Un sommeil de six heures ou moins par nuit entre l’âge de 50 à 70 ans est associé à un risque accru de démence, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Inserm et d’Université Paris Cité en collaboration avec University College London. Menés sur près de 8 000 personnes adultes britanniques suivies durant plus de 25 ans, ces travaux sont publiés dans Nature Communications. Ces résultats ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet, mais suggèrent l’existence d’un lien entre la durée du sommeil et le risque de démence.
© Gregory Pappas – Unsplash
Près de 10 millions de nouveaux cas de démence, comme la maladie d’Alzheimer sont rapportés chaque année dans le monde entier. Chez les patients, le sommeil est souvent altéré. Toutefois, de plus en plus de données suggèrent que les cycles du sommeil avant
même l’apparition de la démence sont aussi susceptibles de contribuer au développement la maladie.
La chercheuse Inserm Séverine Sabia, à la tête de cette étude, et l’équipe EpiAgeing du Centre de recherche épidémiologie et statistiques – Université Paris Cité (CRESS), ont analysé les données de l’étude Whitehall II de University College London (UCL). Menée depuis 1985, cette étude s’est intéressée à la santé de 7 959 britanniques.
Les participants ont effectué une auto-évaluation de la durée de leur sommeil à six reprises entre 1985 (étendue d’âge : 35 à 55 ans) et 2015 (étendue d’âge : 63 à 86 ans) ce qui a permis d’extraire des données sur la durée du sommeil à 50, 60, et 70 ans pour chaque participant. En 2012, environ 3900 d’entre eux ont également porté une montre avec accéléromètre pendant la nuit afin de vérifier la précision de leurs estimations. Les chercheurs ont ainsi pu étudier le lien entre la durée du sommeil à différents âges, son évolution entre 50 et 70 ans, et le risque de survenue de démence sur une période allant jusqu’en mars 2019.
L’étude révèle un risque de démence plus élevé de 20 à 40 % chez les personnes dont la durée du sommeil est inférieure ou égale à six heures par nuit à l’âge de 50 ou 60 ans. Il a également été observé un risque accru de démence de 30 % chez les personnes âgées de 50 à 70 ans présentant systématiquement une durée de sommeil courte, indépendamment de leurs éventuels problèmes de santé cardiovasculaire, métabolique ou mentale, qui constituent des facteurs de risque connus de démence. Ces résultats étaient confirmés lorsque la durée de sommeil était mesurée de façon objective (et non simplement à partir d’une auto-évaluation), à partir des données des accéléromètres utilisés dans la sous-cohorte des 3900 participants.
Ces résultats suggèrent que le sommeil en milieu de vie pourrait jouer un rôle pour la santé du cerveau et confirment ainsi l’importance d’une bonne hygiène du sommeil pour la santé.
Références
Association of sleep duration in middle and old age with incidence of dementia. Séverine Sabia1,2, Aurore Fayosse1, Julien Dumurgier 1,3, Vincent T. van Hees4, Claire Paquet3, Andrew Sommerlad5,6, Mika Kivimäki 2,7, Aline Dugravot1& Archana Singh-Manoux 1,2
1 Université Paris Cité, Inserm U1153, Epidemiology of Ageing and Neurodegenerative diseases, Paris, France.
2 Department of Epidemiology and Public Health, University College London, London, UK.
3 Université Paris Cité, Inserm U1144, Cognitive Neurology Center, GHU APHP Nord Lariboisière – Fernand Widal Hospital, Paris, France.
4 Accelting, Andorrastraat 13, Almere, The Netherlands.
5 Division of Psychiatry, University College London, London, UK.
6 Camden and Islington NHS Foundation Trust, London, UK.
7 Clinicum, University of Helsinki, Helsinki, Finland.
Nature Communications, 20 avril 2021
DOI : 10.1038/s41467-021-22354-2
À lire aussi
Une mère sur quatre concernée par des soins irrespectueux en maternité
S’appuyant sur l’Enquête nationale périnatale de 2021, une équipe de chercheuses associant notamment l'Université Paris Cité révèle qu’un quart des mères en France seraient concernées par des soins irrespectueux en maternité, associés à un risque accru de dépression...
Meet-Up 2025 : plus de 100 participants réunis pour les sessions d’information organisées par l’Université Paris Cité sur les appels européens MSCA Postdoctoral Fellowships
Afin d'offrir aux post doctorantes, aux post doctorants et à leurs superviseurs le meilleur soutien possible pour une candidature réussie et de grande qualité aux appels MSCA Postdoctoral Fellowships (MSCA PF), le Réseau Recherche Europe, coordonné par l’Université...
Deux projets d’excellence d’UPCité lauréats des ERC Consolidator Grants en mathématiques et neurosciences
Le Conseil européen de la recherche (ERC) a annoncé le 9 décembre 2025 les résultats de son appel à projets Consolidator Grants. Parmi les 25 lauréats français, deux projets sont coordonnés à l'Université Paris Cité : le projet SAMPLING porté par Laura Dugué,...
DiffeRs : le projet lauréat d’un ERC Consolidator Grants qui étudie les singularités
Le projet DiffeRs, coordonné par André Belotto Da Silva, enseignant-chercheur à l’Institut de Mathématiques de Jussieu–Paris Rive Gauche (Université Paris Cité) et lauréat d’une bourse ERC Consolidator en 2025, vise à développer de nouvelles méthodes afin d’ouvrir de...