Des enseignants chercheurs de l’hôpital Cochin AP-HP et des chercheurs de l’Institut Cochin (Inserm, CNRS & Université Paris Cité), au sein du département hospitalouniversitaire « Risques et Grossesses », ont mené des travaux qui démontrent que l’hypervirulence des streptocoques du groupe B (Streptococcus agalactiae ou « SGB ») est potentialisée par les concentrations hormonales observées chez les nouveau-nés de plus de 7 jours. La bactérie peut alors entraîner la forme la plus grave de l’infection chez le nouveau-né, la méningite. Ces travaux réalisés sous la direction du Dr Asmaa Tazi au sein de l’équipe « bactéries et périnatalité » dirigée par le Professeur Claire Poyart et le Docteur Agnès Fouet ont fait l’objet d’une publication le 11 novembre 2019 au sein de la revue eLIFE.
Source
Perinatal hormones favor CC17 group B Streptococcus intestinal translocation through M cells and hypervirulence in neonates.
Hays C, Touak G, Bouaboud A, Fouet A, Guignot J, Poyart C, Tazi A*. eLIFE. 2019 Nov 11;8. pii: e48772.
DOI: 10.7554/eLife.48772
Le streptocoque du groupe B (Streptococcus agalactiae ou « SGB ») est la principale cause d’infection néonatale bactérienne invasive. Un clone hypervirulent spécifique au nouveau-né, le clone CC17, est responsable à lui seul de près de 80% des cas de méningites et de la quasitotalité des infections tardives qui surviennent au-delà d’une semaine de vie et majoritairement entre trois semaines et deux mois. La voie d’invasion et les facteurs impliqués dans la physiopathologie de l’infection à SGB CC17 sont encore mal connus.
Dans ces travaux publiés au sein de la revue eLIFE, c’est l’impact des hormones maternelles que sont l’estradiol (E2) et la progestérone (P4) qui imprègnent le fœtus tout au long de la grossesse et les premiers mois de la vie du nouveau-né qui a été étudié. Grâce à des approches expérimentales multiples reproduisant l’infection néonatale humaine, les chercheurs ont montré dans un modèle murin que les concentrations élevées d’estradiol (E2) et de progestérone (P4) retrouvées au-delà de 7 jours après la naissance favorisaient spécifiquement la sévérité de la méningite à SGB CC17 après une infection orale. Ces travaux démontrent que le SGB CC17 franchit la barrière intestinale via les cellules M (cellules épithéliales spécialisées permettant le passage des bactéries ou d’antigènes) dans un processus dépendant de la protéine de surface Srr2 spécifique du clone hypervirulent CC17.
Enfin, ils montrent que les concentrations d’estradiol (E2) et de progestérone (P4) retrouvées chez le nouveau-né au-delà de 7 jours de vie favorisent la différenciation des cellules M et le franchissement de la barrière intestinale par ce streptocoque, ce qui apporte pour la première fois une explication à la susceptibilité très particulière des nouveau-nés vis à vis de cette bactérie.
Ces résultats constituent une avancée majeure dans la compréhension de la physiopathologie des infections néonatales tardives à streptocoque du groupe B et ouvrent la voie aux recherches futures portant sur la physiopathologie des infections néonatales dues à d’autres pathogènes.
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