Ce n’est pas un animal, ce n’est pas un végétal, ni même un champignon… Cet individu mystère vit majoritairement dans les endroits sombres et humides des forêts tempérées. Composé d’une seule cellule, il ne possède ni membre, ni muscle, ni cerveau, et pourtant… il est étrangement capable de se déplacer, d’apprendre et même de transmettre ses apprentissages à d’autres congénères. Comment ? en fusionnant avec eux ! Mais de qui s’agit-il ?

Blob

© CNRS

Du blob. De son vrai nom Physarum polycephalum.

Véritable curiosité scientifique, le blob attire sur lui tous les regards les plus intéressés. Et pour cause ! Vivant dans les forêts tempérées, capable de doubler de taille en une journée, voire d’atteindre plusieurs mètres carrés, de vivre plusieurs décennies…en se nourrissant de bactéries et champignons, il remplit des fonctions vitales de décomposition de la matière organique et de minéralisation des sols. Il participe ainsi activement à la croissance des plantes et au bien-être des forêts. Il est donc indispensable aux écosystèmes où il est présent. Seulement voilà, à l’instar de l’ensemble de la biosphère, les blobs pourraient bien être impactés par le réchauffement climatique.

De cette interrogation est né le projet de science participative d’une ampleur inédite : Derrière le blob, la recherche. Sous la conduite d’Audrey Dussutour, chercheuse éthologue au CNRS, ce projet proposant 15 protocoles expérimentaux différents, rassemble 15 000 participants majoritairement non-scientifiques, de tous âges, répartis dans toute la France et à l’international.
La bibliothèque universitaire des Grands Moulins d’Université Paris Cité s’est engagée dans ce projet durant lequel, des personnels de la bibliothèque et des étudiants, sous la supervision de Maryline Moulin et Anne Couëdel-Courteille, enseignantes-chercheuses à l’UFR Sciences du vivant d’Université Paris Cité, ont réalisé des expériences durant 5 jours, selon deux protocoles différents (N°6 et N°7) pour étudier l’impact de vagues de chaleur sur le comportement des espèces de blob telles que Physarum polycephalum.

 

Une expérience rigoureuse et rondement menée

Les participants ont donc conduit leur travail d’expérimentation sur 3 groupes de blob. Le 1er, dit groupe témoin, n’a subi aucune variation de température. Le 2e a été soumis à 4 jours consécutifs de hausse de température à 30°C et le 3e a subi deux pics de chaleur (30°C) durant 24h, les jours 1 et 3.

 

                      

 

Pour chaque groupe, ils ont observé et noté les données de deux paramètres : la croissance du blob et la vitesse de sa croissance. Chaque matin, la température ambiante de la pièce expérimentale est mesurée et réglée à 20°C pour le groupe contrôle et les températures des boîtes d’expérience sont réglées à 30°C chaque jour pour le 2e groupe et seulement les jours 1 et 3 pour le 3e groupe.

Pour mesurer la croissance des blobs en fonction de la variation de température, chaque blob doublant de taille toutes les 24h est scindé en deux. La moitié droite est déposée à gauche dans une nouvelle boîte de Pétri et nourrie avec une quantité précise et fixe de flocons d’avoine, leur nourriture de prédilection en laboratoire. Cette nourriture est répartie sur l’autre côté de la boîte afin de leur permettre d’explorer et de coloniser cette partie et de mesurer toutes les 24h leur croissance.

 

Pour mesurer la vitesse de leur croissance, les expérimentateurs découpent dans l’autre moitié de chaque blob, la plus vieille, deux cercles de taille identique. Ces bouts de blob sont chacun placés au centre d’une nouvelle boîte pour observer jusqu’où ils se sont étendus après quelques heures. Les participants peuvent ensuite calculer leur vitesse de croissance.

Tous les soirs, 7h après les manipulations du matin, l’ensemble des blobs est immortalisé grâce à une séance photo. Sur chaque photographie apparaissent, en plus d’un blob, un thermomètre, un décimètre renseignant l’échelle ainsi qu’une note sur laquelle figure le jour, l’heure du cliché et le groupe auquel appartient le blob.

La simulation de vagues de chaleurs de différentes durées et fréquences permet d’étudier l’impact de hausses de température sur le comportement du blob. L’ensemble des autres paramètres étant identique, les différences observées à la fin des expériences pourront ainsi être directement imputées à la seule variation de la température.

À présent, l’ensemble des résultats consignés dans les cahiers de laboratoires des 15 000 participants va être analysé par l’équipe d’Audrey Dussutour qui communiquera les résultats consolidés d’ici quelques mois.

 

Cet article a été co-écrit par Clara Bernot et Manon Vidal, étudiantes à Université Paris Cité et qui ont participé à cette expérience de recherche participative.

 

À lire aussi