Quand :
5 juillet 2022 @ 11h16
2022-07-05T11:16:00+02:00
2022-07-05T11:31:00+02:00
Geneviève Haag (16 Décembre 1933-5 Juillet 2022)

                                                           Geneviève Haag (16 Décembre 1933-5 Juillet 2022)

 Geneviève Haag était psychiatre, ancienne interne des hôpitaux psychiatrique de la Seine. En 1964, elle est appelée par le Pr Didier Duché pour rejoindre l’équipe de L’Institut Médico-Éducatif Marie-Auxiliatrice à Champrosay (Essonne). Elle en deviendra le médecin chef, et y créera, dans les années 80, des dispositifs innovants de soins individuels et groupaux destinés aux enfants atteints de troubles polyfactoriels présentant des troubles autistiques sévères. Dans les années 60, elle rejoint le Dr Henri Sauguet à L’Institut Claparède à Neuilly sur Seine. Elle y rencontre James Gammill qui devient un de ses superviseurs, il l’engage à établir des contacts avec les psychanalystes anglo-saxons qui s’occupent d’autisme.

 A L’Institut Claparède, elle a occupé les fonctions de médecin consultant et de psychothérapeute auprès des enfants qui présentaient, pour certains, des états autistiques. Elle les recevait avec leur famille, avec leurs frères et sœurs, s’intéressait de plus en plus au développement du bébé en ayant bénéficié des transmissions de Frances Tustin et de Esther Bick, dont elle fut l’élève. Elle créa une équipe pluridisciplinaire dynamique avec des dispositifs novateurs et une méthode de travail psychanalytique extrêmement rigoureuse.

Infatigable chercheuse, Geneviève Haag a publié de nombreux articles depuis 1977 où elle a présenté avec César et Sarah Botella au congrès des Langues Romanes une conférence princeps « En deçà du suçotement » a ouvert la voie vers de nombreuses recherches et la publication de 300 articles, traduits en différentes langues. En 2018, elle obtient le 56ème Prix Maurice Bouvet pour son ouvrage paru aux P.U.F. « Le moi corporel. Autisme et développement ». Un deuxième ouvrage paraîtra en août 2022 qui retrace l’histoire et l’actualité de ses recherches sur les processus de changement dans l’autisme, « Grille d’évaluation de l’autisme : cliniques des diagnostics et des processus de changement dans les TSA »aux Puf.

Ses travaux se situent au carrefour de plusieurs chemins, où elle a croisé des pionniers de la psychanalyse des espaces psychiques primitifs, qui ont, eux aussi, défriché les voies empruntées par le négatif. Elle avait installé un dialogue avec plusieurs psychanalystes dont André Green, Piera Aulagnier, Didier Anzieu, Michel Soulé, Florence Guignard, Didier Houzel, Bernard Golse, Maria Rhode et David Rosenfeld. On retrouve également dans ses travaux un prolongement du travail winnicottien de défrichage des relations entre soma, psyché, création des espaces psychiques avec lesquels elle faisait des liens avec ses propres découvertes autour du moi corporel et de l’image du corps. C’est en 1983 qu’elle devient membre de la SPP. C’est autour de Donald Meltzer et Martha Harris et de leur venue régulière en France que fut créé en 1984 le Gerpen auquel Geneviève participa activement. En 2004, elle fonde la CIPPA en demandant à M.-D. Amy de la rejoindre pour l’aider à organiser le rassemblement des psychanalystes s’occupant des personnes autistes, à promouvoir des recherches, à organiser des débats avec d’autres disciplines, aujourd’hui la Cippa est devenue une association avec un rayonnement international qui conserve l’esprit de recherche et d’ouverture transmis par Geneviève Haag.

Toute sa vie, son engagement auprès des parents d’enfants autistes a été sans faille, marqué par la présidence du conseil scientifique de la Clé pour l’autisme, association de parents créée en 1993, parrainée activement par Simone Veil qui lui a remis en 2010 La Légion d’Honneur. La Clé pour l’autisme a rejoint la fondation John Bost depuis plusieurs années.

Geneviève Haag aimait les liens avec l’Esthétique, elle nous laisse une œuvre riche de découvertes et de nouvelles perspectives de recherches à venir. Comme elle aimait souvent à le dire : « Nous n’avons pas fait le tour de cette question ou de ce problème ». Ainsi elle cherchait toujours à découvrir de nouveaux chemins empruntés par les processus et leurs mises en sens pour penser les intégrations du rythme et de ses fantaisies. Elle a rejoint son mari Michel Haag avec qui son dialogue était incessant.

                                                                                                          Hélène Suarez Labat

                                                                                                          Membre titulaire SPP

                                                                                                          Professeure associée

                                                                                                          Laboratoire PCPP

Institut de Psychologie, Université Paris Cité