Le Conseil européen de la recherche a publié ce 5 septembre 2023, les résultats de son appel à projets Starting Grants. Sur les 50 lauréats français, 5 développent leur projet dans des unités de recherche rattachées à Université Paris Cité. Découvrez les projets lauréats.

L’appel à projets Starting Grants 2023 a attiré plus de 2 696 propositions examinées par des panels de chercheurs renommés du monde entier. Les 400 subventions allouées aux lauréats en Europe, pour un montant de 628 millions d’euros, devraient permettre de créer plus de 2 600 emplois pour des post-doctorants, des doctorants et d’autres membres du personnel des établissements d’accueil.

Ces subventions soutiennent la recherche de pointe dans un large éventail de domaines, allant de la médecine et de la physique aux sciences sociales et humaines. Elles aideront les chercheurs en début de carrière à lancer leurs propres projets, à former leurs équipes et à poursuivre leurs meilleures idées.

 

Université Paris Cité adresse toutes ses félicitations à :  

Lina BENAJIBA, MCU-PH au Centre D’Investigations Cliniques (INSERM CIC 1427), cheffe d’équipe ATIP-Avenir – INSERM U944 – Institut de Recherche Saint-Louis pour son projet OncoNichPath (Unmasking the dynamic influence of the hematopoietic niche as an oncogenic path to myeloid neoplasms evolution)

Malgré les progrès notoires réalisés dans la compréhension de la pathogenèse de la leucémie aiguë myéloïde (LAM) au cours des dernières décennies, les progrès cliniques dans le traitement de cette maladie restent laborieux. Les traitements actuels se heurtent à l’acquisition de résistances chez une majorité de patients. La survenue d’une leucémie aiguë est la conséquence à la fois d’anomalies au sein du génome des cellules leucémiques mais elle repose également, sur des modifications de leur microenvironnement. En effet, des études récentes ont montré que le « sol » jouait un rôle clé dans la prolifération et la survie des cellules leucémiques dans la moelle osseuse. En appliquant des méthodes novatrices de criblage génétique et chimique à haut débit, à des modèles qui reproduisent le plus fidèlement possible la physiopathologie de la maladie, notre équipe cherchera à mieux comprendre les mécanismes impliqués dans le dialogue entre les cellules leucémiques -les «graines»- et leur microenvironnement -le «sol». La dissection de ces mécanismes aux différents stades de la maladie : initiation, progression et résistance aux traitements, devrait ouvrir la voie à des pistes thérapeutiques préventives et curatives innovantes, pour améliorer le pronostic des patients atteints de cette maladie dévastatrice. »

 

Diana Passaro, chargée de recherche Inserm et cheffe d’équipe à l’Institut Cochin pour son projet PLASTECITY (PLASTicity of Endothelial Cell as new Target for acute myeloId leukemia TherapY)

Le projet PLASTECITY vise à acquérir une compréhension globale du rôle des cellules vasculaires dans la leucémie aigues et à identifier des nouvelles cibles thérapeutiques pour le traitement de ce cancer, le plus courant chez l’enfant.
Les traitements disponibles actuellement entraînent des effets secondaires importants et présentent un taux élevé de rechute. Par conséquent, il est urgent de rechercher des thérapies plus ciblées et moins toxiques. PLASTECITY permet d’explorer la façon dont le développement de la maladie affecte les cellules saines du microenvironnement, notamment les cellules vasculaires qui ont un rôle crucial dans la moelle osseuse. Le projet PLASTECITY s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle, dans le cas de leucémie aiguë certaines cellules vasculaires régressent vers un état moins différencié et plus plastique, le tout favorisant la progression de la maladie. Pour tester cette hypothèse, des modèles murins seront utilisés, et des techniques de microscopie avancée et de séquençage seront employées pour décrire la plasticité des cellules vasculaires. En identifiant les facteurs moléculaires impliqués dans ce processus, l’étude vise à trouver de nouvelles cibles thérapeutiques pour prévenir la formation d’un environnement favorable à la leucémie dans la moelle osseuse. Ces cibles seront alors testées à l’aide de modèles humanisés sur puce développés dans l’équipe. Les résultats contribueront à la validation préclinique et nous rapprocheront du développement de traitements plus efficaces chez les patients.

 

Daria Bonnazzi, chargée de Recherche Inserm, biophysicienne au sein de l’Unité « Pathogénèse des infections vasculaires » à l’Institut Pasteur de Paris, pour son projet HOMEPATH (Control of Host Mechanics by a Bacterial Pathogen and Functional Impact)

Grâce à une approche interdisciplinaire à l’interface entre biologie, physique et ingénierie, le projet HOMEPATH s’intéresse au rôle des forces mécaniques au cours des infections bactériennes dans le but de comprendre d’une part comment les bactéries répondent et s’adaptent à des forces venant de leur environnement, et de l’autre les changements biomécaniques que les pathogènes induisent dans les cellules et les tissus de l’organisme hôte pendant les différentes phases de l’infection. Il s’agit donc d’explorer la façon dont la mécanique de la cellule hôte est affectée par l’adhésion et la prolifération des méningocoques, et comment les forces mécaniques ont un impact global sur la physiologie de la barrière tissulaire des épithéliums et des endothéliums. Pour ce faire, une combinaison d’outils quantitatifs, de systèmes d’imagerie et de modèles physiques sera utilisée pour accéder directement aux forces générées par les bactéries et les cellules hôtes pendant l’infection, à la fois in vitro en utilisant des modèles 2D et 3D de barrière tissulaire et in vivo. Ce travail apportera de nouvelles connaissances fondamentales sur l’homéostasie mécanique des barrières tissulaires, en intégrant le méningocoque et d’autres bactéries pathogènes comme nouveaux outils pour étudier les principes fondamentaux qui déterminent l’architecture, la mécanique et la fonction des cellules, et mieux traiter les infections.

 

Vincent LIBIS, chargé de recherche au sein de l’unité mixte Inserm/Université Paris Cité U1284, pour son projet MeDiSyn (Scalable Microbial Metabolite Discovery Through Synthetic Biology)

Les métabolites secondaires microbiens ont eu un impact incalculable sur la santé et l’espérance de vie humaine depuis les premières découvertes il y a près d’un siècle. Une grande partie des antibiotiques, des anticancéreux et des immunosuppresseurs utilisés aujourd’hui proviennent en effet de micro-organismes. Cependant, le rythme de découvertes de métabolites microbiens a diminué au cours des dernières décennies, privant les patients d’une source clé de molécules thérapeutiques. Les conséquences sont graves, en particulier du fait l’antibiorésistance croissante qui rend graduellement les molécules actuelles obsolètes. Le réservoir naturel de métabolites microbiens est pourtant encore largement sous-exploré et de nouvelles approches issues de la génomique permettent aujourd’hui de découvrir des métabolites en se focalisant sur les gènes microbiens responsables de leur synthèse. Après avoir détecté de nouveaux gènes bioinformatiquement, les approches de biologie de synthèse utilisées par Vincent Libis permettent de transférer les gènes biosynthétiques dans un micro-organisme modèle afin de les activer. Le projet MeDiSyn vise à développer une méthode de transfert parallélisée qui remplit les conditions théoriques pour générer d’immenses économies d’échelle. Le succès du projet pourrait ainsi mener à la découverte d’un grand nombre de molécules actives.

 

Geoffroy Couteau, chargé de recherche CNRS à l’Institut de Recherche en Informatique Fondamentale (Université Paris Cité / CNRS) pour son projet OBELiSC (Overcoming Barriers and Efficiency Limitations in Secure Computation)

Le projet OBELiSC s’intéresse à la sécurité de nos données sur Internet. Aujourd’hui, la majeure partie de nos communications en ligne est protégée par des systèmes de chiffrement, et reste donc privée. En revanche, lorsque l’on utilise Internet, il est aussi courant que nos données soient révélées à des algorithmes, par exemple lorsque l’on voit de la publicité ciblée, lorsqu’on utilise un réseau social, qu’on reçoit une recommandation de vidéo sur un site de streaming, ou qu’on utilise une application utilisant nos données personnelles (comme les applications de rencontre, de sport ou de suivi de la santé). Dans ces usages quotidiens, nos données privées (notre historique de navigation, nos données de santé, nos préférences romantiques, nos liens d’amitié) sont révélées à des acteurs tiers qui peuvent les utiliser à notre insu. L’objectif d’OBELiSC est de développer de nouvelles méthodes cryptographiques garantissant que, lorsque des algorithmes utilisent nos données sur Internet, cela se fasse sans compromettre leur sécurité et sans les révéler à des acteurs tiers.

 

 

 
 
 
 
 
 
Les candidats retenus dans le cadre de cet appel mèneront leurs projets dans des universités et des centres de recherche de 24 pays d’Europe, le plus grand nombre de projets étant accueillis en Allemagne (87 bourses), en France (50), aux Pays-Bas (44) et au Royaume-Uni (32). Ils viennent d’Europe et d’ailleurs, 44 nationalités étant représentées, notamment les Allemands (66 chercheurs), les Italiens (57), les Français (32) et les Britanniques (24). Quatorze Européens actuellement basés aux États-Unis mèneront leurs projets financés par le CER en Europe.

 

À lire aussi