Le conseil européen de la recherche a publié ce 11 avril 2024 les résultats de son appel « ERC Advanced Grant 2023 ». Le professeur Anton Zorich, mathématicien à l’université Paris Cité compte parmi les 37 lauréates et lauréats français de cet appel. Ce financement récompense ses travaux spécialisés dans les domaines de la géométrie dynamique et combinatoire, des champs des mathématiques en fort développement à l’heure actuelle.

© Université Paris Cité

Professeur à l’université Paris Cité, Anton Zorich conduit ses recherches en géométrie dynamique et mène des travaux sur les déformations et la structure des surfaces. « Notre objectif est de dresser un portrait précis d’une surface aléatoire de grand genre » indique le lauréat. En mathématiques, le genre d’une surface peut être défini comme le nombre de trous ou d’anses que la surface d’un objet peut avoir. À mesure que le genre augmente, la structure de l’objet se complexifie. Un des buts d’Anton Zorich est justement de dresser un portrait de la forme d’une surface ayant un genre élevé et donc une grande complexité.  Pour le scientifique, « une surface typique de grand genre pourrait-être comparée à une molécule de protéine ayant une structure tridimensionnelle très enveloppée » ce qui s’apparenterait à un ruban très contorsionné.

Pour mener ses recherches, Anton Zorich et ses collaborateurs conçoivent et programment régulièrement des codes informatiques afin de tester des hypothèses et de les démontrer rigoureusement. Les résultats obtenus décrivent des formes géométriques dont la visualisation ne dépend pas forcément d’une modélisation informatique. Le chercheur explique que dans la plupart des cas « en testant des formules mathématiques, il est possible de prédire la forme géométrique d’un objet uniquement en lisant les résultats d’un algorithme ». Pi est par exemple l’un des nombres caractéristiques de la géométrie les plus célèbres que les mathématiciens savent calculer par des méthodes probabilistes depuis l’expérience de l’aiguille de Buffon datant du XVIIIe siècle.

La géométrie dynamique présente notamment un intérêt dans les domaines de la physique et de la chimie pour prédire les mouvements d’objets. Anton Zorich explique que des études ont permis de montrer que « des particules ayant un mouvement chaotique sur le court terme on en fait un mouvement régulier et prédictible sur le long terme » ce qui n’était pas intuitif au premier abord.

Aujourd’hui Anton Zorich va pouvoir se consacrer pleinement à ses recherches grâce à son ERC. Ce financement européen va également lui permettre de recruter de nouveaux collaborateurs. « L’obtention de cet ERC va permettre d’impliquer des doctorants mais également des post-doctorants qui ont des compétences dans les différents domaines en lien avec mes recherches » pointe le mathématicien. Cela permettra ainsi d’accélérer les travaux du lauréat et de ses collaborateurs tout en favorisant le travail avec de jeunes scientifiques et de futurs chercheurs.  

 

L’université Paris Cité félicite également Yan Klinger,  Jeremie Szeftel, tous deux lauréats d’un ERC Advanced Grant

Yan Klinger, Directeur de recherche CNRS au sein de l’équipe de tectonique et mécanique de la lithosphère de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP) – UMR 7154

Dans le projet BE_FACT (Boxing Earthquakes and Faults in ACtive Tectonics – Institut de Physique du globe de Paris), Yann Klinger propose une nouvelle approche en générant ses propres séismes à partir d’une combinaison d’expériences en laboratoire et de simulations numériques. L’objectif final est d’analyser les ruptures associées à des séismes réels, en intégrant notamment des données de terrain et sismologiques pour produire des modèles de rupture de séisme en 3D. Le projet BE_FACT vise donc à produire une vision intégrée des systèmes de failles sismiques qui répondra aux interrogations sur les relations entre les ruptures sismiques et la géométrie des systèmes de failles, ouvrant ainsi la voie vers une société plus résiliente aux séismes.

 

Jeremie Szeftel, Directeur de Recherche CNRS en mathématiques au sein du Laboratoire Jacques-Louis Lions – UMR 7598 Université Paris Cité/Sorbonne Université/CNRS

Le projet BlaHSt Black Hole Stability, s’intéresse aux trous noirs de Kerr qui forment une famille à deux paramètres correspondant à des trous noirs en rotation, solutions des équations d’Einstein. La conjecture de stabilité des trous noirs de Kerr est devenue, depuis leur découverte par R. Kerr en 1963, un sujet central de la relativité générale, d’abord pendant l’âge d’or de la physique des trous noirs, puis au cours des vingt dernières années dans le cadre de la relativité générale mathématique. Ces efforts ont conduit à la résolution récente, par Jérémie Szeftel et ses collaborateurs, de la conjecture dans le cas à faible rotation. Un des principaux objectifs de ce projet est de s’attaquer au cas général, c’est à dire la preuve de la stabilité des trous noirs de Kerr pour tout moment angulaire.

 

 

 

Anton Zorich, Professeur de mathématiques à l’université Paris Cité – UMR 7586 Institut de mathématiques de Jussieu – Paris Rive Gauche/Université Paris-Cité

 

 

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