de famille, en activité. Ici aussi, la notion de charge mentale est connexe de celle de surcharge. Mais la particularité de la charge mentale des femmes vient de la nécessité d’avoir à gérer quotidiennement deux espace-temps inextricablement enchevêtrés. Dans cet ouvrage, nous nous intéresserons aux récits de la charge mentale des femmes, de leur ubiquité mentale et de leur anticipation constante des tâches inhérentes à la vie domestique et familiale. Les récits en question seront empruntés à des corpus de récits de la vie réelle ou à des récits littéraires et des œuvres narratives dans différents médiums.

Études littéraires sur le XVIe siècle
Simone Perrier
Ce cahier rassemble les principaux articles que Simone Perrier a publiés en revue sur la littérature du xvie siècle, ainsi que ses contributions à des volumes collectifs d’actes de colloques. On y trouvera des études consacrées à Montaigne, Marguerite de Navarre, et surtout aux poètes : Agrippa d’Aubigné, Ronsard, Du Bellay, Marot, Jodelle, Pontus de Tyard. Celles qu’elle a réservées à Maurice Scève comptent parmi ses travaux essentiels. D’autres articles portent sur des thématiques particulières – la représentation de l’écrivain à la Renaissance, la gloire, la problématique du songe, les emblèmes, le regard et le visible – ou sur des formes : l’allégorie, l’adynaton, les vers gnomiques. On sera sensible à l’attention portée aux textes et à la langue, au travail de construction de l’interprétation, ainsi qu’à l’élégance de son style.
Édition établie par Michel Sandras

Redonner voix à L’Heptaméron de Marguerite de Navarre
Réédition des Cahiers Textuel n°10 & 29
Après 1992 et 2006, L’Heptaméron est remis au programme des agrégations de lettres. Par la force des circonstances, les agrégatifs et agrégatives d’aujourd’hui ont bien des raisons d’aborder avec un regard neuf l’entreprise des reclus de l’abbaye de Serrance, qui échangent des récits pour « adoulcir l’ennuy » et passer le temps aussi utilement que joyeusement en période de confinement. Pour les accompagner dans leur lecture, il a semblé utile de redonner voix aux deux numéros des Cahiers Textuel parus à l’occasion des sessions antérieures et qui étaient devenus inaccessibles. Bien que la connaissance du recueil de Marguerite de Navarre et son approche aient évolué ces quinze dernières années, les différents articles réunis – pour certains des « classiques » des études sur L’Heptaméron – pourront continuer à donner matière à de nouveaux devis critiques fructueux.

La Tâche poétique du traducteur
Alors que les études sur la traduction littéraire n’ont cessé de s’enrichir ces dernières années, ce livre n’entend pas se positionner dans les débats théoriques les plus récents, mais propose plutôt de les accompagner en faisant un pas de côté. Il laisse en effet la parole aux traducteurs et à ceux qui enseignent ou promeuvent la traduction littéraire, lesquels offrent ici des textes portant sur leurs pratiques. C’est donc à partir de cet ancrage concret que se déploie une réflexion collective sur ce que peut signifier aujourd’hui la « tâche du traducteur », selon l’expression de Walter Benjamin. Si l’essentiel d’une œuvre d’art n’est pas « communication », sa traduction exige d’inventer une poétique se confrontant à l’illisible, à l’agonique, à l’étrange, afin de faire entendre une langue singulière, qui ne soit pas celle de la nation, et qui puisse alors contribuer à faire monde.

Les Ateliers d’écriture et l’Oulipo
L’Oulipo est couramment associé aux ateliers d’écriture. Il est pourtant arrivé à ses membres d’exprimer certaines réticences à l’égard d’une telle assimilation : les contraintes étaient censées, dans l’esprit des fondateurs, s’adresser aux écrivains seulement. Dès lors, l’animation d’ateliers par le groupe constitue une inflexion, celle-ci allant de pair avec les lectures publiques, qui débutent dans les mêmes années – et faisant suite à l’assimilation par les pédagogues de ses outils –, une ouverture influençant sa réception. La publication cherche encore à déterminer ce que l’Oulipo a apporté aux ateliers : en particulier, quel bénéfice ces derniers tirent-ils de la contrainte ? et quels types de production suscite-t-elle ? Les contributions rassemblées dans ce volume évaluent enfin l’influence actuelle du groupe sur ces pratiques, et ce qu’implique d’y faire référence, ou pas.

Small Stories : un nouveau paradigme pour les recherches sur le récit
Le concept de small stories a été introduit dans la discussion scientifique par Michael Bamberg et Alexandra Georgakopoulou. Il désigne « un ensemble d’activités narratives sous-représentées, comme les récits d’événements en cours, d’événements futurs et hypothétiques, d’événements partagés (connus), mais aussi les allusions à des récits, les récits différés ou encore les refus de raconter ». Le but de la small stories research est de déplacer l’attention, auparavant centrée sur les récits de soi, récits longs, pris en charge par un narrateur unique, consacrés à des événements passés non partagés, vers les récits courts et fragmentés que l’on trouve dans les environnements interactionnels de tous les jours.
Cet ouvrage vise à présenter au public français les principaux développements de la small stories research et à encourager la collaboration entre les chercheurs français et anglo-saxons, de même qu’entre les chercheurs de différentes disciplines.

Parrêsia et processus de véridiction de l’Antiquité aux Lumières
Le terme parrêsia signifie en grec ancien « franc-parler, liberté de parole, courage de dire la vérité ». Il met en évidence le lien qui peut unir le langage, le courage et la vérité. Il insiste sur la dimension éthique dans l’acte de parler et de penser, autrement dit l’implication de celui qui parle dans un énoncé qui prétend à la coïncidence du discours et de la vérité. La parrêsia est une manière de dire la vérité qui fait fi des conventions et de la retenue que requièrent les bienséances. Elle inflige à l’autre ou à l’institution le constat parfois amer d’une vérité qui n’est jamais bonne à dire. Elle peut causer une souffrance et plonger dans la honte.
Les études réunies dans ce volume explorent plusieurs aspects de la parrêsia telle qu’on a pu la considérer et la vivre dans l’Antiquité, à la Renaissance ou au siècle des Lumières.

Ecrits, images et pensées de prison
Qu’est-ce que l’expérience de l’incarcération ? Comment peut-on l’approcher, dans les murs ou hors les murs ? Cette épreuve a suscité, et suscite toujours, nombre d’œuvres et de témoignages qui tentent d’en rendre compte. À côté des écrits de grands écrivains, qui ont été incarcérés et ont laissé des traces saisissantes de l’enfermement (Théophile de Viau, Sade, Dostoïevski, Martchenko…), sont également ici analysés certains écrits de ceux qui se sont penchés sur cette question (les Goncourt, Henri Calet, Truman Capote…) et ont présenté des textes ou des films témoignant directement de l’expérience de la prison.
Cet ouvrage interroge les frontières entre le « dedans » et le « dehors », les « coupables » et les « innocents » ; il examine le paradoxe de la créativité en situation d’extrême contrainte, et fait entendre la voix de détenus dont nous pouvons nous sentir proches.
La perspective interdisciplinaire porte sur une période allant du XVIe siècle aux prisons syriennes actuelles, ou aux prisons françaises France en passant par Guantanamo.

Acteurs et architectes
Architecture et cinéma auront été dès l’origine enchaînés l’un à l’autre. Chaplin, Lang, Vidor, Truffaut, Resnais revêtirent des habits d’architecte, car le plus proche parent du cinéma est l’architecture, la machine cinématographique ne pouvant se passer d’architecture et simultanément en démontrant la puissance. Il n’y a pas de cinéma sans architecture, sans porte à claquer ni escalier à dévaler, sans terrasse où promener sa solitude, sans fenêtre, sans balcon. Le cinéma démontre à quoi sert l’architecture, ce que nous devrions savoir de ce qui s’y peut produire. Réciproquement, la bonne architecture est celle qui a choisi le cinéma, elle fait scène avant le cinéma, elle s’invente comme scénario et scénographie, la promenade architecturale qui débouche sur l’horizon de l’océan Pacifique. L’architecture comme le cinéma transforme chaque sujet en acteur.

Textuel – une anthologie: 1976-2016
En 1976, paraissait le premier numéro d’une revue nommée de façon un peu obscure 34/44. Cette publication qui deviendra Textuel partage les traits communs avec d’autres revues, nées comme elle de l’énergie théorique des années 1960. Elle s’en distingue aussi par son caractère libertaire. Plus interdisciplinaire que Littérature, elle s’ouvre d’abord aux étudiants. Aussi théorique et textualiste que Poétique, elle ne dispose pas du soutien d’un éditeur ayant pignon sur rue. Mise en place dans les librairies pas ses animateurs, fabriquée avec les moyens du bord, elle accueille pourtant, au long des soixante années numéros de sa première série, de grands noms des lettres et des sciences humaines, à commencer par celui de Julia Kristeva, sa première directrice. Cette anthologie esquisse son histoire et s’efforce de donner une vivante image d’un mo(nu)ment inaperçu de l’histoire intellectuelle française.
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Quand Mercredi 8 mars, 14 avril et 10 mai de 9h30 à 18h30 Où Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine, salle 302-303 Séminaire animé par Paolo Amaldi Prof. hdr, Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris...

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