Atlantique

Atlantique est un film qui nous fait voyager. Pas seulement parce qu’il se déroule au Sénégal, le pays paternel de Mati Diop, et que le ouolof (wolof), langue majoritaire y est parlé, mais bien parce qu’il nous fait circuler dans le temps et les espaces. L’océan éponyme, sa présence physique et sonore, ses rumeurs, se charge de faire le lien.

Les images passent constamment du présent au passé, du réalisme au surnaturel, des milieux populaires aux nouveaux riches, des préoccupations contemporaines d’un groupe de jeunes (rapports aux ainés, loisirs, mariage, recherche de ressource et emploi) aux traumatismes de la traite atlantique, de la misère quotidienne de certains à l’absurdité de projets mégalomanes, des badineries de filles aux drames des noyades de migrants, des vivants aux revenants. 

Atlantique exige donc des spectateurs.trices une certaine souplesse mentale et visuelle. Mais on est happé par le fil de la narration gravitant autour d’un couple, Ada et Souleiman, qui rêve de se former mais subit le poids des contraintes sociales et navigue entre vie et mort. Les fantômes sont bien réels et accompagnent les vivants ; ils les aident à retrouver leur voie.

Le film prend l’allure tantôt de film policier, tantôt d’une romance, tantôt de dénonciation des excès d’un capitalisme sauvage, le tout baigné dans des lumières qui nous font passer d’un monde à l’autre. Dakar, métropole en pleine croissance, dans laquelle on déambule dans la lignée des films de Djibril Diop Mambéty, oncle de la jeune cinéaste, tient également lieu de personnage.

Acceptez de circuler ainsi entre divers mondes, entrez dans cette danse des sentiments et des situations, laissez vous emporter…