Le 4 novembre, l’Académie française a dévoilé son Palmarès 2022 des Prix littéraires. Raphaël Gaillard, professeur de psychiatrie et responsable du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l’hôpital Sainte Anne (Université Paris Cité – GHU Psychiatrie & Neurosciences) s’est vu décerner le Grand Prix Jacques de Fouchier pour son livre Un coup de hache dans la tête.

 

Raphaël Gaillard

© Jean-François Paga

Le professeur Raphaël Gaillard conduit ses travaux de recherche sur la conscience et les processus inconscients, travaux qui ont été publiés dans les plus prestigieuses revues de neurosciences et de psychiatrie. Il préside également la Fondation Pierre Deniker, qui soutient la recherche sur les troubles psychiques et œuvre pour leur connaissance par le grand public.

Un coup de hache dans la têtes

Résumé

Qu’est-ce qui fait de nous des être capables de créer  ? Lorsque Diderot écrit que «  les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête  », il consacre une idée qui traverse les époques et les cultures  : qu’il s’agisse de la mélancolie selon Aristote, de la tempête des passions selon les Romantiques ou du manifeste surréaliste, tous célèbrent le lien entre folie et créativité, au point de considérer la folie comme l’ordinaire du génie.
Pourtant l’idée ne résiste guère à l’expérience quotidienne du psychiatre, qui raconte ici ses patients et montre combien la maladie les entrave et les livre à la souffrance.
C’est à partir de récentes études scientifiques qu’il devient possible de résoudre cette apparente contradiction  : c’est du côté des parents, enfants, frères et sœurs des patients que pourrait bien se situer la propension à la créativité. Le lien entre folie et créativité devient un lien de parenté  : notre ADN nous rend vulnérables aux troubles psychiques en même temps qu’il nous permet de créer.
C’est parce qu’ils sont la contrepartie de ce qui fait de nous des êtres humains que ces troubles s’avèrent si fréquents. Pour créer une œuvre, il faut se représenter le monde en pensée. Or l’acte élémentaire de penser est en soi un acte de création, et un pouvoir qui n’est pas sans risque  : en façonnant nos représentations du monde, nous devenons capables de les enrichir à l’infini. Pour faire œuvre ou pour se perdre.

À lire aussi