Caroline Le Van Kim, lauréate de la Médaille de l’engagement de l’Université Paris Cité
Semaine de la santé planétaire
Professeure de classe exceptionnelle, Caroline Le Van Kim, a consacré sa carrière à la recherche, à la formation et à la direction scientifique, tout en s’investissant activement dans la structuration de la recherche française en hématologie. Elle a dirigé des équipes de recherche Inserm/Université au sein de l’Institut national de la transfusion Sanguine, puis sur les sites de Broussais et Necker. Elle a été récemment à la tête de l’unité Inserm U1134 « Biologie Intégrée du Globule Rouge », qui regroupe quatre équipes de recherche. Elle a également codirigé le LabEx GR-Ex, qui réunit 30 équipes autour de la recherche sur le globule rouge, et a participé à la création de laboratoires internationaux, notamment avec l’Université de São Paulo. Spécialiste reconnue des groupes sanguins, des maladies du globule rouge et de la drépanocytose, elle dirige également une équipe de recherche en Guadeloupe en collaboration avec l’Université des Antilles.
Caroline Le Van Kim a également occupé de nombreuses responsabilités universitaires, parmi lesquelles la vice-présidence du conseil d’administration de l’Université Paris Diderot (2008-2010), la direction du Service de Formation Continue et Professionnelle (2007-2012) ainsi que la direction de l’école doctorale BioSPC pendant dix ans. Elle a également contribué à l’innovation pédagogique en créant de nouveaux enseignements et en lançant en 2022 un parcours de Master 2 consacré à la biologie du globule rouge et à la transfusion.
Très impliquée dans la vie scientifique et institutionnelle, elle a été membre senior de l’Institut Universitaire de France, déléguée scientifique au HCERES, et membre du conseil régional d’Île-de-France dans le cadre du DIM Biothérapies Cellules Souches. Elle a également assuré une charge de missions de valorisation et de relations internationales pour l’INTS.
Nommée chevalier de l’ordre du Mérite en 2009, Caroline Le Van Kim est professeure émérite depuis septembre 2025.
Entretien
Que représente pour vous la médaille de l’engagement de l’Université Paris Cité ?
C’est une surprise ! Je pensais qu’il s’agissait d’une récompense classique de personnel partant à la retraite ou en éméritat. Je suis très honorée que la vice-présidente Recherche, Anne-Paule Roqueplo, ait proposé mon nom. Cette médaille représente donc sans doute une preuve de la reconnaissance de l’Université,
J’ai toujours aimé énormément les missions universitaires qui sont très nombreuses et reflètent une petite partie de la diversité de la société et du service public. Plus jeune, j’ai eu le choix entre un poste au sein des organismes de recherche et celui de Maître de Conférences. J’ai alors choisi l’Université car je pressentais qu’il était possible de faire de la recherche de qualité, en même temps que former par la recherche, travailler et diriger des communautés diverses.
Qu’appréciez-vous particulièrement dans le travail au sein d’une université, et en particulier l’Université Paris Cité ?
J’apprécie les missions universitaires car elles sont en permanence traversées par les enjeux de société. J’ai toujours regretté la dichotomie qui pouvait exister à une certaine époque entre les organismes de recherche et l’université, et j’ai toujours milité en faveur d’un rapprochement qui, selon moi, favoriserait les échanges entre les communautés scientifiques. J’aimerais que les universités soient de véritables opérateurs de recherche. Aujourd’hui, les enseignants-chercheurs sont écrasés par les tâches administratives tout en ayant la double responsabilité d’être les meilleurs en recherche et de mener le plus grand nombre d’étudiants à la réussite. On leur demande souvent l’impossible.
Quels ont été les moments les plus marquants de votre carrière ?
J’ai connu énormément de satisfactions dans ma carrière professionnelle.
J’ai un parcours un peu particulier : j’ai travaillé en recherche à l’Institut National de Transfusion Sanguine (INTS), créé en 1994 à la suite du scandale du sang contaminé. Après le démantèlement de l’INTS, nos tutelles Inserm Université et APHP ont œuvré pour reconstruire un pôle de recherche sur le sang. J’ai travaillé pour la création de l’unité mixte Inserm/Université Paris Diderot, puis Université Paris Cité, puis l’Unité de Biologie intégrée du globule rouge sur le campus Necker qui a obtenu un financement InIdEx sous la direction du Pr Olivier Hermine (cf. GR-Ex).
Depuis une quinzaine d’années, je dirige le seul laboratoire de recherche Inserm sur la drépanocytose, situé au CHU de Guadeloupe. C’est une mission qui m’a tenu à cœur et m’a beaucoup appris sur la recherche en territoire ultra marin.
J’ai dirigé une école doctorale pendant 20 ans (B2M (2008), B3MI (2012), puis BioSPC). Accompagner des étudiants en thèse venus de divers laboratoires est une mission plurielle et passionnante ! Il faut pouvoir guider les étudiants vers leur thèse, mais gérer également les relations avec les directeurs de laboratoire et l’administration. Cela demande d’avoir le dos large et pas mal d’énergie mais c’est très gratifiant. Ces futurs diplômés en thèse seront les chercheurs, les médecins, les personnels soignants, journalistes scientifiques, industriels de demain.
J’ai également occupé des responsabilités collectives au sein de l’université, notamment au moment de la Loi LRU. Je pensais que les prémices de la fusion universitaire étaient présentes. Je me suis investie pour que cette fusion aboutisse, notamment en tant que vice-présidente du Conseil d’administration en travaillant avec Paris Descartes. L’enjeu était de construire une grande Université omni disciplinaire. Il est très difficile de changer les mentalités, cela prend plusieurs années. L’équipe qui nous a succédé, puis celle d’après y sont parvenues, et à ce jour je pense que les méfiances sont tombées et que le sentiment d’appartenance à l’Université existe.
Des projets pour la suite ?
Aujourd’hui, je suis professeur émérite. Tout est passé très vite !
Les défis ne manquent pas. Je travaille pour le nouvel InIdex, GR-Ex, avec le Pr Oliver Hermine. A court terme, je souhaiterais également créer un institut d’hématologie hors -murs et regrouper les pôles Nord Saint Louis et Ouest Necker-Cochin-Pompidou afin de mutualiser des programmes de recherche et de formation. L’enjeu est important car je pense que l’hématologie représente une des premières disciplines phares de l’Université Paris Cité.
Je continue pour le moment à travailler au sein de l’école doctorale en tant que directrice de département et pour le Master Globule Rouge et Transfusion. Et je poursuis bien entendu des activités de recherche au sein de mon équipe et unité de recherche à Necker.