A l’origine de l’innovation technologique et de son développement industriel, il y a le travail de chercheuses et de chercheurs, sous l’impulsion d’établissements publics tels que l’université Paris Cité, engagée pour impacter positivement la société, et qui a fait de la « santé planétaire » sa signature. La startup Sonio, impliquée dans le suivi des grossesses et la santé des femmes, en est la parfaite illustration. Le point avec Stéphanie Allassonnière, chercheuse et vice-présidente innovation et valorisation de l’université Paris Cité, également co-fondatrice de Sonio.

Quel est votre parcours ?

Je suis mathématicienne de formation, diplômée de l’ENS. J’ai ensuite été recrutée au département mathématiques appliquées de l’Ecole Polytechnique comme professeure chargée de cours. Depuis 2016, je suis professeure de mathématiques à l’UFR de médecine de l’université. Je donne des cours dédiés à la donnée de santé et mes recherches ont pour but la modélisation statistique afin de trouver des tendances communes dans des populations et générer des nouvelles données (IA générative). Depuis 2023, je suis également vice-présidente innovation et valorisation de l’université.

Qu’est-ce que Sonio ?

Sonio est une suite logiciel, un outil compagnon pour les obstétriciens et sages-femmes qui permet un examen optimisé tant dans sa qualité que dans son déroulement.

Comment ce projet est-il né ?

En 2016, grâce à ma rencontre avec Yves Ville et Julien Stirnemann, j’ai lancé un projet de recherche autour du désengorgement des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal en collaboration avec un collègue de mon ancien laboratoire de Polytechnique. L’objectif était de mieux prioriser les patients et d’éviter des inquiétudes inutiles pour des anomalies mineures, tout en accélérant la prise en charge des cas nécessitant une intervention in utero. J’ai donc recruté un doctorant, Rémi Besson, qui a travaillé sur l’élaboration d’algorithmes pour améliorer le diagnostic à partir d’échographies fœtales.

À la fin de sa thèse en 2019, nous disposions d’une technologie capable de fonctionner en temps réel pour 80 pathologies. Cela aurait été dommage de laisser ce projet à ce stade. C’est alors que j’ai participé à DeepTech Founders, qui nous ont encouragés à créer une startup à partir de cet algorithme.

Comment la startup a finalement vu le jour ?

Sonio a été créé en 2020 sous l’impulsion de Cécile Brosset, une ancienne de Bpifrance qui cherchait un projet passionnant. Elle a permis de structurer l’entreprise en ajoutant des modules complémentaires au logiciel, permettant ainsi de prendre en compte l’ensemble de l’examen échographique. Le logiciel aide non seulement à améliorer la qualité de l’examen, mais aussi à détecter et analyser les anomalies grâce à un arbre de décision avancé.

Quel est votre rôle aujourd’hui et quelle est l’évolution de Sonio ?

J’occupe une place au sein du comité scientifique de la startup. L’actualité récente de l’entreprise inclut un rachat par Samsung, qui vendait déjà le logiciel depuis environ deux ans. Cette acquisition permet à Samsung d’intégrer une valeur ajoutée significative à ses machines. La majorité de l’équipe est restée en France, y compris l’intégralité de la partie R&D. L’objectif est l’expansion de la technologie outre-atlantique.

Avez-vous d’autres projets afin de permettre le transfert d’autres technologies ?

Je mène actuellement d’autres projets de recherche, notamment autour de l’augmentation de données pour les essais cliniques. Nous travaillons à créer des patients artificiels pour réduire le besoin de recrutement de participants dans des essais cliniques, en particulier pour les maladies rares.

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