Tout en ombre et lumière, Jacques Audiard tisse à travers « De rouille et d’os » l’histoire d’une rencontre improbable entre Ali, colosse aux pieds d’argile, père dépassé voire encombré, vigile de grande surface et cogneur, et Stéphanie, femme de tête et dresseuse d’Orques – fauves aquatiques par qui la tragédie arrive. 

Ni critique sociale sur l’exclusion ou la pauvreté, ni chronique sur une femme handicapée, ce film offre une vision croisée dans laquelle s’opère une reconstruction mutuelle. Cette dialectique s’appuie, en arrière-plan, sur l’homme, son rapport décomplexé à la vie et au handicap et sur la femme, son corps abîmé, tatoué, désiré et la découverte progressive de son identité plurielle (féminité et handicap). Chacun, en définitive, se relève/révèle grâce au regard de l’autre. Le cinéaste nous propose ici le portrait sensible d’une humanité retrouvée à l’image d’une « Femme qui marche » (Giacometti, 1932).

  • Titre : De rouille et d’os
  • Réalisateur : Jacques Audiard
  • Date de sortie : 2013

Suggéré par Nathalie Angeard, enseignante-chercheuse à l’Institut de psychologie