La Licence 3 de Lettres, parcours « Lettres et Arts » propose un atelier « Image ». Celui-ci combine visites d’expositions, démarches exploratrices, lectures, débats, acquisition de connaissances et de références et rencontres avec des artistes. Il vise à appréhender les enjeux et les spécificités de la création contemporaine. Dernièrement, l’atelier a noué un partenariat avec le Crédac (Centre d’art contemporain) d’Ivry-sur-Seine, qui met en scène les productions des étudiantes d’Université Paris Cité.
© Mathilde Assier
Un atelier qui initie les étudiants à l’analyse et à la critique artistique
L’atelier « Image » sensibilise les étudiants à l’art contemporain et les initie à la critique artistique. Il vise à développer chez eux une attitude analytique et créative.
« J’ai choisi l’atelier « Image » car jusqu’ici en cours, nous ne nous étions jamais essayés à la critique d’exposition », explique Anouck Sberro, étudiante inscrite à l’atelier. Je découvre des artistes et des lieux d’expositions qui me permettent d’approfondir mes connaissance artistiques et culturelles et je porte un regard nouveau sur l’espace qui nous entoure ».
Les étudiantes ont eu la chance de pouvoir commencer le premier semestre en présentiel. À chaque visite physique d’exposition ; au Crédac, à la Villa Vassilieff, au Centre culturel suisse, « elles ont été invitées à s’arrêter, à regarder, à prendre la parole pour décrire avec leurs mots et leur subjectivité des oeuvres d’art, en prenant soin de ne pas oublier le contexte de l’exposition, la scénographie, l’éclairage, la médiation… » précise leur enseignante, Mathilde Assier.
Cette année, les étudiantes se sont concentrées sur la notion de transmission. En plus d’exercices d’écriture, elles ont mené une expérience de médiation intime et intergénérationnelle à distance (épistolaire et téléphonique) avec des résidentes de l’Ehpad Maison nationale des artistes. Elles ont également réalisé une performance en ligne avec l’artiste Anna Holveck en partenariat avec Bétonsalon – Centre d’art et de recherche et le Pôle culture d’Université Paris Cité, intitulée « Le Passe-muraille ».
L’atelier « Anaphore » : l’art d’écrire, l’art de dire
La professeure Mathilde Assier est aussi chargée du développement des publics et de la communication à Bétonsalon, centre d’art et de recherche situé sur le Campus des Grands Moulins. Pour elle, « mener des projets avec des structures partenaires est très enrichissant : les étudiantes rencontrent d’autres professionnels, des programmations artistiques et des fonctionnements différents. Le Crédac se trouve à moins de 20 min du campus, sur le RER C et son équipe est particulièrement accueillante ! ».
Après avoir vu l’exposition La vie des tables présentée par le Crédac, il a été demandé à chaque étudiante de s’adonner à un exercice étonnant : écrire un texte sur le procédé de l’anaphore, figure de style qui consiste en la répétition d’un ou de plusieurs termes en début de phrase. « À partir d’ « une table », vouée à devenir « des tables », elles ont écrit spontanément leur texte, dans une très belle atmosphère d’écoute, de cohésion et d’inspiration mutuelle. » Elles ont ensuite dû déclamer leur texte, enregistrés par l’enseignante.
Puis, le responsable du bureau des publics, Mathieu Pitkevicht, a réalisé des vidéos dans lesquelles apparaissent les mots des textes au fur et à mesure que la voix les prononce. « En temps de Covid-19, ces créations spontanées sont de vraies invitations au voyage et donnent un souffle nouveau à l’exposition La vie des tables, malheureusement fermée aux publics pour l’instant », s’enthousiasme Mathilde Assier.
Si l’exercice paraît difficile, les étudiantes disent ne pas avoir eu de difficulté à trouver leurs mots : « J’ai écrit mon texte grâce à l’impulsion donnée par le lieu-même de l’exposition La vie des tables. La contrainte était d’écrire avec une anaphore, mais l’inspiration était là, tout autour, dans les oeuvres qui nous entouraient ! Il n’y avait qu’à piocher, c’était très agréable. », s’exclame Lola Arrouasse, également inscrite à l’atelier. Pour une autre étudiante, Anouck Sberro, cet exercice plutôt contraignant au premier abord, est devenu la source de son inspiration car « la table me rappelle des souvenirs d’enfance et a fait couler les mots sur mon papier ». Les étudiantes ont aussi pu profiter de leur bonne entente pour oser s’exprimer librement : « Comme nous étions toutes à l’aise les unes avec les autres, il n’y avait pas de barrière dans nos paroles. Je me suis sentie libre d’observer et de dire simplement, ce que je voyais sur cette table et ce qui me touchait et me plaisait », ajoute leur camarade Emma Redon.
Une expérience universitaire atypique
Ce projet est un double challenge pour les étudiantes et leur enseignante : d’une part, réaliser une prestation écrite et audio quasi simultanément, et d’autre part mener à bien ce projet pédagogique en temps de crise sanitaire.
Challenge qui a beaucoup plus aux étudiantes : « J’ai particulièrement aimé l’exercice consistant à explorer nos sensations face à une oeuvre. La scénographie, véritable berceau d’instants figés, permettait de voir les tables dans leur singularité. Chaque table est une bulle où l’artiste nous plonge. Nos textes ont permis de mettre des mots sur nos sensations et leur lecture en audio renforce la poésie qui dégageait de l’exposition », confie Anouck Sberro. Pour sa camarade, Lola Arrouasse, c’est une certaine liberté qui l’a séduite dans ce projet ; liberté de ton, de forme, et aussi de pensée. C’est finalement assez rare à l’université. J’ai vécu cette expérience comme un atelier-laboratoire d’écriture. J’ai d’ailleurs pu écrire un poème grâce à la visite physique de l’exposition. Ce projet a été une expérience très surprenante et enrichissante. »
Pour en savoir plus sur l’atelier « Anaphore », en partenariat avec le Crédac >
Pour en savoir plus sur la performance menée avec l’artiste avec Anna Holveck >
Pour en savoir plus sur le projet « Nous irons nous promener la nuit » >
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