Soucieuse d’inciter ses étudiants à pratiquer une activité physique régulière, l’université Paris Cité a conçu un programme personnalisé et adapté aux plus fragiles.

Le service universitaire des activités physiques et sportives (SUAPS) de l’université Paris Cité propose aux étudiantes et étudiants des formations qualifiantes grâce à une UE Sport intégrée à leurs cursus. Ils ont également accès, ainsi que les personnels de l’université, à des formations personnelles permettant la pratique libre d’un ou plusieurs sports.

© Université Paris Cité

Mens sana in corpore sano (« un esprit sain dans un corps sain »). Pour promouvoir les bienfaits de l’activité physique auprès de ses étudiants, l’université Paris Cité a créé, il y a deux ans, le dispositif Bouge ta santé. « Ce programme est une mise en application de la loi Fourneyron de 2016, dite aussi “sport sur ordonnance”, qui a officialisé la prescription de l’activité physique adaptée pour certaines pathologies », précise Pauline Maillot, maîtresse de conférences à l’université Paris Cité et directrice adjointe à la recherche de l’UFR STAPS. Fruit d’une collaboration originale entre cette UFR, le SSE (service de santé étudiante) et le SUAPS (service universitaire des activités physiques et sportives), le programme accorde ainsi une attention particulière aux étudiants les plus fragiles.

Une thérapie non médicamenteuse

« Initialement destiné aux personnes en souffrance psychique ou atteintes d’obésité, le premier axe de Bouge ta santé consiste en un accompagnement thérapeutique par le biais de l’activité physique adaptée (APA)», détaille Romain Verdon, chargé de mission au service de santé étudiante à l’université Paris Cité et chef de projet du dispositif Bouge ta santé. En pratique, les étudiants touchés par ces pathologies sont identifiés par les différents professionnels du SSE et adressés au médecin coordonnateur sport-santé de l’université, Omar Bekari.
Celui-ci les reçoit et rédige la prescription d’activité physique « en spécifiant les limitations fonctionnelles et les contre-indications éventuelles, qui sont heureusement rares », précise-t-il. L’étudiant est ensuite dirigé vers les enseignants d’APA formés au STAPS, qui dressent un bilan global physique et psychologique avant de lui proposer un plan individualisé de vingt-quatre séances au total, à raison de deux fois par semaine, soit trois mois d’activité.
« C’est véritablement du cousu main à visée thérapeutique », souligne Romain Verdon. Son objectif : assurer un suivi et un accompagnement permanent pour motiver l’étudiant à aller au bout.

FORMER LES FUTURS MÉDECINS À L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ADAPTÉE

Véritable pionnière en matière de sport-santé, l’université Paris Cité met en place un enseignement obligatoire inédit en France pour former les 950 étudiants en sixième année de médecine à la prescription de l’activité adaptée. « Grâce à un partenariat unique avec l’UFR STAPS, les futurs médecins peuvent bénéficier de notre expertise en matière de sport-santé », se félicite Damien Vitiello, directeur de l’UFR STAPS.
Pragmatique, ce module de cinq heures vise à montrer aux étudiants comment déclencher l’adoption d’une activité physique régulière chez leurs futurs patients, par le biais d’une mise en situation. « Parce qu’on ne prescrit bien que ce que l’on connaît soi-même », souligne Philippe Decq, neurochirurgien et coordonnateur du dispositif. Par groupes de soixante, les étudiants se mettent dans la peau de leurs futurs patients et autoévaluent leur condition physique sur quatre critères : l’endurance cardiorespiratoire, la force, la souplesse et l’équilibre. Dans la foulée, ils sont pris en charge par des enseignants de l’activité physique adaptée (APA), qui leur font pratiquer différentes activités : exercices de souplesse, d’endurance, marche nordique… Un bon moyen d’inciter ces médecins en herbe à bouger et à ajuster leurs prescriptions.

Un cercle vertueux

Pour les quatre-vingts étudiants qui ont profité du programme en 2023, Bouge ta santé a été une expérience concluante. « Au-delà des bénéfices immédiats, ce dispositif les remet dans une dynamique positive qui rompt l’isolement et leur redonne confiance », se félicite le docteur Bekari. Fort de ce succès, le programme a déjà commencé à s’élargir : il prend désormais en compte d’autres pathologies chroniques et devrait sous peu permettre d’accompagner les étudiantes souffrant d’endométriose.
Une fois le plan d’accompagnement thérapeutique achevé, les étudiants peuvent rejoindre le second axe du dispositif: un programme de remise en forme sur le long terme. Également ouvert à tous les étudiants sans pathologie particulière, ce volet vise à combattre la sédentarité en les incitant à pratiquer régulièrement l’un des sports proposés sur le campus.
Afin de sensibiliser encore plus largement le public estudiantin à l’importance de l’activité physique et de la lutte contre la sédentarité, l’université Paris Cité vient de compléter son programme
Bouge ta santé avec la Caravane sport santé, un dispositif itinérant sur les différents campus. Mise en place en décembre 2023, la Caravane sport-santé a déjà permis d’encourager plus de 550 étudiants à se tourner vers la pratique régulière d’une activité physique. Ultime étape prévue: la labellisation de ces deux dispositifs à travers la création d’une Maison sport-santé.

UNE PRESCRIPTION MÉDICALE SPÉCIFIQUE

La Haute Autorité de santé (HAS) a publié un guide pour encadrer la prescription des pratiques physiques en les distinguant bien des actes de rééducation réalisés par des professionnels (kinésithérapeutes, ergothérapeutes…). Elle propose en outre, pour chaque pathologie, des référentiels rédigés par des experts, avec les recommandations d’activité physique adaptée et les éventuelles précautions à prendre. Obésité, diabète, cancer, troubles cardiovasculaires ou ostéoarticulaires… La liste est longue.
À terme, la HAS ambitionne d’élargir ces référentiels aux jeunes et aux adolescents pour cibler réellement tous les âges de la vie. « Cet outil complet a été conçu pour inciter les médecins à prescrire ces soins non médicamenteux, souligne Marie-Martine Lefèvre-Colau, médecin de médecine physique et réadaptation à l’hôpital Cochin, maîtresse de conférences à l’université Paris Cité et experte auprès de la HAS. Mais un frein demeure : l’activité physique n’est toujours pas remboursée par la Sécurité sociale. »

« J’étais venue avec la volonté de perdre du poids, mais j’ai finalement obtenu des bénéfices plus importants :
moins de douleurs, moins de difficultés à monter les escaliers et je me sens globalement de meilleure humeur. »

Nadia, 20 ans, étudiante en sciences humaines et sociales, engagée dans le dispositif Bouge ta santé.

Cet article est publié dans le supplément Pour la Science – La science dans les starting-blocks réalisé en partenariat avec l’université Paris Cité.

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