Avec ses 3050 doctorantes, doctorants et une politique d’attractivité ambitieuse, UPCité s’efforce de rendre ses docteurs visibles et reconnus au-delà du monde académique. À la suite de la remise du rapport sur la valorisation du doctorat dans les entreprises, nous avons rencontré Raphaël Porcher, directeur du collège des écoles doctorales de l’université Paris Cité. Il revient pour nous sur les enjeux et les actions mises en place par l’université pour faciliter l’insertion des doctorants dans le secteur privé, tout en renforçant l’excellence de leur formation.

Quel est le rôle du Collège des écoles doctorales d’UPCité dans la valorisation du doctorat ?


Raphaël Porcher : UPCité, en tant qu’université de recherche intensive labélisée IdEx, place la valorisation du doctorat parmi ses priorités. Avec 3050 doctorantes et doctorants répartis dans 21 écoles doctorales (dont 12 en gestion principale), soit entre un quart et un tiers de notre force de recherche, UPCité s’engage activement dans l’accompagnement des futures docteures et futurs docteurs pour des carrières en entreprise et dans la société. UPCité promeut l’excellence académique, notamment à travers ses 126 unités de recherche et ses 25 Graduate Schools du programme SMARTS-UP, qui renforce le continuum master-doctorat et attire des talents internationaux via des contrats doctoraux spécifiques. Nous proposons aussi une approche professionnalisante, avec nos IUT, nos cursus Santé, STAPS et en psychologie, mais aussi pour le doctorat. En premier lieu, le doctorat est une réelle expérience professionnelle de la recherche. Nous renforçons aussi cette professionnalisation à travers notre offre de modules de formation transversaux et professionnalisants pour préparer les doctorantes et doctrants à des carrières variées, tant dans le monde académique qu’en dehors.

Pourquoi le doctorat est-il encore insuffisamment reconnu dans le secteur privé ?


R.P. : Il est vrai que le doctorat reste insuffisamment reconnu dans le secteur privé en France, ce qui constitue une de nos préoccupations majeures. Il y a plusieurs explications possibles. D’une part, le pourcentage d’actif avec un doctorat en France, 1,0% est légèrement en-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (1,3%) et nettement inférieure à ce que l’on peut trouver en Allemagne ou en Suisse, par exemple, pays dans lesquels le doctorat est mieux reconnu. À cela s’ajoute une sous-représentation des docteures et docteurs dans les instances dirigeantes des entreprises, et même dans les centres de recherche des entreprises, comme l’a rappelé Xavier Lazarus ce matin. Notre mission est donc de promouvoir le doctorat, diplôme le plus élevé délivré par l’Etat, dans le secteur privé. La formation à la recherche et par la recherche de nos docteures et docteurs ainsi que les formations doctorales complémentaires qu’ils reçoivent dans de nombreux domaines font de ces diplômés de hauts potentiels pour les entreprises. Il est important que leurs compétences, qui ne sont pas uniquement des compétentes de recherche, soient reconnues et valorisées.

Comment attirer davantage d’ingénieurs vers la recherche doctorale ?


R.P. : Attirer des profils issus de formations en ingénierie vers le doctorat est un défi, mais c’est aussi un levier puissant pour stimuler l’innovation. En complément de notre offre unique et omnidisciplinaire (sciences humaines, sciences et techniques, sciences de la vie et de la santé), nous pouvons compter sur des projets ou actions dans des domaines spécifiques qui sont porteurs et à même d’attirer des ingénieures et ingénieurs. C’est le cas de Graduate Schools, par exemple, mais aussi de notre participation à l’IA Cluster PR[AI]RIE-PSAI ou l’institut interdisciplinaire Data Intelligence Institute of Paris (diiP). Au-delà des domaines de l’intelligence artificielle, il ne faut pas non plus négliger notre secteur santé, très fort et très visible, qui se révèle aussi attractif pour des profils ingénieurs qui cherchent à développer des activités à l’interface de leur formation et de la médecine, ou plus généralement de la santé. Notre attractivité internationale et la qualité de notre encadrement constituent également des atouts majeurs pour attirer ces profils.

Comment adapter les formations doctorales pour maximiser leur impact économique ?


R.P. : UPCité travaille activement à maximiser l’impact économique des compétences de ses docteures et docteurs en adaptant constamment ses formations. En plus des modules professionnalisants, nous avons mis en place un réseau d’alumni et souhaitons développer des rencontres entreprises-doctorant.e.s pour élargir les opportunités. De plus, notre Pôle Universitaire d’Innovation, ValoCité, permet aux doctorantes et doctorants de se familiariser avec les besoins et attentes des entreprises. Nos formations intègrent aussi des dimensions comme la responsabilité sociétale, la science ouverte, et le développement durable, en cohérence avec notre signature « Santé planétaire ».

En quoi les docteurs peuvent-ils contribuer à l’innovation ?


R.P. : L’intégration des docteures et docteurs dans les entreprises est cruciale pour stimuler l’innovation en France. Les doctorantes et doctorants d’UPCité représentent 5 % des docteures et docteurs diplômés au niveau national, montrant ainsi notre engagement dans la formation de talents aptes à transformer notre économie. Nos partenariats avec les entreprises, par exemple à travers des contrats CIFRE, qui peuvent encore être développés, visent à rapprocher les doctorantes et doctorants du monde professionnel dès leurs études. En créant des liens avec des réseaux professionnels, nous croyons que ces efforts contribueront à renforcer notre compétitivité et notre capacité d’innovation.


Les doctorantes et doctorants d’UPCité sont des actrices et acteurs essentiels du progrès et de l’innovation, et leur expertise trouve de plus en plus sa place au-delà du monde académique. L’université met tout en œuvre pour les accompagner dans leur insertion professionnelle, en leur ouvrant, notamment, des perspectives prometteuses dans le secteur privé. Armés de compétences pointues et d’une solide formation, ils sont prêts à relever les défis d’aujourd’hui et à contribuer à l’évolution de notre économie. À travers cette valorisation du doctorat, UPCité entend renforcer l’impact de ses talents au sein des entreprises et de la société tout entière.

Les recommandations du rapport font-elles écho aux mesures prises par l’université ?

R.P. : Les recommandations du rapport de Mme Pommier et de M. Lazarus rejoignent nos préoccupations et plusieurs actions que nous avons déjà entreprises. À UPCité, la création d’un Pôle Universitaire d’Innovation ValoCité illustre notre volonté de renforcer les liens avec les entreprises, en mettant en avant les compétences des docteurs. Nous encourageons activement les rencontres avec les professionnels, le développement de réseaux et les partenariats industriels, notamment avec les dispositifs CIFRE. Nous voyons dans ce rapport une opportunité d’aller encore plus loin, notamment en renforçant nos partenariats avec des entreprises et des collectivités territoriales.

Rapport – Recommandations pour la reconnaissance du doctorat dans les entreprises et la société >

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