Maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité et chercheuse au sein du Laboratoire Mathématiques Appliquées à Paris 5 (MAP5 – Université Paris Cité/CNRS), Angèle Niclas explore la propagation des ondes pour répondre à des enjeux sociétaux, notamment en lien avec l’environnement et la médecine. Dans ce témoignage, elle partage son parcours et son engagement pour encourager les jeunes filles à s’emparer des sciences.

© Caslot Jean-Charles
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai suivi une classe préparatoire MPSI-MP à Dijon, avant d’intégrer l’ENS de Lyon en 2013. J’y ai étudié les mathématiques pendant quatre ans, en passant l’agrégation, puis en me tournant vers la recherche, avec un parcours mêlant théorie et applications des équations aux dérivées partielles. J’ai ensuite réalisé une thèse en mathématiques appliquées à l’École Centrale de Lyon, soutenue en 2022. Après un an de post-doctorat à l’École Polytechnique, j’ai été recrutée en 2023 comme maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité, au sein du laboratoire MAP5.
Quel est votre domaine de recherche et sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Je travaille de manière générale sur les problèmes inverses liés à la propagation des ondes. J’étudie des équations décrivant la propagation d’ondes dans des milieux guidés, et j’utilise la forme des signaux pour en déduire certaines propriétés du milieu traversé. Pendant ma thèse, j’ai utilisé des ondes guidées dans des canalisations pour détecter d’éventuels défauts de corrosion, avec des applications au contrôle des structures nucléaires. J’ai ensuite travaillé sur des ondes acoustiques se propageant dans l’océan, que j’ai exploitées pour localiser des animaux marins et analyser la composition des fonds sous-marins. Depuis mon arrivée à l’Université Paris Cité, je m’oriente vers des applications médicales, en particulier pour détecter des défauts dans la cornée ou dans l’oreille interne à partir de signaux acoustiques.
Vous êtes impliquée dans des actions de médiation scientifique, notamment en direction des collégiennes et collégiens : pouvez-vous nous en dire plus ?
Je consacre une part importante de mon temps à la diffusion des sciences, et plus particulièrement des mathématiques, au sein des collèges et lycées. Je pense que notre société véhicule encore une image fausse ou datée des mathématiques : beaucoup de jeunes imaginent le mathématicien comme un savant fou isolé, qui manipule des chiffres abstraits sans lien avec le réel. À travers mes actions de médiation, j’essaie de montrer que les mathématiques sont profondément connectées au monde qui nous entoure, qu’elles répondent à de vrais enjeux de société, et qu’elles ouvrent sur des métiers passionnants. Je porte une attention particulière à la place des filles dans ces actions. J’ai moi-même souvent ressenti une certaine solitude en tant que femme dans mon parcours scientifique. J’essaie donc de montrer qu’on peut être mathématicienne, avoir une vie personnelle épanouie, voyager, être mère… sans renoncer à sa passion ni à sa carrière. Concrètement, je participe régulièrement aux journées « Filles, mathématiques et informatique : une équation lumineuse » organisées par l’association Femmes et mathématiques, je suis marraine du programme « For Girls in Science » , j’ai animé des masterclasses pour lycéennes et lycéens avec l’association Sophera Berrebi, et j’ai fait partie jusqu’en 2023 d’une équipe « Déclics » , qui intervient dans les collèges pour parler des sciences. J’encadre également l’accueil de stages de découverte en mathématiques pour des élèves de troisième et de seconde au MAP5.
Avez-vous un message à adresser aux femmes et aux jeunes filles intéressées par les sciences ?
Les sciences, et en particulier les mathématiques, ouvrent la voie à des centaines de métiers passionnants, bien rémunérés, et dans lesquels les talents féminins sont encore trop rares. Trop souvent, on entend que les maths ne servent à rien… c’est faux ! Si vous aimez les sciences, lancez-vous. Vous trouverez des personnes bienveillantes, prêtes à vous accompagner, et des communautés où vous aurez toute votre place.
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