Carino Gurjao : un docteur au top !
Carino Gurjao, 28 ans, ingénieur en bio-informatique, docteur d’Université Paris Cité et chercheur à Harvard Medicine School est classé par le magazine Forbes parmi les 30 personnalités de moins de 30 ans au parcours le plus remarquable en médecine. Il nous raconte les raisons de ce succès.
En 2017, après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur en Bioinformatique et Modélisation à l’INSA de Lyon, Carino Gurjao se voit proposer un poste de chercheur à Boston, où il avait déjà réalisé plusieurs stages. Quatre ans plus tard, son expérience de recherche le pousse à préparer une thèse. C’est ce qu’il entreprend dans le cadre d’une validation des acquis de l’expérience (VAE) au BoevaLab de l’Institut Cochin sous la direction du Dr. Boeva (Institut Cochin et ETH Zurich) et du Dr. Mirny (MIT et Harvard). Il a soutenu et obtenu sa thèse le 17 décembre dernier. « Mon profil intéresse car je suis une sorte de couteau suisse maniant aussi bien les statistiques, l’information et la biologie » explique-t-il humblement.
« Je suis revenu en France pour faire ce doctorat afin de compléter mon cursus avec un diplôme attestant de ma compétence dans le domaine de la recherche médicale et compléter mon parcours d’ingénieur. La formation doctorale délivrée en France est très appréciée et reconnue Outre-Atlantique » confie t-il.
Durant ses années de recherche à l’Institut du cancer Dana-Farber de Cambridge, Carino a publié six articles à fort impact dont trois en tant que premier auteur. Sa dernière publication « Discovery and Features of an Alkylating Signature in Colorectal Cancer » met en évidence l’effet mutagène, longtemps suspecté mais jamais observé, de la viande rouge chez l’humain.
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (agence de l’OMS), avait classé la viande rouge (bœuf, porc, veau, mouton, etc.) « cancérogène probable » et la viande transformée (charcuteries, saucisses, etc.) « cancérogène avéré ». Les mécanismes à l’œuvre étaient déjà connus dans des lignées cellulaires de souris. Il restait alors à observer les effets cancérogènes à l’œuvre dans le développement de cancers colorectaux chez l’humain. C’est ce que Carino Gurjao et ses collègues aux USA, en Chine, au Japon, en Angleterre… ont découvert pour la première fois.
Ces travaux de recherches se sont appuyés sur les données de deux vastes cohortes épidémiologiques américaines, qui compilent des données de 280 000 personnes suivies depuis les années 1970-1980. L’équipe de Harvard cherchait au départ à identifier « les différentes empreintes génétiques que l’on observe dans les tumeurs colorectales », précise Carino Gurjao. Parmi ces 280 000 personnes, environ 4 000 ont développé un cancer colorectal. Les extraits ADN de 900 de ces patients ont été analysés et mis en relation avec leur régime alimentaire. Les résultats montrent que les « gros mangeurs » de viande rouge présentent une signature génétique spécifique, qu’on ne retrouve pas chez les « gros mangeurs » de poisson ou de volaille. La signature génétique observée est caractéristique des composés nitrosés, dus, non seulement à l’hémoglobine du sang mais surtout aux additifs nitrités dans les viandes transformées.
Désormais docteur d’Université Paris Cité, Carino Gurjao est donc promis à un bel avenir. Il repart aux États-Unis pour occuper un poste de chercheur et poursuivre ses travaux à Columbia University sur une cohorte ethniquement diversifiée, afin d’optimiser les mesures de prévention et de traitement du cancer pour ces populations.
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