Et si la crise écologique et la crise des institutions sanitaires et sociales relevaient des mêmes logiques ? Et si ces espaces de traitement des fragilités humaines étaient en réalité des modèles pour penser notre place et nos liens dans un contexte ou nous allons nous (RE-)découvrir davantage vulnérables face à notre milieu ?
C’est bien ces questions que nous allons avoir le plaisir d’explorer lors de notre notre prochain colloque intitulé « Crise écologique et crise des institutions : clinique d’une nouvelle écologie des liens ».
Argument
Curieusement, dans un monde épris d’efficacité immédiate, la demande de travail analytique ne décline pas. Face à la douleur psychique ce lent détour par la parole résiste aux désaffections : il ne permet pas d’éviter cette douleur, mais de l’intégrer au déploiement de la vie psychique.
Travail risqué, qui convoque les démons oubliés ou rejetés : il lui faut un espace protégé, sensible aux mouvements de la réalité ambiante mais en décalage avec les attractions du monde extérieur. Jardinier de cet espace, gardien de sa stabilité, de ses ouvertures, de son mouvement, réceptif, résistant, interprétant et agissant parfois, l’analyste tente de favoriser la dynamique des transformations.
C’est pourquoi nous avons invité Gilles Clément, jardinier inspiré et passionné du vivant, à partager les réflexions de cette journée.
Parfois c’est déjà par la rencontre insolite avec l’analyste que l’espace intérieur du patient se découvre : des propos inattendus décalent sur une autre scène la répétition des expériences traumatiques. Le travail qui s’engage passe par des métamorphoses, des révélations, mais aussi des régressions, des disparitions, une négativité incontournable. Comment cultiver la psyché dans le désert de la répétition, des croyances fixées, des passions mortifères ? Lorsque règne l’accrochage à la réalité, comment restaurer la régression vers le rêve, le recours à la sublimation ?
Mais la psyché s’organise de résurgences et d’après-coup, du moins quand le passé parvient à faire retour en séance. C’est aussi en parlant du monde extérieur, de ce qui semble n’être que la « réalité », qu’émerge la confrontation au traumatique interne, à ses variétés, à ses impasses et à son tragique : c’est par l’après-coup que se recrée la capacité d’investir et de désirer.
Incontournable transmission
Les trente ans de la SFTFP
En plus d’un siècle, l’observation clinique et le travail psychique à plusieurs ont participé à transformer et élaborer de nouveaux concepts. Mais il n’en demeure pas moins que : « Si les processus psychiques d’une génération ne se transmettaient pas à une autre, chacune serait obligée de recommencer son apprentissage de la vie, ce qui exclurait tout progrès et tout développement » (Freud S.)
La transmission interpelle chacun de la place qu’il occupe, dans un élan créatif, de l’aube au crépuscule de la vie, dans la parenté et la filiation, le fraternel, le couple, le transgénérationnel. Elle articule les liens dans la réciprocité et structure la construction de chacun et du groupe familial.
Au sein des familles, mais également au cœur des institutions, la transmission de l’héritage peut être aussi source de souffrances, de conflits, de désorganisation, de silence car s’approprier transformer et transmettre sont des processus soumis aux aléas des identifications, de l’emprise, de la compulsion de répétition et de l’oubli.
Ce que l’on retrouve aussi sur le plan sociétal où le travail de la mémoire, de l’Histoire est fondamental : le travail de culture en témoigne.
Nous nous proposons d’explorer les multiples facettes de ce processus complexe fondé sur la transmission psychique inconsciente et sur le postulat que l’intergénérationnel et le transgénérationnel en constituent « le tissu dont le sujet est issu » (Ruffiot A.).
Ce colloque sera l’occasion pour la Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique qui fête ses 30 ans de transmettre son histoire : les personnes qui l’ont créée puis portée et développée, les concepts en évolution qui animent sa pensée groupale, la psychanalyse des liens, appliquée à la clinique de la famille, du couple, de l’institution et de la formation.
Colloque de La Société du Rorschach et des Méthodes Projectives de Langue Française
Vendredi 31 janvier 2025
Les temps vécus
Données fondamentales de la subjectivité et de l’expérience humaine, le temps et sa temporalité n’en demeurent pas moins des notions délicates dans la définition même de leurs contours.
Dans le champ de la pratique des méthodes projectives, le dispositif de rencontre médiatisé par les épreuves projectives permet de mettre au travail et de révéler de manière toute particulière la manière dont le sujet investit ces objets spécifiques que sont le temps et la temporalité, que ce soit du côté de la temporalité des processus psychiques, du rapport expérientiel au temps et ses aléas, ou du côté de la construction et des remaniements de la temporalité au fil de l’histoire subjective et intersubjective de l’individu.
En contrepoint des effets du dispositif de passation, ce colloque se propose d’examiner les effets des contextes cliniques et institutionnels contemporains sur le(s) temps du dispositif. Les coordonnées temporelles de la rencontre projective peuvent en effet se trouver modulées et jouer sur les potentialités de temporalisation adossées aux différents moments de la passation et infléchir ainsi les processus mutatifs qui peuvent leur être associés.
Ce nouveau colloque de la Société du Rorschach et des méthodes projectives de langue française nous invite, à travers un dialogue pluridisciplinaire, à explorer non seulement la notion de temporalité dans sa complexité mais également ses possibilités de déploiement dans le champ des méthodes projectives et dans le contexte de leur pratique
PRESENTATION DE LA JOURNEE
L’interprétation est au cœur du travail analytique.
Depuis les découvertes freudiennes, tous les courants analytiques s’y sont intéressés. Cela montre en quoi cet enjeu n’est pas « insignifiant ». Pour autant l’interprétation, au-delà de ses contenus, est-elle univoque dans ses fonctions ou dans son utilisation ? Comme Jean Laplanche le rappelle : l’interprétation est « anagogique » : elle ne se satisfait pas de décrire ce qui est ou a été, mais indique une dynamique, un état ou un processus qui est à vivre.
Nous sommes interrogés aujourd’hui par la présence de nouveaux signifiants et de nouveaux messages dont nous devons assumer à la fois la déliaison et la liaison, la déconstruction et la reconstruction. N’oublions pas que Freud, face aux difficultés qu’il a pu rencontrer en privilégiant l’interprétation comme acte central au quotidien de la clinique, a été amené à y associer le terme de construction sur lequel ce colloque s’interrogera également. Les limites de l’acte interprétatif, qui ne se résument pas à l’interprétation sauvage, dépassent la démarche herméneutique par une plus large démarche déterministe. Peut-on avoir de nouvelles positions sur ces questions ?
Notre colloque posera plusieurs enjeux :
• Comment différencier aujourd’hui la vérité historique réaliste de l’événement et la vérité narrative relative, objet construit par une visée dans une scène imaginaire ?
• Comment aussi différencier la place de l’herméneutique dans le coup et l’après coup ?
• Comment donner une place à la créativité quand nous sommes confrontés à l’originaire et à l’irreprésentable ?
• Comment ne pas se laisser emporter par une interprétation belle et séduisante au détriment qu’elle soit convaincante ?
• Ne sommes-nous pas encore aujourd’hui dans une théorie inachevée ?
Comme toujours dans nos colloques, cette journée sera organisée autour de présentations cliniques et de réflexions théoriques. Le programme abordera une grande diversité de dispositifs – institutionnels ou libéraux – et s’efforce de présenter la problématique de l’interprétation à tous les âges de la clinique : en périnatalité, auprès des enfants, des adolescents et des adultes.
Cette journée s’adresse aux cliniciens, psychologues, psychanalystes, psychiatres, médecins, infirmiers en psychiatrie, psychomotriciens etc.
Ce colloque, présenté à partir d’exposés théoriques et de vignettes cliniques, a pour objectif d’acquérir une compréhension de l’acte interprétatif, de cerner la construction et l’articulation de la subjectivité et de la relation d’objet, et d’actualiser les bonnes pratiques dans les dispositifs thérapeutiques.
La dernier colloque a réunit 1150 personnes, dont 850 en présentiel et 300 en distanciel, soit 9200 heures de formation cumulées sur la journée, à raison de 8H de formation par participant.